Soudain dans la forêt profonde d’Amos Oz

Soudain dans la forêt profondeDans un village au bout du monde, triste et gris, sombre et morne, les habitants n’ont pas vu d’animaux depuis des décennies. Ni mouche, ni poisson, ni oiseau : ils sont tous partis. Maya et Matti voudraient bien savoir pourquoi et, bravant l’interdit, s’enfoncent un jour dans la forêt profonde où ils vont certainement croiser Nehi, le démon des montagnes qui terrorise les nuits des honnêtes gens.
Car « personne au village n’aurait pu apprendre aux enfants que la réalité n’est pas forcément visible, audible ou tangible, mais souvent indiscernable, impalpable, ne se dévoilant parfois fugitivement qu’à celui qui la cherche avec les yeux de l’esprit, est capable de l’entendre avec les oreilles de l’âme ou de la toucher avec les doigts de la pensée. » Maya et Matti vont donc découvrir eux-mêmes la raison de l’exil des animaux qui ont trouvé un paradis loin des pensées malsaines et du sarcasme. Car avant d’être sorcier, Nehi était un enfant juste un peu différent, bizarre, ne récoltant que mépris et rebuffades. Alors qu’il était prêt à tout pour qu’on le tolère, il n’obtint que le statut de « pitre pour amuser la galerie. » Réfugié avec les animaux loin des hommes, il a trouvé la paix.

Il existe quelque part un paradis réservé à quelques élus, un lieu privilégié où ont trouvé refuge rêves et rêveurs, enfants innocents et adultes différents. Dans ce conte qui peut aussi être une belle histoire pour enfants, Amos Oz écrit pour la tolérance et le rêve, pour le droit d’être différent et pour l’espoir.

Plus loin encore, on peut comprendre qu’il y a un endroit où tous les hommes quels qu’ils soient seront acceptés et trouveront leur place malgré leurs différences. Cet endroit accessible à tous n’est pourtant visible que par quelques uns, par les coeurs simples et purs et fermé à ceux qui ont contracté « la maladie du mépris et de la raillerie. » Il ne tient qu’à nous tous d’en parler « aux insulteurs, aux agresseurs, à ceux qui éprouvent un malin plaisir à faire souffrir autrui, […] à tous ceux qui sont disposés à vous écouter » : « parlez et parlez encore sans vous décourager », prêchez et alors peut-être la paix reviendra, symbolisée par l’alliance nouvelle entre les hommes et les animaux.

Ce livre est disponible chez Gallimard en collection jeunesse avec des illustrations de l’Allemand Georg Hallensleben.

Soudain dans la forêt profonde

Amos Oz traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Gallimard (Folio n°4701), 2008
ISBN : 978-2-07-035562-4 – 125 pages – 4,20 €

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