Porter Wren est chroniqueur de faits divers dans un journal new yorkais. Rien à voir avec la rubrique des chiens écrasés parce que comme chacun sait, « New York est une ville au potentiel dangereux ». Et des dangers, il va en rencontrer après avoir croisé la route de la très belle Caroline Crowley, jeune femme énigmatique qui le séduit et devient l’objet de son premier adultère. Mais que veut-elle vraiment ? Elle a été l’épouse d’un très célèbre réalisateur d’avant-garde, Simon Crowley, dont le corps a été retrouvé dans les décombres d’un immeuble démoli. L’enquête n’a jamais abouti. Il a légué à Caroline une série de cassettes vidéo qu’elle tient enfermées dans un coffre et qu’elle décide de montrer à Porter Wren. Par dizaines, il a filmé des instants de vie, souvent violents, sexuels, mettant en scène les ratés de la société, ou son gratin.
Séduit par Caroline autant que par le mystère qui plane autour de la mort de son défunt époux, Wren plonge dans cette histoire qui va l’emmener très loin, vers d’autres cassettes et vers des personnages qui ont beaucoup à cacher et sont pour cela prêts à tout. Et le lecteur de le suivre dans cette enquête minutieuse, passionnante et extrêmement bien construite. Dès les premières phrases du roman, le voilà accroché sans espoir de pause avant de savoir le fin mot de l’histoire :
Je vends le meurtre, la mutilation, le désastre. Et ce n’est pas tout : je vends la tragédie, la vengeance, le chaos, le destin. Je vends les souffrances des pauvres et les vanités des riches. Les enfants qui tombent des fenêtres, les rames de métro qui flambent, les violeurs qui s’éclipsent dans la nuit. Je vends la colère et la rédemption.
La narration est très bien maîtrisée et les petites phrases traditionnelles faites pour appâter le lecteur (du genre « j’ignorais alors que, plus tard, j’allais avoir besoin de son aide« ), si maladroites dans les romans médiocres, sont ici autant de stimulations qui poussent à ne pas interrompre sa lecture. Les fils de l’histoire s’emmêlent, semblent en former plusieurs, pour finalement nouer plusieurs destins, ceux des riches et des pauvres, comme en ricochet, comme dans la vie.
Les personnages sont tous très justes, des principaux aux secondaires, comme Joséphine, la femme noire qui garde les enfants des Porter ou Ralph, l’ermite philosophe. Tous ont une histoire et en acquiert une épaisseur telle qu’il semble qu’on pourrait les rencontrer en se promenant dans les rues de cette ville fascinante, que l’on découvre à travers ses diners chics, ses quartiers sombres et jusque ses souterrains où la vie grouille aussi. Mais c’est bien sûr le narrateur, Porter Wren, qui tient tout le roman par son verbe, ses doutes, ses investigations. Ni désabusé ni désespéré, c’est juste un homme qui cherche la vérité et qui va découvrir bien plus sur lui-même et la nature humaine qu’il ne l’aurait au départ souhaité. Il est attachant cet homme-là, malgré ses faiblesses ou à cause et même s’il décide, au final, dans la plus parfaite mauvaise foi masculine de ne pas parler de sa liaison à sa femme : « peut-être suis-je foncièrement lâche, mais je préfère garder ma culpabilité pour moi plutôt que d’obliger ma femme à l’affronter« . Ben voyons…
Manhattan nocturne
Colin Harrison traduit de l’américain par Christophe Claro
10/18, 2009
ISBN : 978-2-264-04733-5 – 420 pages – 7,90 €
Manhattan nocture, publication aux Etats-Unis : 1996
À voir tes commentaires pendant ta lecture, je me doutais qu’il y aurait un petit coeur!!! Je suis doublement convaincue! ;)) Et hop, dans la wish list!!
Écris-le en bien gros, c’est un super bouquin !
Avec un joli cœur comme celui-ci je ne peux que noter le titre. Surtout que l’histoire a en effet l’air prenante…
Ça commence fort dès le début et ça ne s’arrête pas, ce qui est quand même rare et très prenant : à lire obligatoirement !
Ah je suis contente de voir un petit coeur !!! Mais il ne pouvait en être autrement, je ne sais pas pourquoi, je sentais que ce roman te plairait !
Bien vu effectivement, quel bon moment j’ai passé avec Wren Porter, tout à fait mon genre. Je suis sûre que tu vas faire un carton avec ce livre, merci encore.
Je suis sur la route de ce livre voyageur, et je pense que je vais aimer, sans lire ton billet, j’y reviendrai plus tard ! 😉
Tu as très bien fait de t’inscrire, ça ne m’étonnerait qu’il te plaise vu que nous avons pas mal de goûts en commun. D’ailleurs, je te suggère de publier ta PAL, je suis sûre que nous pourrions faire des lectures communes.
Je l’ai lu il y a quelques années et j’en garde un très bon souvenir. Il faudrait que je lise d’autres romans de Colin Harrison d’ailleurs…
Moi aussi, si ma route croise à nouveau la sienne, il se pourrait que nous fassions affaire ensemble…
J’ai toujours lu de très bonnes critiques de cet auteur mais encore rien lu de lui… Ton billet confirme 🙂
Bonnes fêtes de Noël 🙂
Avec ce livre voyageur, les bons billets vont affluer et tu vas être obligée de céder. Moi, avant ce livre, je ne le connaissais pas… quelle bibliothécaire, tu parles !
Je l’avais déjà noté chez Manu, je pense bien le lire un jour, quand ma PAL va diminuer (soupirs ..)
Non ! Ne me dis pas que tu y crois encore !!!
Bon beh, celui là il me le faut … aussi
A, les dangers de la blogosphère !
Eh bien! En voilà un à ne pas rater! Avant même de te laisser ce Com, j’ai noté et souligné ce titre! Très envie de savoir le fin mot de l’histoire! 🙂
Ah mon avis, tu dois pouvoir t’inscrire sur le liste de ce livre voyageur, tu es à point…
Oui merci Manu ! J’ai adoré aussi !
je suis contente qu’il t’ai plu (et n’en doutais pas en fait 🙂
T’as vu, je suis dans le mood pour New york !
Tiens, par exemple, je pourrais l’offrir à mon mari (Manu dit qu’il plaira aux amateurs de romans noirs) et comme ça il serait là, pas loin, disponible au cas où j’aurais un jour très envie de le lire… Une idée à creuser 😉 !
Excellente stratégie, que je pratique moi-même à grande échelle (tu verras demain, c’en est même honteux !)
Je ne lis pas ton billet car je devrais, un jour prochain, le recevoir à mon tour, m’étant inscrite auprès de Manu pour ce livre voyageur… 😉
J’en profite pour te souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année et que le père Noël t’apporte une (des?) montagne(s?) de livres sous le sapin !!! 😀
J’ai programmé mon billet pour notre lecture commune du 29 donc normalement, il paraîtra à temps… A très bientôt ! 😉
Très bonnes fêtes à toi aussi, j’espère que tu seras gâtée et c’est toujours ok pour le 29 !
Ah, si toi aussi tu l’as adoré, j’ai encore plus hâte de le recevoir !!!
Avec un peu de chance il sera dans ma boîte aux lettres lundi !
Bonnes fêtes de fin d’année !
Il n’est pas encore arrivé !!! Ça m’inquiète, je l’ai quand même posté vendredi… préviens-moi dès que tu le reçois surtout, j’espère qu’il ne s’est pas perdu dans les montagnes de Noël…
Je dois être une des rares à avoir abandonné cette lecture au bout de 150 pages environ. Impossible d’entrer dans l’histoire. La narration m’endormait totalement. J’étais complètement hors du livre…
Ah bon !? Je n’aurais jamais pensé que ce livre pouvait faire cet effet-là, quel dommage !
Douce nuit de Noël à toi aussi, Ys !
Je viens de terminer un roman remarquable : « La Délicatesse » de David Foenkinos qui mérite vraiment un billet. Quel style ! Subjuguée, la Filo.
Vite vite alors, le billet !
Déjà marqué et remarqué chez Manu. Ton coup de coeur me donne encore plus envie de le lire. Bonnes fêtes et tous ces cadeaux…livres, dvds c’est super enfin je n’ai pas non plus à me plaindre 🙂
Pourquoi pas? Tu me donnes envie de le découvrir. Mais n’est-ce pas trop violent?
Non, au contraire et justement : ce n’est pas l’un de ceux qui se complait dans la violence et les scènes morbides ou de torture, non, tu ne feras pas de cauchemars !
Hello, et de fait, bonne année!
Je reprends contact petit à petit après les vacances.
J’ai le Harrison dans ma bibliothèque, trop fournie par ailleurs. Je l’ai lu à sa sortie, et en garde un souvenir agréable. Une morale ambigüe et des personnages troubles… Une véracité dans le ton, et un univers sombre mais nuancé. Intéressant.
Je vais essayer d’aller voir ce qu’il a écrit d’autre, ça me tente bien. Bonne année à toi aussi !