
Ils sont deux. Deux extraterrestres venus d’une lointaine planète pour explorer la Terre. Et pour mieux l’explorer, ils prennent l’apparence des autochtones. Au hasard, Gurb choisit Madonna, et le voilà parti dans les rues de Barcelone. Et son camarade, le narrateur, n’entend plus parler de lui. Il décide donc de partir à sa recherche dans les rues de la capitale catalane car sans Gurb, pas de retour possible sur la planète natale.
Tour à tour sous l’apparence de Gary Cooper, du duc d’Olivares ou de Pie XII, le narrateur observe ses nouveaux semblables et s’étonne, se méprend et comprend naïvement, souvent de façon mordante les travers de ces drôles d’humains.
Car c’est à un tableau extrêmement drôle et sarcastique de notre société que se livre le trublion Mendoza. Tombé de sa planète, le narrateur épingle nos habitudes, nos moeurs…
J’entre dans un restaurant et un monsieur tout de noir vêtu me demande d’un air renfrogné si j’ai réservé. Je lui réponds que non, mais que je fais construire une villa avec vingt-deux W.-C. Je suis conduit en un clin d’oeil à une table ornée d’un bouquet de fleurs, que j’ingère pour ne pas avoir l’air impoli. On me donne la carte (non codée), je la lis, et je commande du jambon, du melon au jambon et du melon. On me demande ce que je veux boire. Pour ne pas attirer l’attention, je commande le liquide le plus commun chez les êtres humains : de l’urine.
N’hésitez donc pas à vous plonger dans cette veine peu connue de l’auteur espagnol, aussi à l’aise dans les histoires de ET décalées que dans les polars délirants. Réjouissant.
Eduardo Mendoza sur Tête de lecture
Sans nouvelles de Gurb (Sin noticias de Gurb, 1990), Eduardo Mendoza traduit de l’espagnol par François Maspero, Le Seuil (Points Virgule n°12), 2001, 124 pages, 4,95€