James Stieff était au lycée un élève brillant, très brillant même. Dès ses premiers jours à Oxford, il n’est pas dans la course, au sens propre comme au figuré puisque qu’il se blesse en courant et s’esquinte irrémédiablement le genou. Il ne se sent pas à la hauteur, pas aussi bon que sa sœur aînée qui elle a réussi, pas aussi travailleur que d’autres, pas assez bien pour avoir une petite amie, pas assez riche. Au bout de quelques mois, un groupe se crée cependant autour de Mark, richissime étudiant qui vit dans une immense maison dans laquelle ils vont tous s’installer : James et Jess, qui devient sa petite amie, Franny, Simon, Emmanuella et Mark bien sûr, mystérieux, désinvolte, provocant Mark qui ne vit que pour l’amitié.
James est toujours un peu à la traîne, ne décrochant ses examens qu’à l’arrachée alors que les autres excellent, notamment Jess. Entre soirées et révisions, la vie s’écoule dans cette grande maison et James observe les sentiments de chacun, sans prendre garde aux siens. Pourtant, alors qu’il est temps de se séparer, à la fin de la troisième année, James se rend compte qu’il est fasciné par Mark et éperdument amoureux. Petit à petit, dans les deux parties suivantes, l’auteur nous amène jusqu’à la situation finale, qui est en fait celle qui ouvre le roman, le récit de James étant un long flash-back sur ses années d’études et sa première expérience en couple.
La vie d’étudiant à Oxford, c’est bien ce que Naomi Alderman nous propose de découvrir avec Mauvais genre, à travers une vision relativement récente (sous John Major). La jeunesses dorée, les soirées, le travail, les rituels poussiéreux.
« Qu’est-ce qu’Oxford ? Un magicien en habit de lumière qui éblouit ses spectateurs et détourne leur attention à force de gesticulations. Qu’a été Oxford pour moi ? Des cours inintéressants, une petite chambre inconfortable, des professeurs indifférents. Reste le décorum : les toges, les rues pavées, les plafonds voûtés des bibliothèques et les portraits du XVIe siècle. C’est ancien, c’est beau, c’est prestigieux. Et c’est injuste, mesquin, glacial. »
Il y a bien dans ce roman tout ce qu’on pense y trouver, mais pas que. Ce qui fait l’intérêt de cette histoire, c’est qu’elle est racontée par un presque perdant, James, un type insignifiant, toujours dans l’ombre de quelqu’un, toujours à bûcher au dernier moment pour ne pas se faire renvoyer. C’est aussi qu’elle va au-delà des années universitaires (qui ne concernent que la première partie, la plus longue), pour suivre James et ses amis, nous permettant de comprendre l’empreinte durable et néfaste de cette éducation élitiste et sclérosée.
Toute la tension psychologique de Mauvais genre tourne autour des personnages de James et de Mark. Ce dernier garde tout son mystère, on ne saura jamais vraiment ce qui l’a rendu si excessif, est-ce l’argent, la vie lointaine et dissolue de ses parents, leur inattention… C’est un jeune homme cynique, manipulateur et terriblement séduisant, généreux et drôle. C’est son ambiguïté qui fait son intérêt, son charisme face à un James si falot. Ce dernier n’est pourtant pas inintéressant, bien au contraire, puisqu’il est l’image de ceux qui ne sont pas à leur place, de ces suiveurs, de ces admirateurs qui se contentent de l’ombre, sachant que la lumière ne sera jamais pour eux.
Mauvais genre n’est donc pas un roman de plus sur l’éducation à l’anglaise, c’est aussi un bon roman d’analyse psychologique à travers des jeunes gens en construction, un roman d’apprentissage donc, dans lequel les personnages ne trouvent pas leur place.
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Mauvais genre
Naomi Alderman traduite de l’anglais par Hélène Papot
L’Olivier, 2011
ISBN : 978-2-87929-707- 1 – 380 pages – 22 €
The Lessons, parution en Grande-Bretagne : 2010
Pas très envie de ce genre de lectures pour le moment… je note pour plus tard !
pas de mauvais genre en ce moment ? 😉
Un roman d’apprentissage.Une éducation britannique. Oxford. Ta satisfaction de lectrice. Tout concourt à me donner envie de le lire.
Ce livre a en effet beaucoup d’atouts…
Mauvais genre, quel bon titre !
Une certaine amertume, un soupçon d’homosexualité, une éducation à l’anglaise, tout cela ne doit pas manquer de sel…
L’eau à la bouche, comme mango.
Le titre (avec un « s » en plus) d’une excellente émission de France Culture !
Vu que cela se passe à l’université, il a été noté tout de suite 😉 Et puis Oxford, je connais bien pour y avoir passé quelques mois alors ça me rappellera des souvenirs, même si je n’y étais pas étudiante !
Tu devrais t’y retrouver en effet, au moins l’ambiance.
J’essayerais bien d’ajouter un commentaire marqué au coin de la finesse, mais Mango a tout dit. I agree !
Qu’ajouter en effet… peut-être aller le lire sur place, le rêve !
Un thème très (trop?) souvent exploité… Ton avis plutôt positif devrait signifier que l’analyse s’éloigne des clichés.
C’est vrai que l’éducation anglaise a déjà donné lieu à des romans, mais ici, je l’ai trouvé en effet particulièrement soigné d’un point de vue psychologique, et moderne aussi.
Ton billet me donne envie d’ouvrir ce livre à côté duquel je serais peut-être passée sinon…
J’en suis ravie car c’est vraiment un des buts de ce blog.
Très tentant et en même temps, je n’ai pas l’impression que tu es complètement enthousiaste.
Ça n’est peut-être pas le livre de l’année, mais une lecture très intéressante.
Je l’avais repéré en librairie, avant de le voir sur un blog, ce qui est rare… Il me tentait, je peux donc le noter après t’avoir lu ! Pauvre liste à lire ! 😉
Que de bons livres à lire au contraire !
Il est un peu cher pour ma bourse mais vraiment tentant
Si seulement on pouvait se nourrir de livres…
Une fois encore, tu sais trouver les mots pour me convaincre. Hop ! dans la LAL.
Bonne lecture !
Voilà un résumé qui me tente bien. Je note.
Bonne lecture.
Je pense que c’est tout à fait pour moi. Autant pour le contexte que pour l’analyse psychologique. Bien noté! 😉 (Et je ne te remercierai jamais assez d’inscrire le titre en VO! 😉 )
En effet, je pense que ce livre est tout à fait pour toi 😉
Aaah ! Une Ys satisfaite ! En voilà un, de bon indicateur ! 😉
Je note le titre, je pense que ce roman pourrait bien me plaire à moi aussi ! 🙂
Ça m’arrive parfois 😉
Un très bon roman d’apprentissage je trouve, les relations sont finement décrites. Le héros m’a vraiment beaucoup touchée.