Attention, je vais vous parler de la meilleure BD du monde, oui, rien que ça, ma série préférée du monde de tous les temps dont le septième et dernier tome vient de sortir. Je vais donc faire dans le dithyrambique et le superlatif mais elle le mérite, c’est une merveille. Amateurs du beau et du bizarre, ouvrez yeux et oreilles !
Il me faut je crois commencer par un « petit » résumé, ce qui n’est pas chose facile car cette BD a une particularité, entre autres bien sûr : plus on avance et moins on comprend. Bon, maintenant que j’ai perdu la moitié de mes lecteurs, je peux continuer…
Commençons par les personnages : Le roi Clément Dix-Sept d’Oxfols et son chien Igor Dix-Sept règnent, comme leurs ancêtres avant eux depuis des générations. Sa fille Chlorenthe est amoureuse d’Arthur, le fou du roi. Clément est assisté de son premier ministre autrement appelé le Grand Coordinateur qui se livre à un trafic de coloquintes et fomente un coup d’Etat. Il courtise Chlorenthe, qui n’a que faire de ce pantin, alors que la reine Ophélie elle, s’intéresse de près au Grand Coordinateur, le seul homme de sa cour à n’être pas au moins septuagénaire : « Tous ces vieillards sont durs d’oreille et c’est malheureusement là la seule rigidité qu’il leur reste. » (Aucun rapport avec l’intrigue mais cette réplique-là, je l’adore !)
Deux patrouilleurs : Baltimore et le sergent, relégués au niveau 18 pour avoir découvert le trafic de coloquintes, mais bien décidés à poursuivre leur enquête. Le problème, c’est qu’ils sont un peu lents de la comprennette et même à deux, ils ne font pas un cerveau…
Tout commence par de petits événements bizarres : fuite d’eau dans la chambre du roi alors qu’il ne pleut pas, bruits sourds venant du sous-sol, apparitions de monstres non répertoriés et bientôt tremblements de terre… Le Grand Coordinateur semble pourtant en savoir plus qu’il ne le prétend : dirigé par un personnage mystérieux, dont on ne voit que la moitié du visage, toujours souriant et énigmatique, il manipule… qui ? le roi ? En tout cas, il fomente un coup d’Etat (« La monarchie des rayures s’est écroulée, laissant place à l’empire des petits pois« …), met le roi en prison et prend sa place. A qui obéit-il ? Mystère. On comprend pourtant que la Nef se détraque (mais qu’est-ce que la Nef ?) et que le mystérieux personnage perd le contrôle de ce qui semble être sa création. D’ailleurs, Arthur et Chlorenthe se sont échappés d’Eaux Folles pour atterrir dans une mystérieuses contrée peuplée de créatures ressemblant à des singes et surtout de Schloumpfs dentus, méchants petits êtres bleus qu’il ne fait pas bon rencontrer la nuit dans la forêt.
Et puis surgit le prince Putatif qui semble avoir la capacité de renaître après chaque « accident » que lui inflige Ambroise Ier (ex Grand Coordinateur) pour ne pas perdre sa place.
Pour faire court, à la fin du troisième tome, on se demande vraiment où on va, qu’est-ce que c’est que ce monde-là et qui sont ces gens… et pour faire court, à la fin du quatrième tome, on se demande vraiment où on va, qu’est-ce que c’est que ce monde-là et qui sont ces gens…
Et si je vous dis que le tome cinq s’intitule Puzzle et le six Les Chemins énigmatiques… vous comprendrez qu’il faut attendre le sept pour avoir réponse à toutes les questions que cette formidable série ne manquera pas de susciter.
Bref, si vous aimez savoir qui fait quoi, pourquoi et surtout quand et où, cette BD n’est pas pour vous ! Moi, j’avais une absolue confiance en son créateur, d’autant plus que le tome un est sorti en 1993 : il a eu le temps de peaufiner son scénario, non ?
Et puis les dessins sont absolument magnifiques. Les vues de la ville d’Eaux Folles sont d’une précision incroyable et les personnages irrésistibles. J’adore la tronche du Grand Coordinateur avec son grand nez et ses trois cheveux, la très sexy Chlorenthe, le roi rondouillard dans son pyjama rayé rouge et blanc et même son chien ! Les deux patrouilleurs sont d’une bêtise irrésistible et le prince Putatif et ses multiples clones sont tout simplement angoissants.
Pourquoi je l’aime cette BD, pourquoi à mon avis il n’y a rien au-dessus ? Parce que c’est beau, très beau, les personnages ont des expressions irrésistibles souvent très drôles, et les vues générales sont d’une minutie extraordinaire. Les couleurs sont belles, très harmonieuses et souvent chaleureuses. Et puis disons que j’aime quand je ne comprends pas tout, quand le scénario rajoute du mystère au mystère, quand on est bousculé dans ses certitudes, que l’auteur nous balade et que chaque nouvelle révélation nous fait reconsidérer toute l’histoire.
Voilà, j’ai aujourd’hui la réponse à toutes mes questions mais ça ne m’empêchera pas de re-re-relire ces volumes dans lesquels je trouve de nouvelles choses et de nouveaux sujets d’émerveillement à chaque lecture. Et si vous ne connaissez pas cette série désormais mythique, réjouissez-vous ! Les amateurs de la première heure ont dû en attendre quinze ans le dénouement !
1 – Eauxfolles, 1993
2 – Pluvior 627, 1994
3 – Turbulences, 1997
4 – Au Turf, 2001
5 – Puzzle, 2005
6 – Les Chemins énigmatiques, 2007
7 – Terminus, 2009
Delcourt