Pinkerton : dossier Jesse James de Guerin et Damour

« Pinkerton » est une nouvelle série éditée par Glénat. Chaque tome s’intéressera à une affaire traitée par la célèbre agence de détectives, le premier concerne le « Dossier Jesse James ». Après la guerre de Sécession, les frères James et leur bande s’attaquèrent aux trains et convois sans que les forces de l’ordre puissent jamais les en empêcher. Ecrivant leur légende de leur vivant, ils distribuaient une partie de leur butin aux plus pauvres. En 1875, l’agence Pinkerton fut appelée en renfort et c’est là que débute cet album qui s’attache donc aux dernières années.

On entre dès les premières pages dans le vif du sujet avec la prise d’assaut de la maison des frères James par les hommes de l’agence, dirigés par William, le fils du patron. Ils pensent y trouver les deux hors-la-loi, mais il n’y a là que la famille proche. L’assaut finit mal : un enfant mort et la femme de Jesse gravement blessée. Le shérif local désapprouve les méthodes de l’agence qui a fait exploser la maison : mais qui a fourni la bombe ?

Et « le lâche Robert Ford », savez-vous d’où il vient, ce qui le motivait ? J’ai vu (et pas mal soupiré ce faisant, car c’est un brin long), le film de Andrew Dominik, j’en avais donc une vague idée. Ici, l’agence Pinkerton tient un rôle beaucoup plus important dans l’implication du meurtrier. Il apparait clairement que l’agence veille sur des intérêts bien supérieurs aux siens et se trouve donc impliquée politiquement et soutenue en très hauts lieux. Elle ne saurait être inquiétée, même en cas de bévue majeure comme celle de l’assaut de la maison James.

Du scénariste Rémi Guerin, je ne connais que les deux premiers tomes de la série City Hall, global manga qui pour être dynamique et bourré d’idées n’est pourtant pas vraiment convaincant à mes yeux. Ici, le scénario est fourni d’avance, jusqu’à la fameuse scène de l’assassinat, alors que Jesse James dépose ses armes et monte sur une chaise pour dépoussiérer un tableau. Ce qui est scénaristiquement intéressant, ce sont les mélanges entre les scènes d’action (prise d’assaut, attaques de trains ou convois) et les manigances politiques organisées par Pinkerton père. L’agence dit être du côté de la justice et pourtant, certains moyens employés sont aux mieux illégaux, tandis que Jesse, personnage de second plan ici, n’est qu’un bandit qui s’en prend aux riches. A l’évidence, nous dit Rémi Guerin, il y a la Justice, et la justice selon Allan Pinkerton…

Le dessin transporte instantanément le lecteur dans le Far West qu’on connaît et qu’on aime. Peut-être plus proche d’un film de John Ford que de la réalité historique, mais qui s’en plaindrait ? La représentation d’un univers historique très connoté issu d’un imaginaire commun fonctionne parfaitement. Longs manteaux, winchester, mâchoires carrées, œil plissé… c’est le Far West, le nôtre et on s’y retrouve. A l’évidence, Damour se plaît dans le genre western, il suffit donc de quelques cases pour y plonger le lecteur amateur.

Au final, on ne sait pas qui sont les bandits dans cette histoire et on s’interroge sur cette justice privée et la notion de hors-la-loi. Guerin ne s’en tient donc pas à la BD de genre ou d’action, et s’il échafaude son scénario aussi sur des suppositions, elles restent crédibles et concourent à l’efficacité de l’intrigue.

Trois tomes prévus pour cette série : c’est tant mieux. Le tome 2.

Rémi Guerin & Damour sur ce blog
 
Pinkerton : Dossier Jesse James – 1875

Rémi Guerin (scénario) et Damour (dessin)
Glénat, 2013
ISBN : 978-2-7234-8921-8 – 48 pages – 13.90 €

8 commentaires sur “Pinkerton : dossier Jesse James de Guerin et Damour

  1. Ce premier album me plaît beaucoup et je suivrai cette série avec plaisir même si le thème du Far West ne fait pas partie de mes préférés.

    1. Le film m’avait un peu refroidie, mais je me suis dit que ça ne pouvait pas être plus lent. Et là, c’est bien tout le contraire, les scènes d’action et de manigances s’entrelacent très bien et l’ensemble reste bien rythmé. On est loin de Blueberry dans le graphisme, mais ce Far West-là n’est pas mal non plus.

  2. Je ne connaissais pas du tout, mais voilà qui me fait bien envie. A lire par exemple en parallèle d’un album de Lucky Luke ! 🙂

  3. Ton billet tombe très bien car je regarde la série de la BBC Ripper Street est un des personnages vient des USA et a travaillé pour les Pinkertons. Chaque semaine, je me dis qu’il faut que je cherche qui ils sont. Grâcé à toi, je le sais. Et je note cette BD pour ce thème en particulier !

    1. On rencontre parfois des détectives de chez Pinkerton dans les romans, souvent en renfort parce qu’ils sont diablement efficaces. Ici, ça n’est clairement pas cet aspect qui est mis en relief par la BD, par ce tome-là en tout cas.

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