Les éditions Piranha s’apprêtent à publier leurs tout premiers titres en cette rentrée littéraire 2014. Voici donc quelques questions-réponses pour en savoir plus sur cette nouvelle maison au nom… effrayant !
Vous avez baptisé votre maison d’édition « Piranha » : cela suggère un certain mordant… une envie de dévorer les autres ?
Nous ne souhaitons pas dévorer les autres, mais faire notre place, sans nous laisser marcher sur les pieds ! En revanche, nous souhaitons publier des livres à dévorer !
Qui sont les fondateurs de Piranha et pourquoi se lancent-ils dans l’aventure ?
Les fondateurs de Piranha sont Bernard Elchlepp, un homme d’affaires d’origine allemande, et Jean-Marc Loubet, ancien directeur éditorial des éditions Klincksieck. L’idée de Piranha est née de leur rencontre. Bernard Elchlepp a d’abord été libraire à Cologne avant de gagner sa vie dans le marketing direct. Mais son souhait était de revenir dans le monde des livres. Ils ont donc choisi de créer cette maison et de faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs étrangers reconnus dans leur pays mais peu ou pas connus en France.
La rentrée littéraire est-elle le meilleur moment pour publier les premiers titres d’une nouvelle maison d’édition ?
Nous avons choisi de nous jeter dans le grand bain, dès la rentrée littéraire ! Choix ambitieux, certes, même s’il y a plus de place dans la rentrée littéraire étrangère que dans la française. Nous avions envie de prendre part à cet important moment de la vie éditoriale française.
Vous vous lancez avec quatre titres. Deux romans : Carambole de Jean Steiner, jeune auteur suisse inconnu en France, et Dernier requiem pour les innocents d’Andrew Miller qui n’est pas plus célèbre. Et deux non-fictions : 1812, La campagne tragique de Napoléon en Russie d’Adam Zamoyski et 1913, Chronique d’un monde perdu de Florian Illies. Vous ne vous cantonnerez donc pas à la fiction ?
Piranha est une maison d’édition généraliste. Nous publierons donc dans divers domaines : littérature contemporaine, fiction populaire, polar, mais aussi de la non-fiction : histoire, documents, essais, biographies… Nous aurons également une collection de science-fiction, « Incertain futur ».
En matière littéraire, aurez-vous des orientations marquées quant aux genres ou aux auteurs ?
Nous accordons une attention toute particulière à la sphère culturelle germanique. Les origines de Bernard nous apportent une ouverture sur l’Allemagne où il se publie beaucoup de choses intéressantes non traduites. Et Jean-Marc, quant à lui, se charge des publications anglo-saxonnes. Nous sommes donc particulièrement rapides et agiles sur le marché international, ce qui nous permet de publier des auteurs très importants comme Sibylle Lewitscharoff pour la littérature, mais également en non-fiction : nous publierons ainsi au printemps prochain le livre remarquable de George Packer consacré à une histoire intime des États-Unis d’aujourd’hui, The Unwinding, qui vient de remporter le National Book Award.
Publierez-vous de la littérature française ?
Ce n’est pas prévu pour le moment mais nous sommes par définition ouverts à tout.
Vous ne semblez pas vous orienter vers une littérature grand public avec best sellers à la clé. Piranha est-elle une maison exigeante ?
Certes, Piranha est une maison exigeante que ce soit pour la fiction ou la non-fiction et notre but est de faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs reconnus pour la qualité stylistique de leur œuvre ou pour la rigueur scientifique de leur recherche. Nous attachons également un soin particulier au choix des traducteurs pour restituer au mieux les textes originaux.
Cependant, nous pensons que la qualité et l’exigence ne sont pas forcément incompatibles avec les intérêts du grand public : au contraire ! Un grand nombre des livres que nous allons publier sont déjà des bestsellers internationaux. Je pense notamment au 1913 de Florian Illies, au 1812 d’Adam Zamoyski ou à Dernier Requiem pour les Innocents d’Andrew Miller. Nous espérons qu’ils auront autant de succès en France qu’à l’étranger.
Nous prévoyons également de publier des genres réputés un peu plus légers (des polars et des thrillers par exemple), mais là encore, nous sommes attentifs à la fois à la qualité des textes et à leur accessibilité au plus grand nombre.
Que ce soit pour la littérature, les essais ou la fiction populaire, nous recherchons avant tout des livres de qualités qui soient en même temps ce qu’on appelle des page turner. Notre but est de concilier l’intérêt intellectuel et le plaisir de la lecture.
Attachez-vous une importance particulière à l’objet-livre (maquette, typographie, couverture, qualité du papier…) ?
Nous attachons une importance toute particulière à l’objet-livre. C’est pourquoi nous travaillons depuis plusieurs mois aux choix du papier, des couvertures… Nous avons ainsi tenu à nous attacher les services de collaborateurs extérieurs doués et imaginatifs que ce soit pour la création des maquettes (intérieur et couverture), pour la mise en page mais également pour la relecture et la création de nos e-books. Nous espérons que ces choix exigeants garantiront à nos lecteurs le plaisir de la lecture.
Certaines maisons d’édition de taille modeste se trouvent malheureusement dans des situations économiques délicates. Avez-vous un plan anti-crise ?
Nous sommes conscients que la crise est bien là : en général hélas, dans la vie quotidienne de chacun et, en particulier, dans le secteur du livre… depuis plus de 20 ans ! Mais il faut aussi souligner que l’offre n’a jamais été aussi importante en nouveautés et que de nombreux éditeurs osent tous les ans, comme nous, tenter « l’aventure ». Nous sommes persuadés que pour compenser la désaffection bien réelle du public envers le livre et la lecture, il appartient aux éditeurs de s’adapter et d’évoluer constamment, d’être à l’écoute d’un monde qui change de plus en plus rapidement. Notre structure est volontairement de taille restreinte et la moyenne d’âge de l’équipe est jeune, ce qui devrait nous permettre une certaine souplesse.
Imagination et inventivité, réactivité et rapidité, souplesse et créativité sont les armes que nous avons choisies contre la morosité et les embûches de la route qui s’ouvre devant nous.
Vous avez déjà une page Facebook, des comptes Twitter et Google+, une chaîne Youtube : développerez-vous une stratégie particulière en direction des réseaux sociaux ?
Nous souhaitons que Piranha vive et évolue avec son temps. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui un canal de communication incontournable. C’est pourquoi nous y sommes déjà présents et que nous allons les alimenter très régulièrement pour que nos lecteurs puissent suivre notre actualité et celles de nos auteurs. Mais au-delà, nous n’envisageons pas notre métier comme relevant d’une relation top-down avec nos lecteurs mais bien comme une communauté dont les membres (les auteurs, les lecteurs et Piranha) partageraient les mêmes centres d’intérêts, les mêmes passions. Dès le démarrage de la maison, nous avons donc fait le choix de créer un poste de Community Manager chargé d’animer cette communauté en devenir.
Vos ouvrages seront-ils disponibles sous format numérique ?
Nos ouvrages seront, bien sûr, présents en librairie, grâce à notre diffuseur, Harmonia Mundi Livres, mais également systématiquement disponibles au format numérique.
Edit du 21/03/2015 : Bernard Elchepp, co-fondateur des éditions Piranha est décédé brutalement le 13 mars 2015.
Hum, voilà qui est prometteur! Il existe plein de « petits éditeurs » qui prennent des risques (mais chercher la qualité, ça finit par se savoir!)
Oui. Après, il faut durer…
Si Piranha publie des textes de qualité je dis bravo! On verra à l’usage !
Voilà qui fait envie, tant sur le plan éditorial que de la charte graphique…
Franchement, de voir que certains se lancent encore aujourd’hui en misant sur la qualité et l’exigence (la leur et celle de leurs lecteurs), ça fait chaud au coeur. Une affaire à suivre…
En tout cas, mit glückliche Wünschen !
eh ben si tu le dis… 🙂
Il faut encore et toujours soutenir la naissance des maisons d’édition ! Merci pour cette mise en valeur !
Tu as eu l’occasion d’en lire un ?
Pas encore, bientôt j’espère !
Très intéressant, merci pour ce billet qui donne envie de découvrir des éditeurs méconnus.
Merci Ys pour l’info et l’interview ! Piranha est très prometteur ! Je vais consulter leur FB et voir s’ils ont un site. Bonne journée.
Les deux sont en lien dans le billet !
Intéressant et prometteur !
Merci pour cet entretien ! La maquette a l’air recherchée en tout cas, j’irai voir ça en librairie en septembre 🙂
Un nouvel éditeur qui semble très prometteur. Déjà j’aime l’idée de faire découvrir des auteurs déjà reconnus dans d’autres pays. Pour l’anglais et l’espagnol, j’ai la chance de pouvoir découvrir des auteurs non traduits, mais dans d’autres langues, je dépends entièrement des traductions existantes… A suivre de près donc.
Nous sommes pour certaines langues complètement dépendants des traducteurs : on les espère de qualité !
Merci pour cette découverte prometteuse !
Bien trouvé, c’est vrai que ça donne envie de dévorer…!
Un nom surprenant pour un éditeur, c’est lui qui a d’abord retenu mon attention. Comme quoi…
Ce qui est intéressant, c’est s’ils publient vraiment des textes de qualités…. A suivre !
Quelle bonne idée de nous faire découvrir cette nouvelle maison d’édition. Billet passionnant ! Merci 🙂
J’ai hâte de découvrir leurs livres !