Pendant les guerres napoléoniennes contre l’Angleterre, un bateau français fait naufrage au large de la côte est du pays ennemi, vers Hartlepool. A son bord, un capitaine abruti de discipline et d’autorité qui pour son seul plaisir martyrise un singe qu’il a revêtu d’un costume de soldat.
Fort équitablement, la mer engloutit le capitaine mais pas le singe, qui trouve refuge dans un village anglais de la côte, Hartlepool. La mort aurait été préférable car les villageois le prenant pour un Français l’attrapent, l’emprisonnent et décident de le pendre.
On pourrait juger cette histoire invraisemblable si elle n’était vraie, comme le précisent les auteurs à la fin de l’album. Ces Anglais-là n’ayant jamais vu un singe (ni un Français d’ailleurs) ont trouvé celui-ci assez moche pour être un Français. L’habit fait le moine. Bien sûr, ils ne comprenaient pas le charabia du singe de Hartlepool (torturé pour qu’il avoue ce qu’il sait des plans d’invasion napoléoniens), mais le français non plus.
Lupano pointe ici ce que peut engendrer l’ignorance alliée à la haine et à la bêtise. Pas de dénonciation des Anglais en particulier, le capitaine français regroupant en sa seule personne au moins autant de bêtise et de méchanceté que tous les villageois réunis. Les seuls qui se distinguent en n’acceptant pas ces jugements hâtifs sont les enfants, représentant ici l’espoir que par l’éducation, ils échapperont à l’ignorance qui engendre l’intolérance. L’identité du jeune héros, fils du médecin voyageur de passage à Hartlepool va dans ce sens et fait sourire au final. Le seul trait d’humour qui ne soit pas noir, jaune ou grinçant dans toute cette histoire…
Le dessin naïf de Jérémie Moreau accentue l’aspect de fable de cette édifiante histoire. Ces villageois abrutis ont des « tronches » vraiment réussies, la caricature soulignant ici l’ampleur de la bêtise. Face à eux, la douceur du singe fend le coeur.
Aujourd’hui Hartlepool n’est plus un village mais les habitants sont toujours surnommés « les pendeurs de singe ».
Le singe de Hartlepool
Wilfrid Lupano (scénario) et Jérémie Moreau (dessin)
Delcourt, 2012
ISBN : 978-2-7560-2812-5 – 93 pages – 14.95 €
noté, surligné, en gras, en rouge… bref, c’est pour bientôt !
Je te souhaite bonne lecture.
On commence à le voir pas mal sur les blogs celui ci, un bon signe (rien à la bibli encore, m’enfin, je dosi tout leur dire! ^_^)
Je l’avais réservé à la bib’ de B. : très réactive…
On en parle beaucoup, oui, comme dit Keisha. Je l’avais déjà noté sur ma LAL, reste plus qu’à le croiser à la bib’.
Bonne chance, ça ne pas le genre de BD à être rapidement disponible, vu son succès !
Je l’avais déjà entre-aperçu celui-ci. Le dessin et ce sujet si particulier m’avaient intriguée. Je sens que je vais le noter. Ca pourrait faire un parfait cadeau 🙂
C’est gentil ça, de repérer les livres pour en faire des cadeaux… celui-là sera parfait…
J’ai lu tellement de bons billets que je sui s sur la liste d’attente à la biblio. Bientôt, je vais pouvoir me faire mon propre avis 🙂
J’ai fait comme toi et mon tour est venu…
Une vraie réussite cette BD. Le sujet paraît invraisemblable, mais si cette légende est véridique, elle fait froid dans le dos.
La réalité dépasse parfois la fiction, c’est bien connu. Les auteurs n’oseraient certainement en inventer des comme celui-là sous peine de ne pas être crédibles…
et de deux .. à dire que cette BD vaut la coup alors ? je vais voir si elle est à la bibli
merci
Luocine
Complètement. J’en ai entendu parler pour la première fois dans une émission consacrée à l’Histoire et depuis, tout ce que j’ai lu a confirmé.
une vraie réussite!
Oui, tout le monde l’a lue à la maison, du plus petit au plus grand : il y a de quoi discuter…
J’ai bien aimé cette BD qui m’est arrivée dans les mains presque par hasard… (comme je ne suis pas une vraie lectrice BD, cette lecture restait plutôt improbable mais une fois commencée, impossible de ne pas aller au bout ! Une vraie réussite 🙂
Oh oui, pendant toute la lecture on se dit « ils ne vont pas le pendre quand même »… j’ai même surpris mon fils à regarder avant à la fin.
Je trouve le dessin très drôle.
Pour un texte qui à l’inverse, ne l’est pas.
Un album original que j’ai bien apprécié !
Lupano m’a toujours convaincue : il s’entoure toujours d’excellents dessinateurs, ce Moreau, dont c’est la première BD est une grande trouvaille.
j’adore les illustrations, le thème un peu moins…
Ces illustrations naïves et drôles permettent d’aborder des thèmes qui ne le sont pas du tout.
Mon libraire BD me l’avait vivement conseillé mais j’avoue que l’histoire ne m’inspire pas trop.
Il faut toujours suivre les conseils d’un spécialiste 🙂
C’est un album qui à l’air original.. je vais me laisser tenter.
(j’aime beaucoup ton avatar)
Moi aussi 🙂
Un coup de coeur pour moi…!
Je ne me souviens plus de ton billet, j’y retourne !
Finalement, l’ignorance et la bêtise n’ont pas tellement changé. Elles s’expriment autrement.
Je les crois malheureusement intrinsèques à l’être humain…
Pareil …
Bonjour,
Cette bd était un des choix du libraire de l’émission « La grande librairie » du 24 janvier.
Comme quoi…
Vous m’avez trop tentée, elle est sur ma pal.
Le libraire en question a très bon goût 🙂
C’est une lecture qui m’a beaucoup amusée tout en me faisant froid dans le dos. La bêtise humaine est sans bornes…
C’est ce que je trouve très habile ici : le mélange du rire et du tragique.