L’épouse hollandaise d’Eric McCormack

Eric McCormackUne femme, Rachel Vanderlinden a un jour ouvert sa porte à un homme qui prétendait être son mari. Bien entendu, elle sait qu’il n’en est rien mais le fait entrer et fait comme si. Ils vont vivre trois ans ensemble, avoir un enfant (Thomas), avant qu’il ne se fasse tuer en Europe, durant la Première Guerre Mondiale. Jamais durant ces années de vie commune Rachel n’a demandé à cet homme qui il était réellement. Á l’article de la mort, elle avoue à son fils que son mari n’était pas son père (ou que son père n’était pas le vrai Rowland Vanderlinden, c’est pareil) et lui demande cependant de le retrouver pour qu’elle sache ce qu’il est devenu et surtout pour savoir qui était l’inconnu qui a pris sa place. Mais Raoul Vanderlinden était anthropologue et il est parti vivre loin, très loin du Canada. Pour Thomas, un long voyage commence qui va le mener jusque l’archipel des Motamuas, quelque part dans le Pacifique.

Cette histoire est le récit principal, qui nous est conté par un narrateur écrivain qui n’est autre que le voisin de Thomas Vanderlinden devenu vieux qui lui raconte son périple. Il a rencontré quantité de gens qui lui ont raconté quantité d’histoires qui allongent à n’en plus finir celui de la quête du non père… je ne sais pas si je suis claire. Bref, il faut en arriver à la page 257 de ce roman d’Eric McCormack pour savoir ne serait-ce que le nom de celui qui s’est jadis présenté à la porte de Rachel en se faisant appeler Rowland Vanderlinden. C’est un peu long… et l’auteur s’en amuse quand il fait dire à Thomas : « Je mets tellement de temps à les réunir [Rachel et l’inconnu] que vous devez vous dire que je ne veux pas qu’ils se retrouvent. Je ne m’amuse pas à préserver le suspense. C’est juste que dans la vie, comme dans les livres, il faut passer par un certain nombre de préliminaires avant que les personnages se rencontrent. Alors encore un  peu de patience…. » Je crois ne pas en avoir eu assez…

Alors bien sûr, on peut se laisser prendre aux différents portraits évoqués dans ce périple, aux multiples paysages, peuplades et aventures de ces innombrables protagonistes qui n’ont pas tous, loin de là, à voir avec l’histoire principale. Certaines m’ont charmée, comme celle du ver de Guinée que je vous rapporte :

C’est un parasite qu’il a dans le corps. Un ver – un ver de Guinée […]. Ils grandissent à l’intérieur de leur victime jusqu’à atteindre un mètre vingt, environ. Parfois, ils transpercent la peau et pointent la tête dehors. Si on réussit à les entourer autour d’une brindille, ils ne peuvent plus se retirer. Mais il faut de la patience. Á chaque fois que la tension se relâche, il faut tourner un peu, puis encore un peu. C’est le même principe que pour remonter un poisson avec une ligne qui n’est pas très solide. Si on tire trop fort, le ver casse et c’est fichu. Il reste à l’intérieur et continue de grandir. On peut mettre des semaines voire des années à l’extraire. Il arrive qu’au moment même où un ver est presque sorti, un autre montre le bout de son nez. Il y a des gens qui passent toute leur vie à essayer de s’en débarrasser.

Appétissant, vraiment, et très représentatif des coutumes incroyables dont le narrateur parsème ça et là son récit.

Mais pour quelques histoires aussi succulentes que celle-ci, beaucoup trop de longueurs à mon goût.

 

L’épouse hollandaise

Eric McCormack traduit de l’anglais par Sabine Porte
Le Seuil (Points n°P1658), 2007 – Edition originale : Christian Bourgois, 2005
ISBN : 978-2-7578-0141-3 – 331 pages – 7 €

The Dutch Wife, parution au Canada : 2002