Vertige de Franck Thilliez

Franck ThilliezJ’ai vérifié : Franck Thilliez est bien auteur de thrillers, ces romans qu’on lit pour avoir peur, pour être tenu en haleine. Avec Vertige, c’est raté. Abandon après deux cents pages, j’ai persévéré pensant que j’allais trouver un intérêt à cette histoire mais ils peuvent bien tous mourir dans cette grotte, s’entre-dévorer au besoin : je m’en fiche.

Jonathan, la cinquantaine, et son chien-loup se réveillent au fond d’une grotte, vaste puits sombre. Il est enchaîné par un bras. De même que Farid, jeune Beur des cités. Michel lui n’est pas attaché mais porte un masque de fer sur le visage susceptible d’exploser s’il s’éloigne trop de ses camarades.

L’intrigue de Franck Thilliez tourne donc autour de deux axes : vont-ils survivre et qui leur a fait ça et pourquoi ? Aucun des deux n’a retenu mon attention. Le premier défaut flagrant réside en la superficialité des dialogues, qui ne sont pas naturels mais plaqués sur la situation. Ensuite les rapports entre les protagonistes me semblent tout aussi travaillés, sans crédibilité ni spontanéité. Il n’y a pas d’évolution dans ces personnages qui m’ont semblé caricaturaux d’un bout à l’autre (en tout cas jusqu’à la page 208…). Enfin, tous les passages obligés de ce genre de huis clos se suivent au pas cadencé (rivalités, soif, faim, hallucinations…) sans rien apporter de vraiment prenant.

Par bribes, Jonathan pense à son passé d’alpiniste, à sa femme Françoise, à son ami et quasi frère Max, avec lequel il a vaincu bien des montagnes. Le Max en question est mort. Enfin parait-il… parce que si ce n’est pas lui qui a fait le coup, je mange mon clavier et lis le livre jusqu’au bout… terrible calvaire d’avoir à se coltiner des phrases du genre :

C’est lui qui, pour la première fois de ma vie, m’a fait comprendre qu’atteindre le sommet d’une montagne est bien moins importante que la façon d’y parvenir.

Sentencieux ce Franck Thilliez, et philosophe avec ça…

Franck Thilliez a aujourd’hui quarante ans.
 
Vertige

Franck Thilliez
Pocket, 2012
ISBN : 978-2-266-23322-4  – 344 pages – 7.60 €

40 Comments

  1. Ah ben merci, voilà qui me rassure! Je pensais être la seule à ne pas avoir aimé ce roman. Je l’ai terminé, mais je n’ai rien trouvé de plus là-dedans que toi. C’est tellement prévisible, si peu nerveux, une sorte de « Saw » ressucé sans la saveur. Sans aucune saveur. Et pour que je dise un truc pareil d’un livre, il faut vraiment qu’il m’ait énervée… Pour tout dire, j’ai quasiment oublié tout le livre, je ne me souviens plus que de la situation de départ et de l’agacement provoqué par la lecture. Bref; Thilliez, pas pour moi.

    1. Bon alors tu ne vas pas pouvoir résoudre ce suspens intenable : Max a-t-il fait le coup ? Dois-je manger mon clavier ? Ceci dit, je m’attendais à mieux. J’avais emprunté Gataca qui a beaucoup plu à mon mari, du coup j’ai acheté celui-là parce que les histoires des huis clos en grotte ça me parle. Sauf que pas là… j’aurais peut-être du lire Gataca dont le pitch n’est pas inintéressant…

  2. J’avais lu La mémoire fantôme de cet auteur par curiosité, mais il ne m’a pas vraiment convaincu comme auteur à relire d’urgence. C’est un auteur de polars français assez classique finalement parmi ses contemporains.

    1. Comme dans le genre je lis plutôt des anglosaxons ou des hispanophones, j’avais envie de me faire une idée sur les Français : l’expérience n’est pas convaincante…

  3. si je devais manger mon clavier , je commencerai par la lettre « e » qui se colle toujours au début du mot qui suit celui où je devrais la mettre.. et ensuite la lettre « s » qui a les mêmes fâcheuses tendances .
    Et ça donnerait ceci
    m-rci -andrine- pour c- bill-t qui p-rm-t aux blogu-u— d- — conc-ntr-r -ur d-s livr– qui val-nt vraim-nt l- coup!
    Luocin-

    Quand je pense que Perec a réussi à écrire tout un roman sans la lettre « e » !!!

  4. Un petit jeune honoré par Dame Sandrine ! Un abandon comme cadeau : flûte alors ! J’ai tiré le bon numéro le concernant avec La mémoire fantôme que je te conseille (et Fractures, aussi : que des titres super gais !). Bonne soirée, Sandrine.

  5. Et si on enlève les e du clavier, ça passe pas non plus, j’imagine. En tout cas, la citation est édifiante, Parfaite pour un dictionnaire à la Flaubert, un truc comme « Sommet d’une montagne : l’atteindre est bien moins important que la façon d’y parvenir ». Je me gausse, alors que le seul sommet que je sois capable de gravir est le haut de mon étagère de bouquins … :))mais ceci étant une autre histoire, bonne soirée Sandrine !

    1. Quand je lis ce genre de phrases dans un bouquin, je me demande toujours si l’auteur pense être seul au monde, comme s’il n’y avait rien avant et qu’il venait d’inventer l’eau chaude… mieux vaut en rire sinon il y e de quoi se lamenter…

  6. Enfin, je ne me sens pas seule à larguer les derniers Thilliez, auteur que j’appréciais à ses débuts… Pour la 3 éme fois je me suis essayée à L’anneau de Moebius qui me tombe des mains au bout de 70 pages. Too much, le paranormal, la psychologie torturée and so on…

    1. Merci Brigitte pour ce commentaire. Je crois que je vais aller les chercher les fans de Thilliez parce que moi qui croyais qu’on allait me tomber sur le poil avec ce billet, je suis déçue 🙂 Il n’y a donc personne pour l’apprécier ? A qui vend-il donc tous ses livres ? A sa famille ?

  7. Je n’aime pas Franck Thilliez ! Les deux romans que j’ai lus de lui m’ont prodigieusement agacée : intrigue prévisible et racoleuse, dialogues peu réalistes, personnages « cliché »… Je trouve son oeuvre très prétentieuse !

  8. Un auteur qui ne m’a jamais attirée mais si j’avais du en choisir un, ce n’est pas celui-ci que j’aurais choisi. A part Huis clos de Sartre, je ne suis pas fan du procédé, et encore moins dans les thrillers. Et dans une grotte ? Non merci !

  9. Bonjour Ys, j’ai eu l’occasion, il y a 2 semaines, d’assister à une soirée avec Franck Thilliez organisée par la Fac à Paris pour la sortie de Puzzle. C’était sympa, F Thilliez est un des chouchous de l’enseigne, (c’était d’ailleurs son anniversaire, ce soir là, la Fac lui a offert une caisse de bouteilles de vin). Les 30 personnes qui avaient été invitées sont toutes fans de Thilliez sauf moi qui je n’avais rien lu de l’auteur. Depuis, j’ai fait un effort, j’ai lu Puzzle : mouarf, bof. Pas très bien écrit, et je me suis perdue dans l’intrigue très tirée par les cheveux. M. Thilliez se documente pas mal sur des divers sujets (c’est ce qu’il nous a dit), il digère les infos et les réinjecte dans ses romans. J’ai encore Atomka dans ma PAL. Je ne sais pas si j’en lirais d’autres. Bonne journée.

  10. Eh bien je vois qu’il n’y a personne ici qui aime Thilliez !! Une chose est sûre : Vertige n’est pas son meilleur. Mon mari qui les as tous lu, m’a dit que Puzzle n’était pas bon du tout. J’en ai lu beaucoup et si ses polars ne sont pas des chefs d’oeuvres, ils ont le mérite d’être effectivement bien documentés et tout simplement bien foutu car ça marche à chaque fois (ou presque).
    Malheureusement, Thilliez fait partie de ces auteurs qui ont un succès mérité et qui écrive de plus en plus et souvent de moins en moins bien… Pour ma part j’ai lu assez de Thilliez dans ma vie pour me dire que désormais je ne me jetterai plus sur ses dernières parutions, mais je trouve quand même dommage qu’ici tout le monde aille dans le même sens car il a quand même fait des bons, voire très bons polars.

    1. Je suis d’accord avec toi, moi, j’attendais même que la grande majorité le défende, vu le nombre de livres qu’il vend, et voilà qu’il n’y a guère de mon qui l’apprécie finalement. Ou alors plutôt que les gens qui fréquentent mon blog ne l’apprécient pas en majorité…

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