Malgré des avis assez divergents glanés ici et là, je me suis décidée dimanche dernier à faire quatre-vingts kilomètres pour aller voir le dernier Clint Eastwood. Et ce malgré un souvenir très mitigé de Minuit dans le jardin du bien et du mal dans lequel j’avais trouvé les acteurs plutôt mauvais. Et comme Angelina Jolie n’a rien pour retenir mon attention, c’était bien juste pour le grand Clint…
Los Angeles, 1928. Walter Collins, neuf ans, disparaît de son domicile sans laisser de traces. Christine Collins, sa mère, met en branle la machine policière, mais les mois passent sans aucune nouvelle. Un beau jour pourtant, on lui annonce que son fils a été retrouvé. Mais dès le premier regard, elle ne reconnaît pas celui qu’on lui présente comme son fils. Elle l’explique aux policiers qui invoquent le traumatisme de la perte et lui conseillent de laisser faire le temps. Mais le garçon qu’on lui a ramené fait huit centimètres de moins que le sien, le dentiste confirme qu’il ne s’agit pas de lui, ainsi que son institutrice. Christine Collins s’acharne pour que la police ne cesse pas les recherches mais elle fait bientôt figure d’élément gênant pour l’image de marque du Los Angeles Police Department (LAPD) qui la fait enfermer en asile psychiatrique. Elle trouve un unique soutien dans la personne d’un pasteur qui lutte contre le LAPD, devenu une véritable mafia dont les citoyens ont plus à craindre que des
bandits eux-mêmes.
Je ne dirais pas qu’Angelina Jolie n’est pas une bonne actrice, mais enfin, elle ne crève pas l’écran. On devrait être bouleversé par l’histoire de cette mère qui lutte envers et contre tout pour retrouver son enfant. Dans ce rôle, sans être mauvaise, elle n’est pas vraiment convaincante, en tout cas pas émouvante. En revanche, Jeffrey Donovan est plus qu’à la hauteur dans le rôle du sale flic qui étouffe ce qui ne lui plaît pas : il est parfait de froideur et de corruption. Impeccable aussi, John Malkovich dans le rôle du pasteur. Quant à Michael Kelly (l’inspecteur qui traque un tueur d’enfants), je pense qu’il a tout simplement été catapulté des années 30 pour incarner avec une digne sobriété l’intégrité et l’obstination.
J’ai aussi beaucoup apprécié la qualité des images et des décors, j’aime particulièrement ces films pour lesquels il faut vider tout un musée d’anciennes Ford et d’archaïques téléphones.
Spoilers !
Quelques mots sur le tueur en série. Jason Butler Harner joue admirablement bien et je trouve les scènes de la ferme magnifiques, parce qu’elliptiques et effroyables à la fois. Si j’ai bien failli pleurer à un moment de ce film, c’est au moment de la pendaison, alors pourtant que meurt un type ignoble qui n’a rien pour lui.
Clairement, Clint Eastwood dit non à la corruption et au pouvoir policier. A travers ce vieux fait divers, il dénonce la toute puissance policière et la compromission en haut lieu. Face à cette gangrène toujours actuelle se dressent la vérité et l’espoir d’une femme presque seule contre tous.
C’est mélodramatique, sans pour cela être larmoyant, mais au final, je ne suis donc pas complètement convaincue par ce film dans lequel je n’ai pas retrouvé l’émotion d’un Mystic River. Angelina Jolie n’est pas une grande actrice, Clint Eastwood aurait certainement pu trouver mieux pour donner plus de force à son film.
L’échange de Clint Eastwood
Avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan…
Durée : 2h20 – Sortie nationale : 12 novembre 2008