Le samouraï de David Kirk

LE_SAMOURAI_new_Mise en page 1Connaissez-vous Musashi Miyamoto (1584-1645) ? Ce fut un grand samouraï japonais, un grand sabreur qui demeura invaincu. Il était aussi écrivain, artiste, calligraphe. David Kirk, jeune auteur britannique vivant au Japon, choisit dans Le samouraï de retracer sur le mode romanesque les premières années de sa vie.

Quand le lecteur rencontre le jeune héros de ce livre, il s’appelle encore Bennosuke. Il vit dans un village près de ses oncles et loin de son père Munisai Shinmen, parti huit ans auparavant après la mort de Toshiko, mère de Bennosuke. L’enfant n’a jamais cessé d’attendre son père, d’astiquer son armure.

Quand un beau jour le père revient au village, tout auréolé de gloire, Bennosuke a treize ans. Il découvre alors que c’est Munisai qui a tué sa mère, et que Munisai n’est pas son père : Bennosuke est le fruit de la vengeance d’une femme trahie. Munisai refuse de le reconnaître comme son fils mais accepte de prolonger sa formation de samouraï initiée par l’oncle de l’enfant.

Aussi quand arrive au village Hayato Nakata qui vient se venger d’un affront de Munisai, celui-ci propose au jeune noble prétentieux que son champion rencontre Bennosuke plutôt que lui. Et l’enfant, âgé de treize ans, remporte son premier duel. Et Munisai se fait ainsi un ennemi mortel.

Le samouraï plonge le lecteur dans le monde des guerriers japonais. Ils ne vivent que pour l’honneur, la vengeance et la mort. Tout est codifié, même dans leur quotidien et surtout à la guerre. Il y a ce qu’il faut faire ou dire, et ce qu’il ne faut pas faire ou ne pas dire. L’honneur étant très chatouilleux, tout est prétexte à affront et donc à duel. Tout impulsif risque d’avoir la vie brève.

Musashi Miyamoto  n’est ici qu’un enfant, il s’interroge sur sa mère, son père, ce qui est honorable ou pas. Il s’entraine, modèle son corps et son esprit.  L’incessant affrontement des seigneurs de la guerre pose plus d’une question car malgré tous les codes et devoirs, le maître de Munisai le trahit au moment de sa mort, ne lui permettant pas d’accomplir honorablement son seppuku et entachant ainsi sa mémoire. Pour de l’argent, le maître trahit son serviteur le plus fidèle, celui auquel il a donné son nom. La figure du seigneur de guerre est aussi mise à mal à travers le personnage d’Hayato Nakata, pleutre et mesquin, mais héritier d’un clan.

La littérature et le cinéma asiatiques m’ennuient le plus souvent : l’intériorisation et la froideur m’en tiennent éloignée. Je pratique pourtant très régulièrement des arts martiaux avec bonheur et intensité : leur rigueur, leur exigence, la concentration qu’ils nécessitent me conviennent. Ce qui m’a plu je crois dans Le samouraï, c’est qu’il est écrit par un Britannique. Tout est ici passion, impulsion, sentiments. Si le samouraï se doit de ne pas montrer ses émotions, David Kirk se charge de nous les transmettre. Ainsi le lecteur vit-il au cœur de la vengeance, le moteur de ce roman.

De fait, la brutalité de certaines scènes très violentes est atténuée par des sentiments d’injustice, de tendresse, de compréhension. Le roman s’ouvre sur un jeune seigneur de neuf ans se faisant seppuku. Son innocence, sa confiance et sa naïveté ôtent à la scène toute froideur en y introduisant une forte charge émotionnelle qui donne le ton pour la suite.

Mais Le Samouraï n’est pas une romance, c’est le récit d’initiation d’un adolescent qui deviendra le plus grand sabreur au monde. On ne perd donc jamais de vue sa formation au combat et les scènes d’affrontements, de duels puis de batailles donnent aussi leur lot d’action à cette biographie romancée qui s’achève alors que Musashi Miyamoto  n’a que seize ans.

 

Le Samouraï

David Kirk traduit de l’anglais par Marina Boraso
Albin Michel, 2014
ISBN : 978-2-226-25606-5 – 414 pages- 21.50 €

Child of Vengeance, parution en Grande-Bretagne : 2013

20 commentaires sur “Le samouraï de David Kirk

  1. Déjà le Japon , j’ai du mal! mais alors l’honneur des samouraïs qui se gagne à la pointe de l’épée je vais laisser ça à des âmes plus guerrières que la mienne
    Luocine

  2. J’aime la littérature japonaise, suis plus sceptique lorsque des auteurs étrangers écrivent sur des personnages japonais. Mais surtout, ici, une histoire de samouraï au M.-A… non, pas pour moi. Mais ton article est très bien !

    1. Moi, je préfère me pencher sur les Japonais quand ce sont d’autres qui en parlent… Mais ce roman ne se déroule pas au Moyen Age, si ça peut te donner envie 😉

  3. Intéressant. Japon, samourai, tout cela sous la plume d’un Britannique ! Mais les Britanniques ne sont pas très réputés pour leur exubérance non plus en réalité, plus pour leur « réserve », non ?^^

  4. Bonjour Sandrine, pas sûre que je me lance dans le roman mais merci pour le site sur le site de Musashi Miyamoto: très intéressant Sinon, j’apprécie les films sur les samouraï même si leur manière de vivre m’échappe un peu. Bonne journée.

  5. Tout comme tout ce qui est trop historique en littérature occidentale m’ennuie, c’est pareil avec ces histoires de samouraïs. Je vais donc passer.

  6. Bonsoir,
    Je suis en train de le lire et j’aime beaucoup, je me suis laissée entraînée malgré moi (au départ, l’histoire ne me parlait pas plus que ça) et je le dévore littéralement !! J’espère qu’il y aura une suite !! Le récit est vraiment palpitant, on apprend plein de choses sur le code d’honneur des samouraïs mais aussi sur la vie des gens de l’époque. Finalement, on s’attache beaucoup à ce jeune apprenti samouraï et on a envie qu’il accomplisse sa vengeance jusqu’au bout.

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