Djinn La maudite de Jean-Louis Fetjaine

On connaît à Jean-Louis Fetjaine un goût pour les légendes arthuriennes. Dans Djinn La maudite, il délaisse la matière de Bretagne mais pas le Moyen Age puisqu’il nous convie en Orient au temps des croisades.

Tout commence en 1130 alors que la princesse Alix d’Antioche accouche d’un enfant illégitime, fruit de ses amours avec son connétable Renaud Mazoir. Elle lui ordonne de tuer l’enfant, mais il l’emporte et n’en fait rien. Au contraire, il le ramène sur ses terres auprès de son fils légitime lui aussi nouveau-né. A l’issue de l’accouchement, un événement étrange a lieu : l’enfant est marqué au cou par une vieille femme et la princesse elle-même est maudite.

Alors que l’action semble s’organiser autour du connétable et de sa progéniture, elle se concentre bientôt sur les diverses forces en présence autour de la princesse Alix qui entend bien garder le pouvoir qu’on lui conteste. Elle est une des filles du roi Baudoin qui lui dispute la principauté d’Antioche depuis la mort de son époux.

Tous les personnages mis en place par Jean-Louis Fetjaine ont existé et beaucoup des faits rapportés  ont eu lieu. On les connaît pourtant mal tant cette période des premières croisades est méconnue. On peut bien sûr facilement se mettre à jour. Les uns et les autres ont eu des vies plus que mouvementées, éminemment romanesques. Cependant, j’ai peiné à m’intéresser ici à leur sort car ils ne sont globalement qu’esquissés. Aucun n’a vraiment de profondeur et la technique de la mort subite des héros, à la mode depuis Le Trône de fer, est ici dommageable car elle s’abat sur le personnage le plus dense. Le roman est bien trop court pour embrasser la complexité de tant d’hommes et de femmes, de surcroit si éloignés de nous dans le temps et l’espace : ils n’ont pas la place de se complexifier ni de nous intéresser.

Restent les événements eux-mêmes, c’est-à-dire les affrontements entre les divers ennemis en présence. Les diverses alliances sont compliquées et les motivations des uns et des autres par toujours claires à mes yeux. C’est sans doute que me désintéressant des personnages, je peinais à trouver une accroche pour retenir mon attention. Je l’ai trouvée dans l’évocation de la religion musulmane, traversée de dissensions voire de luttes entre les différents dirigeants qu’ils soient religieux ou politiques.

Je crois que Djinn la maudite pâtit avant tout d’un manque d’ambition quant aux personnages. Ils ne fonctionnent que sur des archétypes, en raison d’un faible nombre de pages, alors qu’ils ne manquent à la base pas d’intérêt. Une déception donc, puisque le Moyen Age est ma période de prédilection, que je vous invite à modérer en lisant par exemple la chronique bien plus positive (quasi enthousiaste !) de Lorhkan.

Jean-Louis Fetjaine sur Tête de lecture

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Djinn La maudite, Jean-Louis Fetjaine, Fleuves Editions (Outre Fleuve), avril 2017, 285 pages, 19€