La véritable histoire de Moby Dick de Nathaniel Philbrick

La véritable histoire de Moby Dick

Le 2 août 1819, l’Essex part pour une partie de chasse à la baleine. Au cachalot plus précisément. Retour prévu dans deux ans. Car il est fini le temps où les eaux autour de l’île de Nantucket, Massachusetts, regorgeaient de mammifères marins. Ils ont tous été exterminés et ce massacre a fait la fortune des habitants, en majorité Quakers. Des pacifistes quand il s’agit d’êtres humains mais pas concernant les animaux. Pour chasser le cachalot, il faut désormais se rendre dans le Pacifique et donc doubler le Cap Horn.

Le capitaine Pollard n’est pas inquiet : il a déjà franchi le fameux cap même s’il n’a que 28 ans. Son second Owen Chase également. Ce qui les inquiète, c’est plutôt d’avoir à tout apprendre à six matelots noirs recrutés au dernier moment à Boston : on ne se bouscule pas pour cette campagne de pêche… Prémonition ?

L’Essex a quitté Nantucket depuis deux jours et il essuie déjà une violente tempête. Ça serait une bonne idée de rentrer pour réparer, pense Pollard. Mais non. Il va se ranger de l’avis de Chase son second et de Joy son lieutenant. Une mauvaise décision après l’autre, l’Essex fait une piètre pêche qui le pousse à prendre des risques en s’éloignant considérablement. Et c’est au milieu de nulle part que l’incroyable survient : le navire baleinier est attaqué par un immense cachalot qui l’éventre et le fait chavirer… avant de disparaître à jamais.

La situation de l’équipage qui embarque dans les trois canots baleiniers va aller de mal en pis. Après l’épisode classique de l’île déserte, il y aura la faim, la soif, les rations qui diminuent, les premiers morts, les hallucinations, le cannibalisme.

Il y aura des survivants bien sûr puisque certains ont écrit leurs mémoires qui ont ensuite inspiré Herman Melville pour écrire Moby Dick. Tous n’auront d’ailleurs pas la même version, mais tous reprendront la mer malgré cette épouvantable épreuve.

En dehors du naufrage et du périple qui a suivi, Nathaniel Philbrick retrace le contexte socio-économique de l’époque, la vie des habitants de Nantucket, les dégâts causés par la chasse intensive aux cachalots et à la baleine. Pour faire comprendre ce qu’ont supporté (ou pas) les naufragés, il fait appel à des études récentes sur par exemple la dénutrition et ses conséquences. Toutes ces informations s’intègrent bien au récit principal, très romanesque sans être romancé (Nathaniel Philbrick n’imagine pas les pensées des différents protagonistes) et bien mené, sans longueurs descriptives. On a même plusieurs plans du bateau et la liste de l’équipage avec les grades de chacun.

Voilà donc une lecture instructive et plaisante que j’ai le plaisir de présenter en même temps que Keisha du blog En lisant en voyageant, que je remercie de son infinie patience. Faire une LC avec moi, c’est une aventure en soi, mais ça rapporte des points pour le Book Trip en mer !

 

La véritable histoire de Moby Dick. Le naufrage de l’Essex qui a inspiré Herman Melville

Nathaniel Philbrick traduit de l’anglais (américain) par Gérald Messadié
Lattès, 2000
ISBN : 2-7096-2056-1 – 350 pages – 125 Francs !

In The Heart of The Sea, parution originale : 2000

 

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33 Comments

  1. C’est le genre de livre dont je raffole. On pense tout de suite aux Naufragés du Wager évidemment. L’essai de Nathaniel Philbrick a-t-il le même souffle que celui de David Grann ?

    1. Il est sans doute moins littéraire, peut être moins minutieux mais on embarque vraiment avec ces hommes et c’est une intéressante découverte du métier.

  2. Je recommande ce livre, qui m’a vraiment passionnée. Oui, ça vaut le Wager, on n’a pas de mutinerie, c’est vrai, mais on a plein d’autres ingrédients.

  3. Brrr, j’en frissonne rien qu’à te lire. Je ne sais pas si j’aurais le cran de m’attaquer au livre (je suis une petite nature, les situations de survie, a fortiori avec cannibalisme, m’angoissent terriblement). Fort intéressante malgré tout, cette histoire !

    1. Ce livre a séjourné longtemps sur des étagères un peu poussiéreuses mais il a connu beaucoup de lecteurs : je suis au moins la quatrième. C’est vraiment chouette quand les livres circulent aussi longtemps 😉

  4. C’est vrai qu’il faut s’accrocher pour tous ces récits de pêche et de massacre, mais je suis surtout intéressée par l’île… peut-être que ce texte me plairait bien. Je le note dans un coin !

  5. Des récits de ce genre, c’est tout ce que j’aime ! Hélas, introuvable ou alors à des prix prohibitifs, les gens ne se gênent pas… J’espère qu’un éditeur pensera à le rééditer, on peut toujours l’espérer. Ce livre semble vraiment le valoir. En plus, je vois que l’auteur a écrit un autre livre qui a été adapté en 2015 par Ron Howard sous le titre Au coeur de l’océan, donc il a tout de même fait l’actualité il y a moins de 10 ans…

    1. Ma chère Fanja, ce livre n’est pas à moi mais à ma belle-maman. Je racontais au cours du repas de Pâques dernier (durant lequel je regarde les gens se bâfrer de gigot pendant que je mâchouille mes champignons…) que j’écris des récits de catastrophes pour un de mes producteurs. Un membre de la famille me fait alors remarquer qu’il a emprunté dans la bibliothèque familiale le récit qui a inspiré Melville. C’est une sacrée catastrophe, ça ! Donc, je prends avec en tête l’idée d’écrire un podcast tiré de ce récit, plus tard… (et en échange, je lui prête Retrouver Estelle Moufflarge cet excellent récit qui se déroule dans son quartier parisien : intense trafic de livres dans la famille !!).
      Et au hasard de commentaires à propos de mon billet sur L’étrange traversée du Saardam, je me rends compte que Keisha vient de lire ce livre… et qu’elle est ok pour qu’on publie un billet ensemble (plein de points pour ton Book Trip !). J’ai mis un bout de temps avant de l’entamer et ensuite, comme j’écrivais mon podcast en même temps que je lisais, mon rythme était assez lent. Mais Keisha a soutenu mes innombrables reports de date et voilà !
      Donc, j’en reviens à ma belle-maman : je vais lui demander la permission (qu’elle m’accordera, trop contente que son livre fasse encore des heureux après 25 ans!) et je te l’enverrai sans problème.

      1. Merci, c’est trop gentil ! Et j’ai bien ri de ton récit ! Que de coïncidences et de péripéties ! Mais j’ai opté pour la VO numérique ce matin, à 4 euros, ça allait, je n’y avais pas pensé en vous lisant. Pour l’anecdote supplémentaire, je te parlais hier du livre adapté par Ron Howard sous le titre Au coeur de l’océan, eh bien en fait, après recherches, il s’agit de celui que vous avez lu ! Je m’étonne encore plus qu’il n’ait pas été réédité pour l’occasion.

  6. Très intéressante en effet cette histoire « vraie » je n’en avais pas encore entendu parler. J’ai lu Moby Dick il y a des années, et je viens d’emprunter les deux volumes en BD, histoire de participer si j’y arrive à ce challenge que je n’ai pas encore eu le temps de commencer, qu’importe si je reste mousse ! Je note celui-ci pour plus tard et je vais de ce pas aller lire l’avis de Keisha que je ne suis pas encore allée voir cette semaine…

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