Bonjour tristesse de Françoise Sagan fut à sa sortie en 1954 un livre événement. En cette après-guerre corsetée, ce roman souffla un vent de légèreté et même de liberté, de scandale aussi.
Cécile, la narratrice, a dix-sept ans. Élevée dans une pension tenue par des religieuses, elle vit depuis deux ans avec son père Raymond, veuf et heureux de l’être. Car Raymond est un homme à femmes qui aime les plaisirs de la vie et mène la sienne sans aucune contrainte. C’est un père aimant mais certainement pas un bon père de famille comme on l’entendait à l’époque. Il fait la fête avec sa fille et tous deux s’entendent comme des amis très proches. Tout va bien pour eux.
Ils partent pour deux mois sur la Côte d’Azur en compagnie d’Elsa, la maîtresse du moment. Bien plus jeune que Raymond, elle lui ressemble par sa légèreté et son goût pour la fête. Tout va encore bien.
Mais voilà qu’Anne entre en scène. Une amie de Raymond et du même âge que lui. Beaucoup plus mûre et réfléchie qu’Elsa, belle et très comme il faut. Elle séduit Raymond et il décide de se marier. Cécile apprécie Anne mais pas le tour que prend la vie avec son père. Anne entend tout régenter, manger à heures fixes, lui faire réviser son bac et vivre avec eux. Cécile est pour le moins tiraillée même si elle s’amourache de Cyril, beau jeune homme bronzé qui lui fait découvrir l’amour.
Pour faire entendre raison à son père et retrouver leur insouciance, elle monte un plan machiavélique qui aura de terribles conséquences.
Il n’est pas difficile d’imaginer combien Bonjour tristesse a pu choquer le bourgeois. Ni pourquoi il a valu à la toute jeune Françoise Sagan une célébrité immédiate, au-delà du scandale. Son écriture est extrêmement mâture tout comme sa description des sentiments. Elle fait preuve d’une grande finesse dans l’analyse psychologique, celle de Cécile mais aussi celle de Raymond. Il se comporte comme un homme qui ne serait pas sorti de l’adolescence, alors que Cyril lui se comporte en adulte responsable. Il souhaite d’ailleurs épouser Cécile. Raymond (comme Cécile) refuse les carcans sociaux et entend vivre à sa guise, quelles qu’en soient les conséquences pour autrui. Le père et la fille sont foncièrement égoïstes, mais heureux…
La légèreté du père et de la fille ne peut être dissocier d’une certaine superficialité qui nous les rend mal aimables. Le portrait pourtant est saisissant tant il est précis et de peu de mots. Sans longues descriptions ni formules, on voit la Côte d’Azur, la décapotable d’Anne le long de la corniche, l’adolescente capricieuse et immature tiraillée par ses contradictions, la confusion des sentiments. Et Françoise Sagan, tout entière dans ce premier roman.
Bonjour tristesse
Françoise Sagan
Pocket, 1991 (première édition : 1954)
ISBN : 2-266-12774-8 – 153 pages
J’ai lu ce roman quand j’étais adolescente justement et je pense être passée complètement à côté à l’époque.
Moi aussi : c’est un roman d’une grande maturité.
Je connais le roman de nom mais je n’ai jamais croisé plus loin. Il faudra que j’y remédié pour découvrir le talent de l’autrice et les deux personnages qui semblent vivre dans l’instant présent, du moins jusqu’à ce que le grain de sable ne vienne enrayer la machine.
C’est un roman que tout le monde connaît mais qui ne se lit plus beaucoup…
C’est dommage vu ce que tu en dis…
Tu donnes envie de lire ce classique à côté duquel je suis passée jusqu’à présent. Je n’imaginais pas ce genre d’histoire en fait.
Il se lit vite mais est vraiment dense autant par l’écriture que par l’histoire racontée.
J’ai trouvé ça très ch…
La gamine est franchement pénible ! J’ai du mal à apprécier un roman quand je n’aime pas les personnages.
Il est en effet difficile de s’identifier à Cécile mais heureusement, je ne fonctionne pas ainsi quand je lis. Le père et la fille sont des êtres superficiels mais quel talent pour les décrire !
Bien sûr je l’ai lu, il y a fort longtemps, ça mériterait une relecture! Merci
On ne relit pas avec les mêmes yeux, l’expérience de lecteur compte pour ne pas s’attacher aux seuls désagréables personnages.
Ah c’est ton programme « classiques du XXe siècle », je reconnais ! Lu, c’est très fin, mais c’est vrai que les personnages sont tous antipathiques et que la vision de la société est un peu dépassée, ce qui nécessite une certaine attention de notre part. Comme d’autres, faudrait que je le reprenne.
Il y a tellement de romans que j’ai oubliés…la relecture est salutaire.
Impossible de m’en souvenir, et je crois pourtant l’avoir lu…
Maudite mémoire 😉
J’ai lu ce roman de Françoise Sagan au sortir de l’adolescence et je pense qu’il me faudrait maintenant le relire pour porter un autre regard sur son oeuvre…Merci de nous en donner envie
Les adolescents et les relations familiales ont bien changé… Cécile et Cyril se vouvoient, ça semble vraiment désuet…
Il faut le lire il me semble pour cette ambiance que tu décris très bien dans le dernier paragraphe. Lu il y a quelques années et je l’ai bien aimé.
Oui tu as raison, il faut vraiment faire un pas de côté. Ce n’est pas un roman historique qui avec le récit donne des clefs de compréhension du contexte, c’est vraiment un texte des années 50.
un de mes livres préférés, un classique de la littérature française que j’aime offrir et faire découvrir.
Et finalement, si tout le monde connaît le titre, peu de gens l’ont lu ou s’en souviennent.
Ouh ! je l’ai lu il y a à peu près…un siècle !
Ce fut un grand succès, son plus gros sans doute…
Oui je pense. Elle a beaucoup écrit mais jamais retrouvé ce succès-là.
j’avais adoré ce roman lors de sa parution, de lire que son écriture est très « mature » me donne envie de le relire , ses autres romans m’avaient beaucoup déçus
J’ai La femme fardée sur mes étagères, que je lirais bien.
J’avais beaucoup aimé ce roman, lu à l’adolescence et j’avais enchainé sur d’autres titres de Sagan ( à l’adolescence, quand je trouvais un auteur que j’aimais, je voulais tout lire à suivre, c’est comme cela que j’ai lu tout Colette, Cocteau, Giraudoux … ) mais aujourd’hui, je ne me souviens que de ce titre là !
Les habitudes de lecture sont étranges : il y a des auteurs que j’apprécie beaucoup mais aucun dont j’ai eu envie de lire toute la bibliographie…
Un très très ancien souvenir de lecture et pourtant, encore bien présent à ma mémoire.
Il est difficile de comprendre comment fonctionnent les souvenirs de lecture : parfois, j’apprécie beaucoup un roman et pourtant, j’en oublie l’histoire.
Je l’ai lu il y a 2 ou 3 ans, et j’avais été scotché par ce que tu dis : en quelques phrases un décor, une action, et un retentissement.
Une autrice que j’aime beaucoup, j’ai lu pas mal de ses ouvrages, dont celui-ci. J’en garde pour la suite, pour en déguster un de temps en temps !
La pauvre n’est plus très à la mode auprès des jeunes générations.