On dit… on dit que Victoria a été abusée par son professeur de musique, M. Saladin. On dit qu’elle est traumatisée. On dit que sa sœur Isolde l’est aussi. On pense qu’elles devraient voir un psy. Les mères s’affolent, s’indignent, condamnent. Victoria en Terminale est mineure, dix-sept ans, ça n’est pas encore dix-huit, il faut tenir les enfants loin de la sexualité. Il y a des cours d’éducation sexuelle au lycée, c’est plus que suffisant…
Et si Victoria était consentante ? Et si toutes ses camarades désormais la jalousaient ? Et si Isolde elle aussi avait envie de passer à l’acte pour devenir elle-même et non plus la sœur de Victoria ? La sexualité trouble des adolescents est le centre de ce roman qui bouscule bien des conventions. Celles de la morale qui transforme les jeunes filles en victimes alors qu’elles sont au moins aussi responsables, qui dit viol pour relations sexuelles avec une mineure. Mais ce roman de la jeune Eleanore Catton malmène également certains codes romanesques, par exemple celui de la chronologie, en choisissant de ne pas indiquer clairement quand ont lieu les événements racontés les uns par rapport aux autres. Les dialogues sont également déstabilisants, en particulier parce qu’on appréhende mal les personnages. On ne sait pas qui ils sont vraiment, ce qu’ils pensent… Les personnalités floues des adolescents se construisent sur ce procédé qui pour être cohérent n’en est pas moins lassant.
Il faut une bonne centaine de pages pour que se dessine une intrigue, d’un côté le jeune Stanley qui passe le concours d’entrée d’une prestigieuse école de théâtre, le réussit et devient donc un apprenti acteur, un menteur potentiel, qui peut être lui-même ou n’importe qui. De l’autre Isolde qui en plus du lycée suit des cours de saxophone auprès d’une professeur de musique atypique, voire perverse, lesbienne refoulée, amoureuse éconduite, qui tient des discours extrêmement déstabilisants aux mères de ses élèves. Elle lève le voile de la sexualité qu’elles souhaiteraient ne même pas aborder. Eleanore Catton a des passages terribles sur la maternité envahissante, la jalousie mère-fille :
…l’une de ces mères en manque d’inspiration, mièvres, collantes et sirupeuses, qui aimeraient mieux étouffer leur fille entre leurs mamelles, lui serrer la face contre leur sein jusqu’à ce qu’elle meure, plutôt que de rallonger sa laisse et de la voir s’éloigner.
Malgré quelques fulgurances et coups de pied là où ça fait mal, ma lecture de ce roman a plutôt été pénible en raison d’un style déconcertant et de personnages insaisissables.
La répétition
Eleanor Catton traduite de l’anglais par Erika Abrams
Denoël, 2011
ISBN : 978-2-20726146-0 – 436 pages – 22 €
The Rehearsal, parution en Nouvelle-Zélande : 2008
Je ne choisirai donc pas ce livre pour continuer mon challenge. Merci
J’aurais aimé que tous les titres/auteurs proposés tiennent leurs promesses, mais là…
Dommage car la couverture est très belle!
intrigante, je dirais…
je vais également passé mon chemin, d’autant qu’après un certain nombre de lecture difficile, j’aspire a des choses un peu plus légère…
Celle-la ne l’est pas du tout, en effet…
merci, je suis en train d’écluser mon retard donc je ne vais m’encombrer de de livre là alors merci, amicalement
Luocine
Ce n’est que mon avis, il fait lire celui de Miss Léo pour en lire un bien différent.
Ta conclusion me laisse dubitatif. Je trouvais très tentant tout ce que tu avais dit de ce livre jusque-là. Mais si on a du mal à s’y retrouver, tant dans l’intrigue que la psychologie des personnages, j’ai peur de ne pas aimer.
Je note ce titre quand même dans un coin de ma tête, oin ne sait jamais…
Je suis peut-être passée à côté de quelque chose, genre une écriture post-moderne… mais le post-moderne néo-zélandais est-il le même que l’américain, va savoir 😉
On ressent parfaitement au travers de ton résumé, la complexité de l’intrigue assez confuse au final, non ? Est- ce que chaque personnage est bien mené, bien dirigé par l’auteure ? Ton avis me laisse pantoise en tout cas.
Globalement, il y a bien deux héros, Isolde et Stanley, qui vont finir par se rencontrer. Je ne sais s’ils sont bien menés mais par contre, je sais que leur histoire ne m’a pas intéressée surtout en raison de la façon dont elle est racontée.
L’histoire avait l’air chouette et je l’avais emprunté mais l’ai abandonné; je n’aimais pas le style et je ne comprenais pas grand chose à l’histoire…
Il faut persévérer un peu pour voir se dégager une intrigue…
J’avais lu le premier chapitre dans Lire, ce qui m’a permis de me rendre compte que je n’accrocherais pas… Tu me le confirmes !
Moi pas, je l’aurais peut-être évité…
Nous avons donc environ le même avis !
Rendez-vous pour une prochaine lecture commune !
Oui bien sûr, avec plaisir, en espérant que nous ayons la main plus heureuse 😉
Jusqu’à la fin, j’avais presque envie de le lire… mais si toi tu as trouvé les personnages insaisissables… je n’imagine même pas ce qu eje vais en penser!
Chacun son regard tu sais, je ne doute pas que bien des lecteurs trouveront la bonne façon d’appréhender ce livre.
J’ai tenté de lire ce roman. Mais j’ai vite abandonné.
toi aussi… eh bien, je ne vais pas tarder à être fière d’être allée jusqu’au bout 😉
Je me souviens avoir été également un peu perdue au début, mais j’avais finalement beaucoup apprécié ce roman, qui est vraiment très ambitieux pour un 1er roman. Finalement je m’en souviens surtout comme d’une réflexion sur l’adolescence et sur l’art théâtral. Et je pense que ceux qui sont un peu tentés par le sujet devraient essayer, car ce roman en vaut la peine. En tous cas moi je vais guetter le 2e de l’auteur !
Je ne me souvenais plus de ton billet. Tu as raison, l’adolescence et le théâtre sont les sujets principaux, et intéressants, ce sont surtout la forme et le style qui m’ont gênée.
Je passe donc mon chemin… le sujet est pourtant intéressant et la couverture très belle.
Salut Ys,
Je comprends ce qui t’a déplu, car j’ai moi-même été très déstabilisée par la fin du livre (qui m’a laissée un peu perplexe, comme je l’explique dans mon billet). J’ai néanmoins bien accroché lors des deux premiers tiers du roman, et ai globalement pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Cela est d’ailleurs assez surprenant, car je ne suis généralement pas fan de littérature « post-moderne » déstructurée !
Je ne dis pas que je ne relirai pas cette auteur, mais ce sera en connaissance de cause… et je crois qu’au fond, j’aime le romanesque…
Ça fait plusieurs fois qu’on me le ramène (très/trop) rapidement à la bibliothèque, je me disais bien que c’était louche… je voulais le tester mais bon après ton billet je crois que j’ai compris pourquoi, je vais laisser tomber.
Dommage pour les personnages insaisissables. Je n’aime pas trop cela non plus.
Un roman qui me tentait beaucoup à sa sortie et puis finalement mon envie s’est réduite petit à petit.
Je ne crois pas que mon billet ait fait remonter ton envie…
Je n’ai pas réussi à dépasser les 50 premières pages.
Malgré tes réserves le sujet m’intrigue… je ne connaissais pas du tout, je vais essayer de le trouver pour le feuilleter en librairie.
Tu verras, les premières pages sont déjà déstabilisantes…
La répétition des « on dit » dans ta note révéle l’intérét et les limites de ce roman … « On dit », la rumeur court, une histoire pourrait naître, et puis non. C’est peut-être l’intérêt du roman , dire autrement la recherche de soi, caractéristique de ce moment de vie. J’avoue que même si j’ai bien aimé cette lecture, je reste dubitative. Peut-être une bonne vieiile analyse de la vieillesse par Balzac nous remettrait les idées en place ?
« être vieux selon Balzac », ça va me précipiter dans la tombe !
Celle du « père Goriot » ? ou celle des « Illusions perdues » ?
Je pense au père Goriot, ce malheureux qui a tout donné par amour pour ses filles et qui se retrouve seul et pauvre…