Je sens grandir ma peur de Iain Reid

Je sens grandir ma peur

« Vous devriez le lire. Mais commencez par la fin, et revenez en arrière. Et tout d’abord, vous feriez bien de vous asseoir« . Ainsi s’achève Je sens grandir ma peur et si je me permets de commencer mon billet par la dernière phrase du roman, c’est en clin d’oeil à l’auteur qui lui-même nous le suggère. Il est en effet évident qu’en achevant cette lecture on s’interroge : mais que s’est-il donc passé ?

Tout commence calmement : la narratrice est en voiture avec son petit ami, elle va pour la première fois rencontrer ses parents à lui. On sait cependant qu’elle a des doutes sur leur relation, qu’elle n’est pas certaine de vouloir la prolonger. Elle semble pourtant attachée à Jake, mais elle s’interroge sur le couple, sur sa capacité et la nécessité de vivre avec cet homme. Jake n’est pas étranger à cette rumination. C’est un jeune homme très intelligent, différent et plutôt solitaire. Par ses questions, il pousse la jeune femme à réfléchir et à se remettre en cause.

Par ailleurs, elle est harcelée au téléphone. Un homme l’appelle et lui laisse des messages qui la terrorisent. Bizarrerie : le numéro de téléphone de cet inconnu qui l’appelle est le sien à elle. Elle n’a pas parlé de ses craintes à Jake et estime qu’il est désormais trop tard pour ce faire.

C’est au moment du dîner chez les parents de Jake que l’ambiance de Je sens grandir ma peur change. Ce vieux couple se conduit de façon très étrange et la maison elle-même est assez inquiétante. La suite nous le prouvera : il y a des choses qui clochent dans cette famille…

Alors libre à vous à la toute fin d’applaudir des deux mains ou de jeter le livre par la fenêtre : les deux me semblent envisageables. Ce qui est certain, c’est que l’auteur installe un suspens psychologique efficace qu’on lit d’une traite vu le nombre de pages. L’inquiétude s’installe lentement mais ensuite il est difficile de lâcher la narratrice. D’autant moins qu’intercalés entre la narration de la jeune femme, quelques très brefs chapitres en italique s’intéressent à un homme qu’on vient de retrouver suicidé. Le lien ? Vous le découvrirez à la fin et même à la toute fin car il me semble difficile d’y voir clair avant ça. Une fois refermé, vous chercherez un autre lecteur de Je sens grandir ma peur pour lui demander ce qu’il en a compris. Ah, j’aime ce genre de livre, j’en aurai des question à poser à l’auteur au cours du festival America !

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Je sens grandir ma peur

Iain Reid traduit de l’anglais par Valérie Malfoy
Presses de la Cité, 2018
ISBN : 978-2-258-14416-3 – 205 pages – 18 €

I’m Thinking of Ending Things, première parution : 2017

11 Comments

    1. La narratrice reçoit des coups de fil anonymes sur son téléphone portable et le numéro de l’appelant qui s’affiche est le sien… un brin inquiétant…

  1. C’est assez à la mode en ce moment, non, ce genre de suspense avec une femme jeune mariée ou du moins depuis peu en couple, et dans sa vie, tout commence à dérailler… Dans le genre, j’ai beaucoup aimé Dans les angles morts, d’Elizabeth Brundage, vraiment très bien fait !

  2. Aaah j’aime ce genre de livres qui suscitent ce genre de remarques : « libre à vous à la toute fin d’applaudir des deux mains ou de jeter le livre par la fenêtre : les deux me semblent envisageables ». Me voilà grandement intriguée maintenant. Je crois que je vais le classer dans mes urgences de lecture !

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