Jil Silberstein est un grand voyageur, mais pas un touriste. Lors de ses séjours parmi les Indiens du Canada par exemple, il se met à leur écoute, vit avec eux en partageant leur quotidien. De ses voyages, il a tiré bien des ouvrages relatant ses expériences au contact de la nature et des peuples qui vivent encore en harmonie avec elle, qu’on appelle les peuples premiers. Celui-ci n’en fait pas partie.
Dans La terre est l’oreille de l’ours, ce Parisien installé en Suisse évoque certes de loin en loin ses anciennes expériences (auprès des Innus du Canada par exemple) mais il fait surtout partager ses expériences personnelles de quasi naturaliste, ainsi que ses lectures. Il lit Jim Harrison, Jack Kerouac, Herman Melville, Henry David Thoreau aussi bien sûr mais il lui préfère Sue Hubbell. Car il aime partager ses lectures, donner envie :
Jouir en catimini de ses découvertes livresques, sans daigner les offrir en partage ? L’avare confinement, qui porte en lui sa punition. Se refuser au cercle de la transmission, c’est se soustraire à ce qu’il y a d’exponentiel, d’imprévisible et de jubilatoire dans la circulation tous azimuts de l’enthousiasme.
Sous forme de notes, sans élaboration particulière, comme pour fixer certains points en mémoire, Jil Silberstein partage ses lectures. C’est aussi ainsi qu’il transmet son regard sur la nature qui l’entoure, celle qui bruisse dans son jardin et anime la forêt suisse romande devenue aussi exotique que l’amazonienne par l’acuité du regard et de l’attention portée. Chaque jour est un nouvel émerveillement devant les infinis détails du monde végétal et animal. Et qui dit observation dit réflexion, voire recherches bibliographiques car Jil Silberstein ne laisse rien au hasard ou à l’ignorance. Ainsi en apprenons-nous plus sur les abeilles, les taupes, les vers luisants… son amour des chats nous vaut également quelques belles pages. Jil Silberstein est de ceux qui voient en chaque arbre un « totem vivant » et qui descendent de leur voiture pour faire traverser les grenouilles. Un « fragment de coquille d’œuf verdâtre et tacheté de brun » lui est un cadeau, lui qui voit « les jours qui filent, porteurs de minuscules épiphanies ».
C’est grâce à cette nature vivifiante, ainsi qu’à l’écriture que l’auteur, par ailleurs poète, trouve la force de surmonter la mort de celle qu’il appelle son Aimée. Plusieurs dizaines d’années de vie commune et un amour intact laissent un vide abyssal dont il n’est question que pour l’éloigner et auquel il a consacré un livre : Une vie sans toi.
Le sous-titre de ce livre, « une célébration du vivant » évoque la préoccupation principale de ce « poète, chroniqueur, écrivain-voyageur, ethnologue – ou ‘touche-à-tout’ » : la vie. La vie des hommes des forêts, la vie des arbres, des animaux car tout est royaume, tout est digne d’attention et de respect, rien n’est indigne des mots de Jil Silberstein.
Pour en savoir plus sur Jil Silberstein et La terre est l’oreille de l’ours, une interview de la Radio Télévision Suisse.
La terre est l’oreille de l’ours
Jil Silberstein
Noir sur Blanc, 2012
ISBN : 978-2-88250-272-8 – 473 pages – 24 €
Oh, alors ça ce n’est pas pour moi mais j’en connais une qui lit, voyage, aime la nature, et les ours en particulier, si en plus l’auteur aime les chats, mais elle est cuite Keisha ! :)))
Il ne fait aucun doute que ce livre lui plairait : tous ces ingrédients y sont, en plus d’une belle langue.
Non mais, on me force la main? ^_^ Ceci étant, oui, ce livre a vraiment tout pour me plaire!
Ma vengeance c’est de proposer à A girl des auteurs barrés…
C’est un des avantages de la blogosphère : qu’on se propose les uns aux autres des titres inattendus, des livres qui nous font sortir de nos goûts à la base et ouvrent notre horizon.
Cuite aussi je suis, surtout si la langue est belle!:)
Jil Silberstein est aussi poète.
il y a des ours ? (et la Suisse en bonus ?), alors, je suis comme Keisha : cuite !
Non, il n’y a pas vraiment d’ours. Les animaux les plus évoqués sont ceux qui entourent l’auteur au quotidien, mais de la Suisse oui, il y en a et vu par l’oeil de cet homme-là, on dirait un pays exotique !
si, si, la Suisse est exotique ! je confirme !
tu me titilles vraiment avec ce tite
On dirait bien que je vais tomber dans la même marmite… un poète en plus et les éditions Noir sur Blanc…
Le texte n’est pas essentiellement poétique, j’espère que mon billet ne le laisse pas croire, mais la langue est belle. En fait, il y a beaucoup de notes de lectures, quelques extraits aussi, c’est assez disparate, mais stimulant.
Ce que tu précises du texte me tente encore plus !
Le dessin a l’air intéressant, et le propos m’intéresse. J’espère le croiser à la BM.
Il va falloir en faire la demande, à coup sûr, je ne crois pas que ce livre ait eu beaucoup de presse ou d’échos malheureusement.
je commencerai plutôt par ses autres livres
Je ne connaissais pas cet auteur avant de l’entendre lors d’une table ronde lors du dernier festival Étonnants Voyageurs. Et moi la citadine, j’ai été charmée.
Oh quel drôle de titre 😉
Il est tiré des Uriangkhaï (peuple nomade entre Sibérie et Mongolie) : La terre est l’oreille de l’ours : une approche de la forêt. C’est assez hermétique à mes yeux, mais ça sonne bien à mes oreilles 😉
Je vais plutôt retenir « Une vie sans toi » pour le moment et inclure son nom dans ma liste des auteurs à découvrir.
Je te souhaite bonne lecture, je pense que cet auteur te plaira.
A coup sûr un livre pour moi aussi 😉
Quand je pense que j’ai lu le dernier Tesson il y a peu, et que j’ai été déçue, mais déçue… au moins là, j’ai confiance en toi et comme il n’est pas connu, il est certainement plus authentique !
L’auteur est connu, reconnu dans certains milieux : il est directeur de collection, poète, il écrit dans des revues, notamment d’anthropologie. Mais il est moins médiatique que Sylvain Tesson, c’est certain. Je ne m’aventurerai cependant pas à affirmer que la notoriété médiatique est inversement proportionnelle à la sincérité…
j’ai commencé par me dire non pas celui la et puis au fil des commentaires je me dis pourquoi pas
alors je note … je note
Luocine
un peu de nature, pour changer…
A peine lu ton commentaire, ce livre devient pour moi un incontournable. Il me plaît déjà beaucoup.
Je te souhaite donc une bonne lecture.
Salut!
Capté quelques mots de jil s à la radio
Pris « une vie sans toi » pour commencer bien que vibrer en nature ma mère me soit plus urgent, c est comme je vis
Belle écriture
Je viens d entendre »reviens » de Nicolas Fraissinet
C est. Pour lui aussi
Après je lirai cette histoire d oreille
Le nez en l air
Eff