Johnny a treize ans. Depuis un an, sa sœur jumelle a disparu. Son père est ensuite parti et n’a jamais donné signe de vie, tandis que sa mère est tombée sous la coupe du riche, puissant et respecté Ken Holloway qui n’est en fait qu’un salaud qui l’a fait basculer dans la drogue et l’alcoolisme, et la frappe. Malgré l’incurie de la police locale, Johnny n’a pas renoncé : il continue à chercher des traces de sa sœur, avec son pote Jack, fils de flic. Il visite les voisins, surveille les hommes suspectés de pédophilie.
Pourtant, la police n’a pas baissé les bras, bien au contraire. Depuis un an, l’inspecteur Hunt est obnubilé par cette histoire, au point que sa femme l’a quitté et que sa relation avec son fils unique tourne au vinaigre. Il faut dire qu’il est très sensible au charme de Katherine Merrimon, la mère de Johnny. Bientôt, l’enquête prend un tour nouveau car une autre jeune fille disparait et Johnny est témoin d’un accident de la route dont la victime, avant d’expirer, lui affirme « je l’ai trouvée« .
Une petite ville des États-Unis, des enfants qui disparaissent, un jeune garçon qui mène sa propre enquête… il ne me faut rien de plus pour croire avoir trouvé un roman aussi captivant que Seul le silence. Il me faudra pourtant bien reconnaître un jour que celui-ci est exceptionnel et qu’il ne s’en écrit pas tous les jours. Peut-être alors pourrai-je apprécier ce genre de romans sans les mesurer à l’aune du petit bijou de Roger Jon Ellory… Car ce suspens psychologique de John Hart n’est pas mal construit même si la fin m’a surprise car elle est de moindre envergure que ce que l’auteur nous fait imaginer (ça n’est pas décevant, juste étonnant).
Je pense que ce roman perd en force à cause de l’éparpillement des points de vue : Johnny, l’inspecteur Hunt, Levi Freemantle (le géant local un peu allumé), Jack… L’auteur aurait, me semble-t-il, gagné en tension dramatique en ne gardant que le point de vue de l’enfant. C’est un petit gars brisé par le chagrin, qui a perdu la moitié de lui-même en perdant sa sœur et qui est déterminé à la retrouver, même si les adultes ont baissé les bras. Et là, j’émettrais une autre réserve : j’ai du mal à croire aux coïncidences et globalement à la chance de ce petit garçon dans son enquête. Sans vouloir en révéler trop, je me demande comment il est possible qu’à lui tout seul, il démasque un pédophile dangereux (je rassure les futurs lecteurs, ça ne résout en rien l’énigme) : que fait la police ? Ben elle enquête pourtant, comme nous le montre le personnage de l’inspecteur qui ruine sa vie et sa santé au travail. Et que la victime de l’accident de moto qui prétend avoir trouvé une petite fille tombe justement aux pieds de Johnny, j’ai du mal à y croire aussi… Je trouve ce genre de facilités presque indigne. Que dans un roman jeunesse, le jeune héros soit plus malin que la police passe encore, mais là… Je n’adhère pas à ce genre de procédés éculés jusqu’à la corde.
Ce qui est plus qu’appréciable cependant, c’est que l’auteur ne profite pas du thème archi-rebattu de la disparition d’un enfant pour nous imposer un livre glauque aux descriptions insupportables. On suit vraiment l’évolution parallèle des deux enquêtes, celle du flic et celle de l’enfant, la tension s’installe et on en vient à soupçonner tout le monde. Le personnage de l’inspecteur est intéressant, quoique assez classique par certains points, en particulier son auto-destruction par le travail et ses rapports houleux avec sa hiérarchie. Sa femme l’a quitté, il est en délicatesse avec son fils qui tourne délinquant et s’il ne boit pas encore, ça ne va pas tarder.
Alors oui, c’est bien fait, mais ça n’en fait pas à mes yeux un grand suspens psychologique (qui se doit de n’être ni bien fait ni bien ficelé, mais bien écrit…). Il parait que ce sera un des polars de l’été… peut-être…moi, il me reste Vendetta à lire, avant la parution en octobre du troisième roman traduit de Ellory, Les anonymes (je tourne à l’obsession !).
L’enfant perdu
John Hart traduit de l’américain par Sabine Boulongne
Jean-Claude Lattès, 2010
ISBN : 978-2-7096-3416-8 – 498 pages – 22 €
The Last Child, parution aux Etats-Unis : 2009
Bonjour,
Je suis certain que tu ne t’ennuieras pas avec Vendetta …
Moi aussi, j’attends le 3e ouvrage de Ellory avec impatience !!!
Au plaisir de lire
Amitiés
Ce Ellory, quel bonheur, mais pourquoi ne nous l’a-ton pas traduit avant !?
Bonjour Ys !
« l’enfant perdu » est sur ma pile suite à un commentaire élogieux lu sur la toile qui citait Ellory et Flynn en parlant du livre de Hart. Bon, après t’avoir lue, l’excitation retombe un peu mais ce n’est pas plus mal (plus on attend d’un livre plus on risque d’être déçue n’est-ce pas ?). A ce propos, grosse grosse pression sur les Anonymes… 😉
Définitivement, ce John Hart ne joue pas dans la cour de Sonatine !
Comme quoi, il na faut pas céder aux sirènes de la publicité et de la communication, sinon, punie tu es !
Ben oui, je me laisse toujours avoir, à croire que rien ne me sert de leçon 😦
Ben alors, je note la sortie future des « Anonymes »… De Ellory, j’avais noté « The anniversary man » en anglais, le titre ne laisse pas supposer que c’est le même ? Je m’interroge !
Ça n’a pas l’air d’être le même, The Anniversary Man cause d’un Costello, pas Les anonymes.
Un billet plein de suspense, pour une chute aussi étonnante qu’intéressante : « L’enfant perdu » attendra, mais je note la sortie d' »Anonymes ».
C’est ce qu’il y a de mieux à faire !
Ah, dommage, le thème me tentait beaucoup et j’avais aussi fait le rapprochement avec Ellory… mais bon, on verra, alors… peut-être quand il sortira en poche!
Il y aura certainement d’autres billets, j’espère que d’autres lecteurs lui auront trouvé plus de charme que moi…
j’ai dans ma LAL Seul silence à lire et cet avis me conforte
Il faut le lire alors, c’est un superbe roman !
Un livre commercial, écrit selon les bonnes vieilles recettes, qui surfe sur la vague de l’été… Bof, je ne suis pas preneuse.
Moi non plus en fait 🙂
Je me serais faite avoir si tu n’étais pas tombée dans le piège avant moi 😉
Hein hein… j’ai pas fait exprès, je m’en serais bien passé…
J’attends avec impatience le nouvel Ellory même si j’ai moins aimé Vendetta que Seul le silence
Je tente Vendetta cet été, on verra bien.
Ouf, un avis mitigé, alors que je voyais déjà ma PAL frémir en lisant la présentation ! J’aurai craqué aussi, ouf :)))
Et si je jure qu’on ne m’y prendra plus, je suis crédible ?
Il peut être bien à lire comme ça en effet. Mais bon je vais faire un cadeau à mes lal et pal 😉 surtout que je reviens du salon du livre à Vannes alors pfff la pal à encore augmenter….. ;-)))))
Ah la la, que de tentations dans les salons du livres et autres festivals : malgré des LAL surnuméraires, impossible de résister !
Ah l’attrait de la nouveauté je connais ça mais celui-ci ne me tente pas, ouf!
la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste, la prochaine fois je résiste…
En fait ce que je retiendrai surtout de ton billet c’est qu’il faut lire Ellory ^^
C’est l’essentiel 🙂
Ok, je ne note pas mais tu me rappelles que j’ai « Seul le silence » dans ma PAL… Mais qu’est-ce que j’attends pour le lire moi ?? 😀
Veux-tu que je t’envoie un mail par jour jusqu’à ce que tu te décides ? 🙂
Ahhh la comm, la comm !!! Je tombe toujours dedans… Mais heureusement parfois, on tombe mieux que ça ! 🙂
Finalement, je crois que le bouche à oreille vaut mieux… et la blogo, bien sûr.
Pas trop tentée par celui-ci…
Par contre, j’ai moi aussi Vendetta dans ma pile ! S’il est aussi génial que son précédent titre… 🙂
J’y crois !
J’ai noté !
A éviter donc !
Tu as raison, attention à l’obsession….
C’est de la bonne celle-là, je le sens !
J’adhère totalement à ton article et je me suis permis de te citer dans le mien.
Tu as une belle plume, ce que je ne peux pas vraiment dire de ce John Hart 😉
Tiens tiens… Seul le silence. A découvrir, donc.
Seu le silence est un livre formidable, et je viens juste de lire Vendetta du même auteur, très très réussi aussi. Je donne cent John Hart pour un Roger Jon Ellory !
Oui John Hart rappelle un peu Ellory, je n’ai pas été autant déçu par la fin que toi, j’ai vraiment été passionné par ce livre.
J’ai lu le roman en anglais comme tous les derniers Ellory, je te conseille vivement Les Anonymes.
Je l’ai lu et je l’ai aimé, comme tous les livres d’Ellory !