Perdre est une question de méthode de Santiago Gamboa

Après ma lecture enthousiaste de Necropolis 1209,  j’avais envie de découvrir l’œuvre de cet auteur colombien, par ailleurs journaliste et attaché culturel. Perdre est une question de méthode est son second roman, et force est de constater qu’il est moins original que Necropolis 1209, une œuvre polyphonique sur la violence du monde. Ici, la construction est beaucoup plus traditionnelle et emprunte au roman noir américain des années 30 avec son enquêteur hard boiled qui n’est pas flic mais journaliste, dont la vie sentimentale se délite et qui se met bien sûr dans des situations difficiles, autant dire des mauvais coups. Il navigue aux frontières de la loi, mais où est la loi en Colombie ?

Tout débute sur la découverte d’un cadavre déjà putréfié, empalé et crucifié au bord d’un lac non loin de Bogotá. Une affaire pour le capitaine Moya qui fait ce qu’il fait toujours dans ces cas-là : il appelle Victor Silanpa, journaliste, et l’envoie chercher de quoi il retourne. On s’attend aux narcotrafiquants, à la guérilla, aux paramilitaires… pour finalement tomber sur une secte de nudistes… Malheureusement pour eux, les terrains qu’ils espèrent pour bronzer tranquilles sont convoités par des types aussi riches que corrompus qui n’hésitent pas à employer les grands moyens pour parvenir à leurs fins.

Grâce à cette enquête dans les milieux corrompus de la capitale colombienne, Santiago Gamboa pointe du doigt les dysfonctionnements de la société, aux premiers rangs desquels la corruption des fonctionnaires et l’inanité des services de police. C’est d’ailleurs du capitaine Moya dont je me souviendrai particulièrement car son incapacité est présentée de façon drôle et originale. Obèse, il s’est décidé à rejoindre un groupe de parole pour tenter de traiter son rapport difficile à la nourriture. Quelques succulents chapitres sont consacrés au discours dans lequel il raconte sa vie et son goût immodéré des bonnes choses. Rien d’autre ne semble l’affliger, certainement pas la sécurité de sa ville.

Cette petite touche d’humour est la bienvenue dans un roman qui tire beaucoup de ficelles et s’essouffle après un départ original. Qui surveille qui ? Qui a les papiers ? Quels sont les intérêts de tous et de chacun dans cette histoire de corruption immobilière ? J’ai eu un peu de mal à m’intéresser à cette intrigue plus politique qu’humaine, les personnages restant assez superficiels.

Santiago Gamboa sur Tête de lecture

 
Perdre est une question de méthode

Santiago Gamboa traduit de l’espagnol par Anne-Marie Meunier
Métailié, 1999
ISBN : 978-2-86424-315-6 – 281 pages – 17.50 €

Perder es un cuestión de método, première parution : 1997

16 Comments

  1. Bonjour Ys, tu lis pas mal d’Hispaniques en ce moment, je ne note pas tous les titres mais je note les auteurs et je verrai ce que j’ai le temps de lire… un jour ! Bonne semaine.

  2. Ce n’est vraiment pas son meilleur, du moins pas celui que j’ai préféré. Le syndrome d’Ulysse et Les captifs du Lys blanc sont d’un tout autre genre, et même meilleurs que Necropolis à mon goût. Celui-ci était particulièrement noir.

    1. Merci de ces conseils. J’ai emprunté le livre disponible à la bibliothèque de ma ville, mais un peu déçue, je suis tout prête à en essayer un autre.

  3. Je viens de découvrir l’auteur avec ‘Le siège de Bogotá’, deux petites nouvelles tendance érotico-thriller et érotico-drama, pleines de truculence et de jouissance. J’ai apprécié sa plume et note d’ors et déjà ses Captifs de Lys Blanc.

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