Perrault a écrit au XVIIe siècle la version édulcorée des contes populaires dont les frères Grimm nous ont donné un aperçu plus réaliste un bon siècle plus tard. Avec Brigitte Aubert, c’est une version terrifiante et sanglante que l’on découvre, parfois à la limite du supportable.
Les mots d’ordre semblent être massacre, sexe et perversion. C’est le Petit Poucet qui ouvre le bal, alors que suivant son bûcheron de père dans la forêt, il parvient à échapper à l’extermination de ses frères, puis à rejoindre sa masure le temps d’assassiner sa mère et de prendre avec lui son demi-frère simple d’esprit. Il se retrouve chez l’ogre Ernst dont la femme, pour sauver les deux filles qui lui restent encore, est prête à sacrifier Sept et Un (le Petit Poucet et son grand-frère). Sept (et le lecteur) assiste alors à une scène de tabassage très violente et à une scène de viol d’enfant des plus sordides. Et ce n’est que le début…
C’est cadavres sur cadavres, les scènes de torture succédant aux tueries. On croise bien quelques princesses, mais dans un sale état : Belle est droguée, Blanche, la fille du plus grand sadique que conte ait jamais inventé, fuit une belle-mère qui n’a rien à envier à son mari, et l’Infante (Peau d’Ane), se cache de son père libidineux qui l’a mise dans son lit depuis son plus jeune âge. C’est absolument sordide.
Alors oui, j’ai pu écrire ici ou là que j’appréciais les versions terrifiantes des contes, mais là, je trouve ça juste écoeurant.
C’est l’accumulation de scènes vraiment très malsaines qui me dérange. Je trouve que Brigitte Aubert en fait trop et à vouloir trop pointer du doigt la face cachée des contes elle finit par écoeurer le lecteur. J’ai lu plus d’un livre gore mais là, j’ai trouvé ma limite.
Brigitte Aubert sur Tête de lecture
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Le souffle de l’ogre, Brigitte Aubert, Fayard Noir, mars 2010, 297 pages, 17,90€
En effet, les deux trois livres d’elle que j’ai tenté tombent vite dans un tel excès qu’ils en deviennent ridicules ou pire insupportables