La blonde en béton de Michael Connelly

La blonde en bétonQue de tensions pour l’inspecteur Harry Bosch de la police de Los Angeles. D’un côté, il doit se rendre chaque jour au tribunal où se tient son procès. En effet, il a quatre ans auparavant abattu un suspect au moment de l’arrêter. La victime, Norman Church, était soupçonné du meurtre d’une dizaine de femmes, prostituées, actrices de porno, call girls et Bosch et sa brigade spéciale le traquaient depuis longtemps. Se sentant menacé, Bosch lui a tiré dessus, mais ce n’était pas un flingue que l’homme tentait de sortir de sous son oreiller, juste une perruque… S’il regrette son geste, l’inspecteur n’a jamais douté d’avoir tué le coupable surnommé le Dollmaker car il maquillait ses victimes comme des poupées.

Mais voilà que d’autre part, Bosch doit enquêter sur le corps d’une femme retrouvé coulé dans le béton. Tout semble montrer qu’elle a aussi été victime du Dollmaker car la mise en scène du corps et les sévices subis sont les mêmes. Mais voilà, cette femme a été tuée deux ans auparavant, c’est-à-dire deux ans après la mort de Norman Church. Alors, Bosch a-t-il tué un innocent ?

Le lecteur de La blonde en béton suit donc deux lignes narratives qui ont tout à voir l’une avec l’autre. Si Norman Church n’était pas le Dollmaker, Bosch a tué un innocent en jouant au cow boy comme tente de le prouver la tenace Honey Chandler, avocate de la veuve Church. Au cours de procès, de nouvelles preuves sont enregistrées en faveur de Church : à l’évidence, il n’a pas pu commettre certains des crimes qui lui étaient imputés. Voilà Bosch dans de beaux draps… Cependant, le lecteur sait bien qu’il n’a pas créer de fausses preuves comme l’insinue l’avocate. Alors quoi ? Norman Church était-il bien le Dollmaker et si oui, pourquoi des femmes ont-elles été victimes de ses méthodes après sa mort ?

Pas une page de trop dans cet épais roman de la série Harry Bosch. Michael Connelly relance sans cesse l’intérêt du lecteur par le biais d’une enquête minutieuse et de révélations bien dosées. L’alternance entre les scènes d’enquêtes et celles de procès crée une dynamique efficace.

En plus d’une intrigue soutenue, l’auteur propose des personnages intéressants, loin des clichés. Bosch est à lui tout seul une institution, mais il ne serait rien sans ceux qui l’entourent et lui donnent consistance. Par exemple (attention, petit spoiler !), l’inspecteur comprend que l’enquête sur la blonde en béton est l’objet de fuites de la part de la police elle-même. De façon surprenante, la fuite vient de son ex-collègue, Edgar James, un flic noir. Généralement pourtant, pour faire dans le politiquement correct, le Noir n’est pas le traitre… Cette révélation survient à mi-roman et amène le lecteur à s’interroger sur l’avocate Honey Chandler, la froide et coriace qui se bat pour l’argent plus que pour la justice : sera-t-elle tout du long le symbole de la femme vénéneuse et calculatrice, forcément frigide, qui écrase tous les mâles alentours ?

Enfin, La blonde en béton offre un point de vue sur Los Angeles et les ravages du rêve américain. Plongeon dans le monde glauque de la pornographie et de la prostitution, à travers de très jeunes femmes venues chercher gloire et richesse dans la cité des Anges et qui finissent droguées, exploitées et pour certaines d’entre elles assassinées par le monde du fric et l’industrie du sexe. Comment un flic peut-il tenir dans une ville pareille ? La vie personnelle de Bosch constitue un autre des intérêts de ce roman, et de toute la série. Il s’agit ici du troisième volume, il a quarante-trois ans et dit « je t’aime » pour la première fois…

Michael Connelly sur Tête de lecture

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La blonde en béton

Michael Connelly traduit de l’anglais par Jean Esch
Seuil (Points n° P390), 1997
ISBN : 2-02-03202-5 – 462 pages – 7,50 €

The Concrete Blonde, parution aux États Unis : 1994

21 commentaires sur “La blonde en béton de Michael Connelly

  1. un bon opus, oui, c’est agréable que tu me remémores ça; je les ai tous lus et du coup : tiens, une relecture ? Mais pas le temps hélas. Pour finir, j’aime bien Connelly et effectivement la vision de Los Angeles est toujours intéressante, la vie de Hieronymous ( et quel nom, Hieronymous Bosch ! ) tout autant, un beau personnage.
    Une bonne lecture, quoi

    1. A l’occasion de cette lecture commune, je me rends compte que les amateurs de Connelly sont très nombreux et que certains, comme toi, ont même lu tous ses livres.

    1. Merci ! La blonde en béton est un mélange réussi de roman de prétoire et d’enquête policière : quel talent ce Connelly !

  2. Ah la la, finalement tu as choisi le plus ancien des deux! Et tu as bien fait, car l’idée est quand même de suivre Bosch chronologiquement (actuellement sa fille est ado!). Ton bilelt est parfait.
    Actuellement je lorgne sur le derneir paru, espérant que ma bibli s’en occupera, comme d’habitude.

    1. Oui, je me suis dit que commencer ses aventures par sa troisième enquête (quand même), c’était mieux que de le prendre à la retraite 🙂

    1. Eh bien voilà : dès que tu as fini le livre en cours, tu n’hésites pas et tu prends un Connelly. Si tu n’en as pas chez toi, il y en a plein à la bibliothèque municipale, c’est certain. Allez, vas-y, et reviens nous dire comme c’était bien !

  3. La série Harry Bosch sur France 3 m’a vraiment donné envie de découvrir le héros de papier, c’était passionnant et quel héros attachant. Je « dois » me mettre en quête de l’ordre de lecture. Tu fêtes encore d’autres anniversaires cette année ?

    1. James Lee Burke le 5 décembre. Encore un auteur que je ne lis pas assez, je suis donc contente de placer sur mon chemin ces lectures anniversaires qui me rappellent que certains auteurs devraient s’inscrire plus naturellement dans mon programme de lectures.

      1. Il a lui aussi un enquêteur récurrent : Dave Robichaux. Ça se passe en Louisiane et comme pour Bosch, sa vie privée a beaucoup d’importance. RDV le 5 décembre alors 🙂

  4. J’ai tout à découvrir, j’en ai trois qui m’attendent sagement dans ma bibliothèque, hélas, pour la lecture commune je l’ai vu sur Facebook mais ne disposait pas assez de temps.

    1. J’avais deux Harry Bosch et j’ai privilégié l’enquête la plus ancienne. J’imagine que le mieux est de les lire dans l’ordre…

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