Le jour avant le bonheur de Erri De Luca

Erri De LucaErri De Luca fait partie de ces auteurs que leur réputation précède : à la fois ouvrier, poète, romancier, l’écrivain au parcours atypique est de ceux qui installent un paysage, une ambiance, créant ainsi un cortège de lecteurs assidus et toujours plus nombreux. Après première lecture d’un roman d’Erri De Luca, on sait tout de suite si on y retournera ou pas. Pour moi, ça serait plutôt pas…

Le narrateur de Le jour avant le bonheur a grandi, c’est peut-être un vieil homme qui se penche sur son enfance d’orphelin napolitain. Il raconte son immeuble, la cour où il jouait au foot pour se faire accepter tout en reluquant la petite fille du troisième, Anna, le bouquiniste qui lui prêtait des livres et surtout don Gaetano, le concierge. Orphelin lui-même, il veille sur l’enfant, puis l’adolescent, lui racontant la guerre puis l’après-guerre. Ils jouent aux cartes, parlent des voisins et finissent par combler à tour de rôle les ardeurs d’une jeune veuve. Pourtant le narrateur pense toujours à Anna, qui justement vient visiter un des appartements de l’immeuble avec une amie.

C’était la première fois que je lisais un livre d’Erri De Luca mais j’avais déjà beaucoup entendu parler de lui. L’émission « L’Europe des écrivains » m’a donné l’occasion de le découvrir, et de concrétiser mes craintes. Je n’apprécie pas ce genre de roman d’ambiance construit sur une suite d’impressions, de petites descriptions sans réelle trame romanesque. Je n’ai pas été du tout sensible à la description de ce quartier populaire de Naples, ni même à la relation entre Anna et le narrateur. Je ne me sens absolument pas en phase avec :

Elle me fit une caresse glacée sur mon front qui brûlait. Ce geste chassa ma peur, un linge qui enlève la poussière.
La mèche de la bougie perdait des étincelles. Anna en ramassa quelques-unes et les posa sur sa langue.
« D’après toi, les étoiles ont un goût de pain sucré ou salé ?
– Je n’en sais rien, je ne les ai jamais goûtées

Tous ces personnages ressemblent plus à des fantômes qu’à des Napolitains. Ou à l’idée que je me fais des Napolitains…

Je ne vois rien dans les descriptions d’Erri De Luca, ni immeuble, ni quartier, ni Italie. Je ne ressens rien non plus : détresse, solitude, affection qui me semblent être les sentiments dominants sont tellement évoquées plus que vécues qu’elles me restent étrangères. Et que l’ennui s’installe durablement.

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Le jour avant le bonheur

Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin
Gallimard, 2010
ISBN : 978-2-07-012484-8 – 137 pages – 15 €

Il giorno prima della felicità, parution en Italie : 2009

29 Comments

  1. On m’a souvent conseillé cet auteur mais pourtant je n’arrivais pas à me décider. Et quand je lis ton avis et l’extrait que tu as mis, je me dis que ce n’est pas pour moi. La scène décrite dans l’extrait ne fait pas du tout naturelle et frise même le ridicule. Rien de tel pour me refroidir.

  2. Je suis de celles qui reviennent à Erri de Luca, encore que tous ne m’ont pas plu pareillement. j’emporterais Montedidio sur une île déserte…bien aimé le Jour d’avant le Bonheur, un peu triste qu’il t’ait déçue

    1. Merci Guillome. je crois que c’est un écrivain qui joue beaucoup sur la sensibilité du lecteur alors on peut avoir des réactions tout à fait opposées. A tout prendre, je préfère discuter autour d’écrivains qui divisent, c’est plus enrichissant.

  3. Pour ceux que j’ai lu, ce fut une belle rencontre avec Erri De Luca. Pourtant, celui-ci ( et ceux d’inspiration autobiographique ) ne me tente pas, je le reconnais. Si toi, tu veux relire l’auteur, je crois que  » Trois chevaux  » te conviendrait mieux ( mis à part quelques descriptions d’arbres ^^ )

  4. Je crois qu’avec cet auteur, c’est très différent en fonction des livres… J’ai vraiment aimé « Le poids du papillon ».

  5. Comme toi j’ai été déçue par mes deux tentatives passées avec cet auteur… j’aurais aimé retrouver les bruits, les couleurs et les odeurs de Naples, mais je n’ai rien ressenti du tout.

  6. On dirait que les œuvres d’Erri De Luca sont controversées (dans le sens où on adhère ou pas à son style d’écriture). J’ai apprécié « Impossible » , ma deuxième tentative avec cet auteur.

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