La ménagerie de Joseph Bialot n’est pas une histoire de zoo, pas plus qu’une série animalière. C’est un polar qui met en scène une équipe d’enquêteurs parisiens dont tous les membres portent un surnom : Loup, le chef, vient de se faire assassiner d’une balle dans le dos dans la rue. Le Chien, de son vrai nom Malo Rottweiler, narrateur de cette histoire, le considérait comme son père. Même si l’enquête n’a pas été confiée à son équipe, il est décidé à trouver l’assassin.
Il travaille sur une enquête qui commence à Chaville, au pied de la tour hertzienne, avec un type ligoté à un arbre, la tête dans un sac. Le mort, Dominique dit Domino, était danseur dans une boîte de strip-tease masculin, exclusivement réservée aux dames. Le second mort sur lequel enquête la Ménagerie l’était aussi, et c’est bientôt le directeur de la boîte, le Baba’s Club sur le faubourg Montmartre, qui est assassiné. Puis c’est le Chien lui-même qui est menacé, sa maison fouillée, sa petite-amie surveillée. Avec son flair, Rottweiller ne tarde pas à comprendre les relations entre la mort du Loup et les crimes du Baba’s Club. C’est Thor, un indic, qui l’a mis malgré lui sur la piste. Une piste puant le néo-nazi, à l’image de Thor qui torture un témoin de l’affaire à la façon des bourreaux SS.
Les deux affaires s’avèrent liées, bien sûr, et le Chien va devoir plonger dans la vie du Loup, qu’il croyait connaître. En fait, celui-ci ne racontait rien de son passé, de sa vie personnelle, c’est donc avec stupeur, et quelque peu de jalousie, que Malo Rottweiler découvre que son mentor a été marié et père de famille, qu’il a aimé. Le jeune capitaine retrouve des lettres d’amour adressées au Loup, découvre l’existence de Marie et d’un port d’attache du côté des falaises normandes.
Joseph Bialot mêle avec cohérence ces deux intrigues qui vont trouver une explication dans le passé des protagonistes, et dans l’Histoire, en particulier le débarquement de Dieppe. La guerre, comme souvent chez cet auteur, est l’occasion de drames et de gloire au niveau national mais c’est à la vie personnelle et intime des soldats et des victimes que l’auteur s’attache. Comme on le voit ici, les conséquences dramatiques du conflit hantent les gens bien des années après les événements.
J’ai apprécié le ton direct de cette histoire racontée par Malo Rottweiler, un écorché de la vie, battant et vindicatif. Si l’intrigue est complexe, le rythme ne s’essouffle jamais, porté par un humour constant. Quelques morts trop spectaculaires à mon goût cependant (deux assassinats en présence de flics…), sans pour autant gâcher l’intérêt général.
Joseph Bialot sur Tête de lecture
La ménagerie
Joseph Bialot
Rivages (Rivages/Noir), 2007
ISBN : 978-2-7436-1649-6 – 363 pages – 8.50 €
De Bialot, je n’ai lu que les livres d’inspiration plus autobiographiques. J’essaierais bien ce polar.
Je pense justement maintenant me tourner vers des textes plus autobiographiques, notamment sur son expérience des camps et de la guerre, même si celle-ci était déjà présente dans 186 marches… qui reste une fiction.
« des morts trop spectaculaires », je n’aime pas trop ça… je trouve que les auteurs ont tendance à surenchérir en termes de morts violentes, ce qui ne me semble pas indispensable…
J’ai hésité à l’écrire car je me doute que ça peut rebuter certains lecteurs, mais j’ai préféré être honnête car c’est ce qui m’a fait froncer le sourcil en lisant. Mais au final, ce n’est vraiment qu’un détail, le reste (écriture, intrigue) mérite lecture.
J’avais eu un peu de mal avec l’un de ses polars précédents, L’héritage de Guillemette Gâtinel, mais bon, faut voir…
Je ne connais pas bien son oeuvre, mais il a beaucoup écrit, peut-être que tout ne se vaut pas…
je ne connais pas du tout !
Un ancien du polar français, que les petits jeunes éclipsent peut-être…
Peut-être trop violent pour moi…
Question : je suis obligée de retaper mon pseudo, mon mail à chaque fois, y a t-il un moyen de les « enregistrer » ?
Non pas violent, je ne supporte pas les polars dans lesquels les auteurs font de la surenchère d’hémoglobine et de torture.
Pour tes coordonnées, je ne sais pas, c’est bizarre que ton ordi ne les retienne pas… C’est devenu compliqué avec WordPress quand on n’y a pas de blog, c’est gentil de persévérer 😉
j’ai lu « le salon du prêt à saigner » de cet auteur – pas réellement jovial tout ça 😉
Plutôt noirs comme romans, l’humour aussi.
Je n’ai lu de lui que C’est en hiver que les jours rallongent. Je ne savais pas qu’il écrivait des policiers. Je vais le mettre sur ma liste. Un de plus…
Il a écrit beaucoup de romans policiers (c’est un monsieur assez âgé) avant de se mettre aux écrits autobiographiques. Mais il est cependant souvent question de la Seconde Guerre mondiale dans ses fictions.
C’est original tous ces surnoms !! je note, je n’ai rien lu de l’auteur que je ne connaissais absolument pas et l’histoire a l’air très sympa à découvrir
Joseph Bialot n’est pas un auteur médiatique, il ne fait pas beaucoup de bruit mais gagne à être lu.