Quelque chose à te dire de Carole Fives

J’ai bien failli ne pas aller au bout de Quelque chose à te dire et j’aurais sans doute eu tort car tout est dans la fin. Ce qui signifie que toi lecteur qui passes ici, tu as deux solutions : soit entamer la lecture de ce roman sans en rien savoir, comme moi, et là tu risques de ne pas le terminer et tant pis pour toi ; soit lire cette chronique et en savoir un peu plus et tu le termineras peut-être. Ou peut-être pas.

Ne pas en dire trop sur un roman qui ne trouve son mince intérêt que dans sa chute n’est pas un art que je maîtrise à la perfection et auquel j’ai envie de me livrer. Tout simplement parce que je ne suis allée au bout de ma lecture de ce roman que grâce à sa brièveté. L’écriture et l’histoire m’ont agacée en raison de leur platitude.

Elsa est une jeune romancière peu sûre d’elle malgré quelques livres publiés. Elle admire Béatrice Blandy, grande romancière à la fois littéraire et à succès récemment décédée. Elle aime son écriture et sa personnalité car Béatrice est tout ce qu’elle n’est pas et qu’elle aimerait être. Et voilà que justement, le veuf de Béatrice Blandy lui écrit et souhaite la rencontrer. Ce grand bourgeois de quinze ans de plus qu’elle, cet intellectuel de Saint-Germain-des-Prés va même devenir son amant et l’installer chez lui (c’est le scénario de Rebecca de Daphné du Maurier). Qu’est-ce qu’elle est contente la petite Elsa…

Tant de naïveté s’avère vite lassant, surtout quand elle est exprimée sur ce mode-là :

La première lectrice d’un texte de Béatrice Blandy. Ça alors ! Et c’était sur elle, Elsa, l’écrivaine dont personne ne remarquait les livres, que ça tombait ! Pour une fois, il lui arrivait quelque chose, elle avait peut-être un rôle à jouer, et de premier plan.

Je ne connaissais par Carole Fives mais j’attendais quelque chose. J’attendais de comprendre pourquoi elle infligeait à son lecteur une telle médiocrité. La réponse arrive à la fin, assez prévisible car annoncée tout au long du roman par notamment Vertigo d’Alfred Hitchcock (tiré de Sueurs froides). Quelque chose à te dire manque de subtilité et les tourments existentiels de la narratrice m’ont semblé très artificiels. A la fois dans leur contenu et leur expression. On a en vrac tous les doutes et questions qui assaillent les écrivains, comme à la chaîne et sans beaucoup de subtilité.

Il aurait dès lors fallu une intrigue en béton pour accrocher la lectrice que je suis. La 4e de couverture évoque « un thriller troublant » : on en est loin. Elsa va-t-elle réussir à entrer dans le bureau de Béatrice ? Ben oui, évidemment… Elsa va-t-elle s’attribuer son œuvre ? Ben oui, évidemment… En matière de suspens, on a fait mieux.

.

Quelque chose à te dire

Carole Fives
Gallimard, 2022
ISBN : 9782072989797 – 176 pages – 18 €

25 Comments

  1. Je viens justement d’écrire sur un autre blog que c’est une autrice qui ne m’attire pas. Inutile de te dire que ton billet ne m’incite pas à aller voir de plus près. Tu confirmes plutôt mes craintes.

  2. Ça fait un moment que cette Carole Fives m’intrigue et je compte la lire, alors si je commence par ce roman, je préfère le découvrir comme toi, au fur et à mesure. Je saurai qu’il faut que j’aille jusqu’au bout.;)

  3. Depuis le temps que je me dis qu’il faudrait que je lise cette auteure … sans réussir à me décider, n’ayant pas encore décelé dans sa production LE roman dont je me dis qu’il devrait me plaire ! Eh bien, ce ne sera pas celui-là ^^ !

  4. Je lirai éventuellement un autre roman de cette autrice en bibliothèque, mais là, je n’étais de toute façon pas tentée… C’est rare qu’un roman sur le thème de l’écrivain qui admire un autre écrivain me passionne… (ça m’ennuie plutôt profondément !)

  5. « J’attendais de comprendre pourquoi elle infligeait à son lecteur une telle médiocrité » : j’aime tes tacles😁, droit au but, en pleine tête. Cela dit, cela m’évoque d’autres romans du genre, qui m’ont autant agacés. Donc je ne lirai pas celui-là, merci !

  6. je fais partie du petit club des lectrices qui commencent toujours les roman par la fin , le suspens m’empêche de profiter de mes lectures .

Répondre à Sandrine Annuler la réponse.