Cellulaire de Stephen King

king-copie-1.jpg

Voilà ce qu’on appelle un roman de terreur moderne, un roman qui exploite un sujet qui concerne quasi tout le monde et qui tourne au cauchemar. Celui-là est fait pour faire trembler les millions de possesseurs de téléphones portables, et pour faire ricaner les autres, c’est-à-dire Stephen King et moi…

Voilà que par une belle après-midi d’automne, tous les gens qui utilisent leur portable sont transformés en zombies, ou en cinglés, ou en siphonnés, on ne sait pas bien, en tout cas, votre charmante voisine peut vous sauter dessus pour vous mâcher la jugulaire et votre gentil collègue se précipiter sur un chien et lui arracher l’oreille d’un coup de dents : c’est charmant, le ton est donné. Heureusement, il y a un groupe de rescapés, les heureux non possesseurs de téléphones portables (c’est-à-dire…, non, je n’ai pas donné mon accord). Essentiellement des personnes plutôt âgées (puisque les jeunes sont déjà complètement accros), ils vont former un groupe qui tente d’échapper à la folie furieuse des zombies. Puis ils observent un curieux phénomène : de jour, les zombies se dirigent tous d’un même pas mécanique vers le Nord, tels des caribous en migration (je viens de voir La planète blanche…) ; de nuit, ils disparaissent. Nos héros en profitent pour se diriger vers la maison de Clay, qui espère que sa femme et son fils ont échappé à la mutation. Sans tout dévoiler, disons que les zombies s’allongent ensemble la nuit dans de grands espaces baignés de musique et n’ont plus conscience de rien. Il semblerait que l’impulsion des portables ait été donnée par un grand ordinateur qui aurait branché les gens sur un même canal avant de les vider de leurs capacités intellectuelles.

Cellulaire étant un roman fantastique, nous n’aurons pas d’explication rationnelle à la zombification du monde. Ni même de raison, ce qui est plus décevant. Mais ce qui l’est encore plus, décevant, c’est le rythme très lent du roman. J’ai bien failli arrêter après cent cinquante pages de dégénérés se sautant sauvagement à la gorge… ça finit par être lassant. Puis vers la page 180, se dessine l’idée d’une planification informatique mondiale qui aurait décidé la mort du genre humain, tel que nous le connaissons, via les téléphones portables. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que l’auteur ne fait qu’exagérer la réalité dont il est victime : les milliers d’individualistes forcenés qui dans le train, les magasins, les salles d’attente, ou dans la rue, gratifient leurs semblables de leurs conversations personnelles.

J’ai bien des fois rêvé moi aussi d’en voir un tomber raide à mes pieds. Et Stephen King en fait un roman… pas vraiment palpitant. Je ne suis pas une fan de l’auteur, mais je préfère les romans dans lesquels il installe petit à petit une ambiance, un malaise si palpable que tourner la page devient une angoisse. Ici, vous tombez de but en blanc dans les massacres et tout est dit. Les enjeux suivants (Clay cherchant son fils, la survie du petit groupe, la planification mondiale) ne sont pas assez importants pour retenir vraiment l’attention. Bref, c’est à mon avis un peu raté, même si certaines scènes de combats sont drôles à force d’être macabres. Un Stephen King moyen.

Stephen King sur Tête de lecture.

Cellulaire (Cell, 2006), Stephen King traduit de l’anglais (américain) par William Olivier Desmond, Albin Michel, mars 2006, 403 pages, 22€

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s