Le jardin des secrets de Kate Morton

Le jardin des secretsEnfant abandonnée, révélations, secrets de famille, quête identitaire et mystérieuse conteuse : il y tout ça dans Le jardin des secrets de Kate Morton, un vrai roman de plaisir et d’été. De ceux qu’on pose avec peine tant l’ambiance et les divers fils narratifs, savamment tissés, happent le lecteur. Qui ne devra cependant pas s’endormir sous le soleil estival car l’intrigue est complexe, tout en allers-retours d’une époque à une autre.

Jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans, Nell, la fille aînée de Hugh et Lil, faisait la joie de la famille. Mais voilà qu’en ce jour anniversaire, Hugh éprouve le besoin de révéler à la jeune fille ce qu’il a jusqu’alors gardé caché : Nell n’est pas leur fille, elles n’est pas née en Australie, lui-même l’a trouvée sur le port après l’arrivée d’un navire anglais. Elle avait environ quatre ans, elle était seule et ne pouvait dire son nom. Après cette révélation, Nell ne sera plus jamais la même. Ce n’est pourtant que de très nombreuses années plus tard qu’elle effectue le voyage jusqu’en Cornouailles alors qu’elle vient de récupérer la petite valise qui l’accompagnait lors de sa traversée.

Il aurait certainement été ennuyeux de nous dérouler la vie de Nell, voire même sa seule quête vers ses origines. Kate Morton dédouble le récit en donnant à Nell une petite-fille, Cassandra qui elle aussi partira à la découverte de ses ancêtres en héritant de la maison de sa grand-mère. 2005 pour Cassandra, 1975 pour Nell âgée, mais aussi le récit de l’enfance d’Eliza en 1900 à Londres, puis son arrivée au château de lord et lady Mountrachet et de leur fille, la fragile Rose. C’est qu’Eliza est la fille illégitime de Giorgiana Mountrachet qui s’est enfuie avec un marin, laissant ses parents, et surtout son frère le difforme Linus, dans l’affliction. A la mort de Giorgiana, lord Linus récupère sa nièce au grand dam de sa femme Adeline, une parvenue qui n’a de cesse de prouver qu’elle est désormais une lady. Cette Eliza rien-du-tout ne peut qu’avoir une mauvaise influence sur sa chère Rose, de si faible constitution. Au contraire pourtant, la pétillante Eliza redonne vie à sa cousine : les deux jeunes filles deviennent inséparables.

Et le lecteur de se demander qui est Nell dans tout ça ? En suivant les deux enquêtes, celle de 1975 et celle de 2005, il tisse les liens qui lient tous ces personnages autour d’Eliza, la Conteuse enfermée dans son cottage au bord de la falaise.

Saga familiale sur un siècle, Le jardin des secrets ne manque ni d’ampleur ni de souffle. Quelques longueurs parfois, mais il ne s’agit pas là d’un thriller haletant mais bien d’une quête des origines. Sujet cher à tout Australien qui un jour se demande d’où il vient et pourquoi ses ancêtres ont jadis quitté l’Europe.

Enfance londonienne misérable, aristocrates en fin de course, cottage battu par les vents, désirs contrariés et amours absolues : autant d’ingrédients pour un bon roman qui emporte le lecteur grâce au dynamisme de sa narration.

 

Le jardin des secrets

Kate Morton traduite de l’anglais par Hélène Collon
Presses de la Cité, 2009
ISBN : 978-2-258-07266-4 – 510 pages – 22 €

The Forgotten Garden, parution en Australie : 2008

 

32 Comments

  1. j’aime beaucoup l’écriture de Kate Morton qui parvient toujours à nous transporter dans un secret ou un autre. J’ai apprécié celui-ci mais aussi Les Heures lointaines, sans doute mon préféé

    1. Je me rappelle avoir noté ce roman il y a longtemps : j’étais en voiture, je partais en vacances et j’écoutais le podcast d’une émission de France Culture qui n’existe plus (je crois que le titre était « Jeux d’épreuves », c’était présenté par Joseph Macé-Scaron). Le critique s’enthousiasmait pour Kate Morton, ce que je trouvais étrange car les romans des Presses de la Cité sont quand même rarement ovationnés par cette station. J’ai enfin concrétisé et j’en suis ravie, il n’est d’ailleurs pas exclu que je poursuivre avec cette auteur.

      1. Je ne crois pas trop à cette objectivité. Le reste de mes illusions avec France Culture s’est évanoui à la lecture du dernier Bégaudeau. Mais je crois les critiques plus enclins à nous vanter du POL ou du Minuit que du Presses de la Cité : quand il le font, c’est à noter, je crois…

      2. Tu as raison, en fait, après tout l’objectivité est bien difficile, et oui, on est bien bien énervé par contre par plutôt une forme de clientélisme et de pseudo élitisme. Absolument d’accord avec toi, POL et éditions de minuit…Bégaudeau et puis Mauvignier…Je ne sais pas toi, moi ils m’ennuient profondément…
        Mais j’aime quand même bien France Culture depuis que je n’écoute plus France Inter, pas que les émissions littéraires, le reste, même s’ils me mettent en rogne souvent !

    1. Les miennes aussi, mais il se glisse toujours des trucs subrepticement, qui ont en plus le don de passer avant tout le monde. Des envies pressantes, ça s’appelle…

    1. C’était pareil pour moi, j’ai remis sans cesse l’affaire mais je suis aujourd’hui ravie d’avoir enfin concrétisé.

  2. Aah roman australien, saga familiale, ouiouioui, ça pourrait bien me plaire ça. Effectivement idéal en lecture estivale, mais arriverais-je à le caser ? Noté en tout cas.

  3. Il me le faut ! ( comment cela j’ai trois piles de livres dans chaque pièce de la maison ? ). Pas grave, je crois qu’il reste une petite place dans la salle de bain, et je vais équiper les toilettes d’une étagère, de toute façon, c’était prévu, alors …

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