La lecture de Spirit Lake de la Québécoise Sylvie Brien m’a permis de découvrir l’existence d’un camp de détention tout à fait particulier. Pendant la Première Guerre mondiale, des ressortissants de l’empire austro-hongrois, considérés comme ennemis du Canada (dominion britannique), furent enfermés dans des camps, dont celui de Spirit Lake.
Peter, quatorze ans et son frère Iwan, dix-neuf ans fuient leur Galicie natale suite à l’attentat de Sarajevo. Ils voyagent avec leur grand-mère Zabalète qui les a élevés car leurs parents, révolutionnaires russes, ont été assassinés. Ensemble ils traversent l’océan et s’acheminent vers l’Amérique. Mais ils ne vont pas bien loin, ne passent même pas la douane et sont séparés, les deux jeunes gens étant emmenés dans un camp de détention perdu au milieu de rien. Ils découvrent, à la faveur du contrôle d’identité qu’ils ne sont en fait pas frères et que leur grand-mère ne leur est en rien apparentée.
Arrivés au camp, ils doivent travailler : défrichage, construction de routes et de bâtiments, travaux agricoles. Ils sont nourris, logés, blanchis et ceux qui acceptent de travailler pour le gouvernement canadien reçoivent un maigre salaire. Pas de chaînes donc, pas de prison, mais une fuite impossible car le climat empêche quiconque de survivre seul alentour. Un peu plus loin, un village regroupe les prisonniers vivant en famille.
Je ne connaissais pas du tout l’existence de ces camps de prisonniers et étais donc curieuse de les découvrir. Je suis cependant déçue par ce roman dont l’intrigue m’a paru assez floue et la langue parfois approximative. L’histoire oscille entre le délire de Peter sur son lit d’hôpital (mai 1915) et les événements qui l’ont conduit là, quatre mois plus tôt. Les personnages vont et viennent sans qu’ils se fixent vraiment car ils sont peu incarnés. Certains points m’ont par ailleurs semblé étranges. Par exemple, l’auteur énonce avant le début du roman :
Ce roman est une œuvre de fiction. Les références à des personnes réelles, vivantes ou décédées, à des endroits existants et à des événements historiques ne sont utilisés que dans le but de donner à cette fiction un cadre culturel et historique approprié. Tous les noms, personnages, lieux et événements décrits dans ce livre sont le produit de l’imagination de l’auteur…
Cet énoncé me semble totalement contradictoire, d’autant plus que le camp de Spirit Lake a effectivement existé sous ce nom. Pire, Sylvie Brien ajoute en post-scriptum :
Entre 1914 et 1920, on ouvrit vingt-quatre camps de détention au Canada, dont quatre au Québec. On y interna des prisonniers civils de nationalité ennemie, pour la plupart des immigrants ukrainiens non naturalisé… […] Seuls deux de ces camps abritèrent des familles, dont celui de Spirit Lake.
Je ne comprends donc pas la nécessité de l’énoncé préliminaire, qui est en fait une maladresse de style et qui est bien à l’image du roman lui-même, peu clair en plusieurs points. C’est bien dommage.
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Spirit Lake
Sylvie Brien
Gallimard (Scripto), 2008
ISBN : 978-2-07-061443-1 – 237 pages – 9.50 €
dommage en effet. Cela rappelle les camps d’internement de Japonais durant la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis.
Oui, mais les USA étaient en guerre contre le Japon, là, c’est quand même plus étonnant, ces Canadiens qui en 1915 enferment des Ukrainiens et Galiciens…
C’est dommage car le sujet, peu connu, est intéressant.
Heureusement, j’ai quand même appris pas mal de choses.
Effectivement, le sujet paraissait passionnant (je ne connaissais pas non plus l’existence de ces camps) ! Dommage que le livre ne soit pas à la hauteur…
Ce qui m’a surtout troublée, c’est son manque de fluidité. Je le crois assez mal construit, ce qui le rend peu clair, et quelques maladresses stylistiques m’ont chagrinée.
Au début de la lecture de ton billet, je frétillais (je ne connaissais absolument pas l’existence de ces camps, moi non plus) mais finalement je vois que je peux gagner du temps pour lire autre chose 😉
Quand j’ai découvert l’existence de ce livre, je frétillais aussi, je me suis jetée dessus dès réception. Et puis voilà, je suis vraiment déçue.
Le thème a l’air très intéressant, dommage!
Il y a en effet de quoi écrire un très bon roman historique…
Comme les autres, je ne connaissais pas ces camps. On en apprend toujours, et rarement des nouvelles roses. Mais c’est en effet désolant que ce roman ne soit pas à la hauteur.
J’aime les romans historiques où on apprend des choses. C’est je trouve une façon vraiment plaisante de découvrir des faits, une époque… enfin surtout quand le livre est réussi…