Froid, très froid le week-end picard, mais ensoleillé et bien agréable puisque j’ai pu visiter l’exposition que le musée de Compiègne (Oise) consacre aux relations entre l’anglophile Napoléon III et la reine Victoria.
En 1851, le splendide Crystal Palace présentait la première Exposition universelle. Paraît que c’était une idée française que ces satanés Anglais ont su rapidement mettre en oeuvre pour un succès colossal (dix sept mille exposants, plus de six millions de visiteurs). Bref, il faudra attendre 1855 pour qu’une aussi belle Exposition universelle ait lieu à Paris. Napoléon III, ayant passé quelques jours à Windsor en avril, invite donc la reine et son époux en août pour visiter ladite exposition (et lui en mettre plein les yeux, disons-le). Visite événement s’il en est puisqu’aucun souverain britannique n’avait officiellement mis les pieds en France depuis la guerre de Cent ans. Fut-elle éblouie ? Oui, si on accorde foi à son journal (intime mais diplomatique tout de même…). Et le visiteur de l’expo de Compiègne ? Un peu moins, il faut le dire.
En une heure, le tour est fait avec la moitié consacrée à l’exposition de 1855, c’est-à-dire aux objets alors exposés (et pas des plus beaux, à mon avis, car pour connaître un peu le travail du faïencier tourangeau Avisseau, je vous assure que la pièce exposée est loin d’être la meilleure !). Une grande place est accordée à l’orfèvrerie et la céramique (les arts décoratifs), ainsi qu’à l’ébénisterie avec de superbes meubles tels qu’un bonheur-du-jour tout à fait étonnant.
Les deux Expositions universelles sont mises en parallèle, dévoilant les enjeux politiques et intellectuels de leur déroulement.
Mais je m’intéressais plus particulièrement à la première partie de l’exposition, aux relations entre Napoléon III et la reine, placées sous le signe de la réconciliation. Heureusement que je n’arrivais pas historiquement démunie ! Si vous ne connaissez pas les causes de la guerre de Crimée, mieux vaux vous documenter avant car très peu d’explications sont données (renseignez-vous également sur l’affaire des princesses espagnoles). Deux clichés photographiques de la guerre de Crimée, c’est vraiment trop peu mais le parti pris de Roger Fenton de ne pas photographier les horreurs de la guerre sont très intéressants.
Il est aussi question du séjour de l’Empreur en Grande-Bretagne puis de la venue de la reine à Paris (portraits, vues du château de Saint-Cloud, intérieurs et extérieurs).
Les enjeux diplomatiques de l’Exposition universelle française sont par contre clairement expliqués, l’Empereur souhaitant répondre à la puissance industrielle anglaise par la supériorité française dans le domaine des Beaux-arts.
Bref, j’étais un peu déçue par le manque d’ampleur de cette exposition (pourquoi pas plus de développements sur l’anglophilie de l’empereur, sur la peinture anglaise de l’époque ?), mais tout de même charmée de voyager quelques temps dans cette ambiance si raffinée.
Vous avez jusqu’au 19 janvier pour vous rendre au château de Compiègne et profiter de cette exposition.