Armand Boissier, ingénieur frais émoulu tout droit venu de Saint-Flour, débarque à Paris. Sur recommandation, il parvient à se faire embaucher dans les bureaux de Gustave Eiffel qui en cette année 1887 travaillent d’arrache-pied sur les plans de la future Tour. Des plans qu’il va d’ailleurs passer des mois à gommer, tâche qu’il juge ingrate de ses talents. Mais son camarade de labeur et rapidement ami, Odilon Cheyne, lui fait prendre son mal en patience : bientôt leurs talents seront reconnus et ce n’est qu’une question de mois pour qu’ils s’attellent à des travaux plus importants. En attendant, ils bambochent tous les soirs et le jeune Sanflorin trouve une bonne amie, Roseline Page, actrice de son état.
Parallèlement, le lecteur suit Gordon Hole, constructeur américain qui cherche à contrecarrer les plans d’Eiffel, son ennemi juré : celui-ci lui aurait en effet volé un certain nombre d’idées (géniales), sans même lui en imputer la paternité. Echouant à enrôler d’autres opposants à la Tour, Hole avec l’aide de Gaspar Louchon son homme de main, décide de s’introduire auprès d’un employé d’Eiffel pour l’utiliser à ses fins. C’est Armand Boissier qu’il choisit. Son plan commence par le faux suicide de Roseline, retrouvée « suicidée » dans la Seine au pied de la Tour : son cadavre cache une lettre expliquant son geste, que pour le malheur de Hole, la police ne trouve pas mais qui tombe entre les mains d’Armand qui jure de venger sa dulcinée en faisant sauter la Tour : tout semble s’arranger pour Hole finalement.
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’intrigue est rocambolesque. Ce Gordon Hole met en œuvre des plans plus farfelus les uns que les autres pour parvenir à ses fins, plans qui passent donc par un faux suicide (Roseline est en fait séquestrée), par des réunions spirites (Roseline est censée inciter par delà la mort Armand à la venger) et des acrobaties au-dessus du vide. Autant dire que la crédibilité de l’intrigue est mise à mal et que le roman s’oriente vers le feuilleton d’aventures improbables avec des personnages stéréotypés, des situations attendues et des intuitions salutaires.
A l’inverse, Olivier Bleys use d’un grand appareil documentaire pour ancrer l’intrigue dans le réalisme. Il a recours au personnage de candide (Armand) qui ne connaît rien de la capitale et que son ami entraine de par les rues. Paris est donc décrit en long en large et en travers, les beaux quartiers comme les plus sombres. Les lieux les plus pittoresques sont passés en revue (la morgue) et les petits métiers évoqués. Le procédé est au final lassant et s’apparente à un guide touristique et social de la capitale au temps de l’avènement métallique. Quelque chose comme un catalogue dans lequel l’auteur a voulu tout mettre, surtout ne rien oublier. Si l’intrigue et les personnages compensaient cette tendance à l’érudition inutile, le roman m’aurait séduite car Olivier Bleys possède une écriture classique mais agréable, où l’humour n’est pas absent. Mais ils s’apparentent à une pièce de boulevard, réussie dans son genre, mais que ne m’intéresse pas.
Un roman qui plaira certainement à ceux qui souhaitent en savoir plus sur le chantier de construction de la tour Eiffel et sur le Paris insolite de l’époque.
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Le fantôme de la tour Eiffel
Olivier Bleys
Gallimard, 2002
ISBN : 978-2-07-076534-2 – 410 pages – 17.50 €
Oh pourquoi pas si je le trouve en biblio !
à tenter pour un petit tour dans le Paris historique…
bon, encore un (cela fait le deuxième aujourd’hui) qui grâce à la blogosphère ne va ni sur ma liste ni dans mes achats
Pourtant le sujet semblait intéressant
Merci donc à toi
Luocine
Il l’est, c’est le traitement romanesque qui ne m’a pas convaincue, mais bien sûr, il ne s’agit que de mon avis…
Tu me rappelles que j’ai un roman de cet auteur qui m’attend depuis un moment, une histoire sur des tulipes en Hollande je crois !!!
C’est un spécialiste du roman historique et il touche à des périodes très variées. J’ai son dernier livre à lire aussi, je pense qu’il me plaira plus.
Lu il y a très longtemps, il me semble qu’il m’avait plu.
C’est un agréable roman d’aventure, juste un peu trop léger pour moi…
Jusqu’alors j’ignorais jusqu’à l’existence de ce roman, je crois pouvoir continuer comme ça ! 😉
c’est possible… mais je vais continuer avec cet auteur, on verra.
Periodiquement un auteur s’attaque à la dame de fer avec plus ou moins de réussite. Je vais passer ce tour, mais je suis un peu inquiet car j’ai le colonel désaccordé du même auteur. Pourvu que les « défauts » de cet ouvrage aient été corrigés.
Tout dépend de ce qu’on cherche dans ce genre de livre. Ici, l’époque et le monument se prêtent assez à ce genre de comédie, j’aurais dû choisir un autre titre…
Je passe. Déjà que le sujet m’intéresse moyennement, si en plus le traitement romanesque est bancal, il n’y a plus rien à sauver.
Je crains d’avoir été trop sévère car il y a de nombreux points positifs dans ce roman. C’est juste que ce n’est pas le genre de roman historique qui me plait à moi…
Oui, ça peut être intéressant mais j’ai tellement d’autres choses à lire avant… pfft, dure cette vie de lectrice tentée
terrifiant 🙂
Trop de rocambolesque pour moi, je pense.
un peu trop pou moi en tout cas
pas sûr que le roman historique et le farfelu fassent bon ménage, en effet 🙂
c’est l’intrigue qui est farfelue, sinon je pense qu’au niveau historique, c’est très rigoureux.
Un roman que j’avais pris grand plaisir à lire !!
ça ne m’étonne pas car c’est un roman plaisant par bien des côtés.
J’aime bien quand le récit part en vrille, quand il ne se veut pas ronflant. Je sens que je l’aimerai bien celui-ci !
Alors oui, c’est bien possible.
Pour le côté historique pourquoi pas, j’aime bien cette époque en plus. J’ai un des ouvrages de l’auteur dans ma pal.
Je l’ai lu il y a quelques mois. Le sujet m’intéressait, j’ai apprécié les précisions sur le déroulement de la construction et la vie tout autour. Je comprend tout à fait ton ressenti, j’avais trouvé la lecture plaisante mais en même temps il manquait quelque chose pour vraiment accroché au roman lui-même.
Oui voilà : c’est plaisant, je comprends que ça plaise, mais il manque quelque chose, un peu de consistance aux personnages, je crois…
C’est toujours amusant de constater comme avec d’autres lecteurs on peut se rejoindre sur certains livres.
Je me souviens qu’on avait partagé un certain agacement à la lecture d’Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles. Et justement, à cette occasion, j’avais mentionné dans les commentaires ce roman d’O. Bleys qui présente à mes yeux les mêmes défauts, à savoir une intrigue et des personnages (trop) superficiels mais surtout une très mauvaise restitution du travail de documentation.
Car plutôt que d’être disséminées subtilement au fil du texte et des dialogues, les informations sont débitées en bloc, à la façon d’une entrée de dictionnaire. Non seulement ça brouille la fluidité du récit, mais ça lui donne un aspect artificiel et scolaire qui m’a rebuté d’emblée.
Mais oui, tu as raison, le rapprochement avec ce livre est tout à fait pertinent. Beaucoup de documentation à la base, des personnages à fort potentiel, mais la mayonnaise ne prend pas. Enfin pour toit et moi… parce que ces deux auteurs remportent un certain succès, que je comprends tout à fait, ce sont des livres divertissants.
Je ne connais pas ce roman, mais Le colonel désaccordé que j’ai trouvé excellent et Le maître de café qui m’a bien plu également.
Je lis sous peu Le maître de café, le sujet me semble original.