Le loup dans la bergerie de Gunnar Staalesen

Le loup dans la bergeriePrécisons d’emblée que si la vague Stieg Larsson entraîne de nombreuses rééditions qui ressemblent à des nouveautés à nos yeux, ce roman a été traduit en français en 1994, il y a seize ans et qu’il est sorti en Norvège en 1977, il y a donc plus de trente ans. Il n’y avait pas de Lehane ni d’Ellroy en matière de détectives privés, les références sont à chercher encore plus loin dans le temps.

Il s’agit ici de la première enquête de Varg Veum (son nom est une formule ancienne désignant un proscrit et qui signifie « le loup dans le sanctuaire ») détective privé à Bergen, Norvège. Ancien flic à la protection de l’enfance, il a été remercié suite à une altercation trop musclée avec un dealer. Il se spécialise depuis dans les recherches d’enfants, sans que ses enquêtes lui permettent de rouler sur l’or. Il conserve cependant encore quelques principes, comme ne pas s’occuper d’affaires de divorce. Alors quand l’avocat William Moberg lui demande de suivre sa femme qu’il pense adultère, il refuse. Peu de jours après, un homme lui demande de retrouver sa soeur, qui n’est autre que madame Moberg. Affaire réglée ? Pas tout à fait car il va suivre la jeune femme et être bientôt interrogé par la police comme le dernier témoin à l’avoir vue vivante…

On ne peut pas s’empêcher en lisant cette enquête de convoquer tous les autres privés déjà rencontrés au cours de précédentes lectures : divorcé, solitaire, désabusé, flegmatique, et bien connu des services de police d’une façon ou d’une autre. Et Américain, bien sûr. Un goût de déjà-vu donc chez ce Varg Veum, mais l’exercice s’avère réussi. A l’instar de ses confrères dans le genre, Gunnar Staalesen fait du contexte social un élément capital de son histoire. Ici la drogue et la prostitution sont au cœur de l’intrigue, dans une petite ville qui pour être touristique n’en possède pas moins une face obscure, voire même glauque. Il a également le don de faire des portraits très parlants de ses personnages, au premier rang desquels Varg Veum, soit pour critiquer la compromission des hautes sphères, soit pour témoigner beaucoup d’attention et d’empathie envers les victimes.

Je ne connais bien sûr rien au norvégien, mais j’ai trouvé le style très agréable à lire, entre auto-dérision et humour, avec bien sûr son lot de réparties qui font mouche.

Le loup dans la bergerie

Gunnar Staalesen traduit du norvégien par Olivier Gouchet
Gaïa, 2001
ISBN : 2-910030-95-4 – 206 pages – 15 €

Bukken til havresekken, parution en Norvège : 1977

58 commentaires sur “Le loup dans la bergerie de Gunnar Staalesen

  1. Pas lu celui-ci, mais cela se fera, j’aime bcp les polars scandinaves (bien avant la mode de Millenium), quand il était particulier difficile de trouver des polars du froid !

  2. J’avoue, je surfe sur la vague « Millénium », mais je découvre en même temps les polars nordiques, et j’aime ! Donc je note celui là aussi !

  3. Je l’ai lu il y a un bout de temps, et je n’ai pas été emballé. Donc je l’ai abandonné, jusqu’à l’année dernière où « Les chiens enterrés ne mordent pas » m’a vraiment emballé. On m’a conseillé Les anges déchus qui est parait-il un chef d’oeuvre. Je l’ai donc acheté

    1. Je vais poursuivre avec cet auteur, j’aime bien commencer par la première enquête en général, alors je me réjouis de bientôt tomber sur les chefs d’œuvre en question !

  4. Je n’ai jamais lu de polars nordiques, donc vu que ta critique est bonne, je le note dans ma lal

    Merci & bonne journée

    Lily

  5. Bon je vais faire original : je l’ai lu! Avant même Millénium et Indridason (bibli de R.)J’en ai lu un autre (titre oublié) , pas toujours la joie dans ses enquêtes, j’ai laissé Varg Veum, mais je reconnais que c’est une bonne série.

  6. Je suis Varg Veum depuis le début… tous les épisodes ne se valent pas mais le personnage est attachant! Il a parfois un petit air d’Elvis Cole nordique, pour l’humour..

  7. Eh bien dis moi, aussitôt eu, aussitôt lu ;-)))
    Je vois que l’on a encore beaucoup de découvertes littéraires à faire. On découvre petit à petit des auteurs dont on avait encore jamais entendu parler. C’est bien.

    1. J’ai encore tout plain d’envie de polars, scandinaves, anglais, américains, français… j’espère quelques coups de coeur à vous faire partager.

  8. C’est marrant, je viens juste de l’acheter, avec un de Daeninckx, et en plus ils m’ont offert une BD de Tardi

  9. Décidément, cette littérature policière nordique, quelle mine d’or !!!
    Tiens, au fait, tu m’as tentée, je m’intéresse de plus en plus à WordPress… (là non plus tu rembourses pas si on est déçu ? ^_^)

    1. Je ne te cacherais pas que le déménagement n’est pas une mince affaire, c’est mieux quand on est aidé par un pro si on ne l’est pas soi-même, mais après, quel bonheur !

      1. Je suis sur la bonne voie, j’ai créé mon blog sur WordPress ! Maintenant il faut que je le mette en page, que je l’alimente, que je prévienne tout le monde, bref encore du travail en perspective ! Mais effectivement, ça a l’air beaucoup beaucoup mieux !

  10. Depuis le temps que je veux commencer avec les policiers d’Europe du Nord, il serait peut-être temps pour moi de me mettre au travail ! Mais il y a de plus en plus de bons auteurs de littérature nordique … Difficile de faire un choix judicieux ;-D

  11. En pleine découverte des polars, je viens de terminer Haka de Caryl Férey, dérangeant, n’est pas un faible mot pour le qualifier. En tout cas je note celui-ci, en plus j’aime beaucoup les Folio policiers!

  12. Pourquoi pas ? Je suis certes tentée par ce que tu en dis mais je ne le lirai peut etre pas en priorité… Je ne peux plus stocker de livre sur mon étagère « PAL » et ma LAL a atteint les limites du possible…

  13. Je découvre ton blog et une lecture en perspective par la même occasion… ma LAL va exploser, mais peu importe, c’est une bonne semaine qui s’annonce !

  14. Bonsoir Ys, j’ai lu plusieurs romans de cet auteur, je n’avais pas réalisé qu’il écrivait depuis si longtemps. J’ai lu aussi Le Loup dans la bergerie, Pour le meilleur et pour le pire; La Belle dormit cent ans ; La Femme dans le frigo; La nuit, tous les loups sont gris ainsi qu’Anges déchus tous parus en poche et aux éditions Gaia. Quand j’aurais un peu descendu je m’attaquerai au roman de Bergen. Il y a 3 x 2 volumes : L’aube, Le Zénith et Le crépuscule. Ce sont de vastes fresques dont le décor est la ville de Bergen. Car c’est une ville qui tient à coeur à G. Staalasen. J’aime beaucoup son personnage de Varg Veum. Bonne soirée.

  15. Je vais noter cet auteur. Je suis sans doute influencée par un phénomène de mode, mais j’avoue apprécier de plus en plus les polars scandinaves. Il y a souvent une manière de penser bien à part, une atmosphère particulière…

    1. Je pense aussi que les éditeurs commencent par traduire tout ce qui est bon, donc ça fait beaucoup à la fois, et du meilleur !

  16. Et bien la ville de Bergen m’attire beaucoup, comme la Norvège dans son ensemble… Il va falloir que je m’attaque à cet auteur, histoire de casser le mythe ! 😉

  17. Il y a quelques volumes moins bons dans la série Varg. On doit en être au 9ème si je ne me trompe pas (je les ai tous lus). Le dernier paru chez Gaia est excellent mais mon préféré reste « Anges déchus ». Ceci dit, malgré quelques titres plus moyens, il vaut peut-être mieux les lire dans l’ordre car, au niveau de certains personnages, il y a de nombreuses évolutions, à commencer par les relations de Varg avec les femmes

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