Les éclaireurs d’Antoine Bello

Bello-2.jpgJ’ai beaucoup apprécié Les falsificateurs d’Antoine Bello et attendais la suite avec impatience. Ces histoires de falsifications du réel étaient vraiment fascinantes et je me suis laissée prendre aux mystifications de ce mystérieux consortium. Si j’ai été déçue par cette suite, c’est ma faute, ne partez pas, elle vous plaira sûrement.

C’est qu’Antoine Bello nous plonge cette fois au coeur du 11 septembre 2001  et de ses conséquences, la guerre en Irak qui, je l’avoue bien piteusement à ma grande honte, ne m’intéressent absolument pas. Non je n’étais pas devant mon écran ce jour-là, non je n’ai rien suivi et oui, j’ai soigneusement évité tous les livres sur le sujet, jusqu’à celui-là. Mon manque d’intérêt pour l’actualité est blâmable, je le sais bien, mais c’est ainsi.

J’ai donc peiné comme jamais en lisant ce livre qui décortique l’escalade américaine vers la guerre. J’étais pourtant bien partie avec le premier dossier traité par notre héros, Sliv l’Islandais : l’entrée aux Nations Unies de l’improbable Timor Oriental qui ne réunissait aucune condition et que Sliv parvient à faire passer quasi pour une puissance de niveau international : bien joué, on est bluffé !
Mais le 11 septembre, damned, ce fut pénible ! Pourtant, le scénario est au moins aussi captivant que les autres, et on apprend avec stupéfaction, preuves à l’appui bien sûr, que le CFR est à l’origine de la création d’Al-Qaïda. Pourquoi, comment ? Tout est minutieusement décrit, les détournements de preuves, les fausses informations et les intentions du Comex (Comité exécutif du CFR), jusqu’au rôle joué par un de ses membres dans le déclenchement de la guerre en Irak. Egalement une plongée au coeur de la démocratie américaine, son fonctionnement et ses failles. Et la fabrication de fausses preuves n’est pas un élément si étranger à l’administration Bush… Certainement passionnant pour qui est en phase avec la politique internationale, ce qui n’est donc pas mon cas.
Heureusement, Antoine Bello va au-delà des scénarios et densifie son roman grâce à l’amitié sincère et pourtant précaire qui unit Sliv et Youssef le musulman qui va devoir traverser les implications idéologiques et religieuses  du 11 septembre. Et l’une des interrogations principales de ce second roman reste la finalité du CFR : à quoi sert-il ? Quels sont ses buts et quelles causes défend-il ? Les réponses sont vertigineuses, et inattendues.

Nul doute que l’inventivité est toujours le maître mot d’Antoine Bello. Mais quand Les falsificateurs s’en tenait à de brillants scénarios romanesques, Les éclaireurs plonge le lecteur dans une actualité géopolitique qui est à peu près tout ce que je fuis en littérature. Je ne lis pas pour retrouver le monde tel qu’il est, même abusé par les maîtres faussaires du Consortium de Falsification du Réel.

Antoine Bello sur Tête de lecture

Les éclaireurs, Antoine Bello, Gallimard, janvier 2009, 477  pages, 21€

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