Le roman de Louise d’Henri Gougaud

Le roman de Louise

Henri Gougaud est un conteur hors pair, qu’on prend plaisir à écouter nous raconter des histoires tant sa verve et son goût des mots sont communicatifs. Avec Le roman de Louise, il s’empare du destin ô combien romanesque de celle qu’on appelait la Vierge rouge, Louise Michel.

Cette biographie romancée suit le fil chronologique de la vie d’une bâtarde de province éprise de justice sociale. Sa mère dont elle sera très proche toute sa vie lui cache d’emblée l’identité de son père : le fils du châtelain local lui dit-elle. Ce n’est que plus tard qu’elle comprend que le fils en question est son frère et qu’elle est la fille du châtelain lui-même, ce grand-père qu’elle admire et qui l’abrite. Elle connait donc d’abord la bonté et la chaleur d’une famille et éprouve de la compassion pour les pauvres et les souffrants. Elle décide de devenir institutrice tant elle est certaine que l’ignorance est mère de tous les maux.

Louise Michel monte à Paris avec sa mère, y enseigne avec plaisir, se fait quelques amis et se persuade que seule la révolution peut changer la société. Elle déteste Napoléon III et le Second Empire qui prend fin avec la guerre de 1870. Mais la IIIe République naît dans le sang de la Commune qui vaudra à Louise Michel d’être déportée en Nouvelle-Calédonie pendant huit ans.

Les avis ne manquent pas pour tenter de cerner cette femme atypique. « Ecrivain, femelle et barbare » dit-elle d’elle-même, elle est pour beaucoup « la surhumaine, la majeure, la madone des pauvres gens ».  Pourtant, on la dira aussi « intransigeante, raide et dure comme un os, sèche comme un mère abbesse ». Et de fait, Louise n’est pas aimable.  On l’admire pour ses engagements, pour sa rigueur morale. Jamais elle ne transige avec ses convictions. En Nouvelle-Calédonie, elle est du côté des Canaques opprimés et asservis ; de retour en France, elle est à plusieurs reprises emprisonnée car elle lutte encore et toujours pour plus de justice sociale.

Victor Hugo ira jusqu’à lui dédier un poème, mais on comprend qu’elle ait pu lasser voire irriter ses contemporains. Elle n’est pas glamour Louise et son seul amour terminera sa vie avant d’être fusillé en lui écrivant ces mots : « … je me sentirais ingrat si je ne vous disais l’estime que m’inspire votre bon cœur. Adieu, ma chère citoyenne. Votre tout dévoué Théophile Ferré, à l’ultime instant de sa  vie, vous serre fraternellement la main ». Lui non plus ne faisait pas dans le sentiment. C’est qu’ils sont l’un et l’autre tout entiers à leur engagement, des êtres de conviction comme on n’en rencontre peu. Sans aspérité et pourtant rugueux au contact.

Ce qu’Henri Gougaud souligne dans Le roman de Louise, c’est l’engagement, le jusqu’au-boutisme et surtout la liberté de cette femme qui jamais ne se soucia de ce qu’on pouvait penser d’elle.

 

Le roman de Louise

Henri Gougaud
Albin Michel, 2014
ISBN : 978-2-226-25803-8 – 248 pages – 19 €

 

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17 Comments

  1. Je l’ai offert la semaine dernière, j’aurais aimé pouvoir le lire avant ! Sur le même sujet, j’avais adoré le « Georges et Louise » de Michel Ragon.

    1. Il n’est pas beaucoup question de liens entre Louise Michel et Clémenceau dans ce roman, beaucoup plus de sa correspondance (commencée très tôt) et de ses affinités avec Victor Hugo.

    1. Ce qu’il y a de bien avec ce genre de biographie romancée, ou avec les bons romans historiques, c’est qu’on apprend beaucoup de choses sans effort et même avec grand plaisir : on sort plus instruit à la fin et on a aimé « apprendre »…

  2. Louise Michel est partie pour un Grand Voyage le 9 Janvier 1905 à Marseille .la Commémoration a produit la réédition de nombreux ouvrages, des biographies et surtout des recherches d’archives organisées par le CRDP de Marseille Une Amie m’a communiqué de lire Henri G.
    Louise Michel n’est pas oubliée !
    deux mille Établissements scolaires portent sont nom !
    La Vie continue ! Salut amical à vous Henri et à vos lecteurs Lectrices .

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