La maison des enfants trouvés, premier volume de la série La Guerre des Lulus, nous propulse en 1914 au moment de la mobilisation générale. Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien forment un quatuor inséparable au sein de l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt, quelque part trop près de la frontière belge.
Mobilisé, l’instituteur doit partir, conseillant aux bons moines de ne rien raconter aux enfants de la situation politique : pas la peine de les alarmer pour rien, il sera de retour sous peu. Mais bien sûr, les choses se compliquent : le village doit être évacué. C’est alors qu’on s’aperçoit que les quatre Lulus n’ont pas suivi le mouvement. En effet, ils s’occupaient à la construction de leur cabane dans le bois attenant. Ils se retrouvent donc seuls.
Au départ bien sûr, ils sont plutôt contents : plus d’adultes pour dire ce qu’il faut faire ou pas. Mais pour eux qui ont déjà été abandonnés, cette situation ne va pas sans certaines angoisses. Qui ne feront que s’aggraver quand les premières bombes tomberont sur le village et que l’installation des Allemands dans l’abbaye les obligera à s’installer dans leur cabane.
La guerre ici est un contexte, presque un prétexte pour séparer du monde une bande de garçons et les obliger à s’organiser pour survivre. Débarrasser de toute autorité, ils vont devoir se coltiner avec la réalité, en particulier la faim et le froid. La peur et l’angoisse sont aussi du lot. Et bientôt une fille, son chat et un soldat allemand blessé.
Au thème bien connu d’une société d’enfants, Régis Hautière superpose celui de la Grande Guerre. Ainsi La Guerre des Lulus propose un regard différent sur le conflit, celui de l’arrière et celui d’enfants, de surcroît des enfants déjà éprouvés par la vie puisque qu’orphelins. C’est qu’ils sont malins ces Lulus, ils ont déjà réfléchis à plein de choses et ont donc des avis sur tout, ou presque.
La différence c’est qu’un ressuscité c’est un mort qui est re-vivant. Alors qu’un fantôme c’est un mort mort.
Ces enfants qui jouent aux adultes sont souvent drôles, leurs prouesses et explications alambiquées (sur le conflit en particulier) étant souvent sources de gags. Mais leurs propos sont aussi marqués au coin du bon sens, grâce à de saisissants raccourcis.
Le plus dur finalement pour eux, on le sent déjà, ce sera de rester des enfants, de ne pas grandir trop vite malgré tout. Ils ont pour eux de ne pas mesurer la situation, de vivre au jour le jour : l’insouciance est leur meilleur atout.
Une bande dessinée aux couleurs lumineuses, au graphisme expressif et précis qui plaira certainement aux jeunes lecteurs. Car c’est l’idée : mettre en scène la Première Guerre mondiale dans une bande dessinée pour enfants. Il faut donc un graphisme attrayant et un scénario dynamique qui ne manque ni de rebondissements, ni d’humour. Et aucun doute qu’à la fin de ce premier volume, ils n’aient envie de retrouver cette bande de Lulus.
Une interview des auteurs et la thématique Première Guerre mondiale sur ce blog.
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La Guerre des Lulus 1914 : La maison des enfants trouvés
Régis Hautière (scénario), Hardoc (dessin et couleurs) et David François (couleurs)
Casterman, 2013
ISBN : 978-2-203-03442-6 – 56 pages numérotées + annexes – 12.95 €
J’ai beaucoup aimé cet bel album touchant et plein de bon sens.
Et malgré le tragique de la situation (la leur personnelle et le contexte), tout ça est frais et globalement drôle.
je me demande quel âge vise cet BD ?
Luocine
a partir de 10-11 ans, ça doit être lisible : il n’y a rien de compliquer, pas de notion historiques complexes et surtout plein de bons mots et de situations dans lesquelles les enfants même aujourd’hui pourront se reconnaître.
Je note, je note… même pour moi 😉
Il n’y a pas d’âge pour les bonnes choses 😉
il me tarde de les retrouver les Lulus!!! j’ai été vraiment charmée par ce premier volet!
L’attente est longue entre deux volumes, surtout que ce premier tome se termine sur une rebondissement.
J’ai adoré cet album. La suite sort en janvier il me semble, j’ai hâte.
Oui, c’est pour bientôt maintenant. L’idée d’ajouter quelques planches du tome 2 à la fin du tome 1 aiguise encore l’envie…
Je fais partie des conquis ! Hâte de lire la suite !
Il va y avoir une ruée vers les librairies 🙂
Encore une BD que j’ai bien envie de découvrir !
Elle le mérite vraiment.
Tiens, je n’avais pas noté que cette série pouvait se lire jeune. ça m’intéresse ! Merci !
Hello miss Choco, ravie de te revoir par ici.
C’est un plaisir !
Pour être honnête, je n’avais pas vraiment déserté. Je continue depuis de nombreux mois à te suivre… mais en silence ! Je profite de ce férié pour prendre un peu de temps et réagir verbalement pour une fois ! 🙂
Je vois que tu te plonges pas mal dans la première guerre ces derniers temps. Tu prends de l’avance sur les commémorations de l’année prochaine ? 😉 Ce ne sont pas les bd qui manquent sur le sujet ! N’empêche, je suis bien contente que tu portes mon attention sur ce titre que j’ai vu passé sans m’arrêter. Vais essayer de le lire, à l’occaz !
Vraiment un super album !
N’hésite surtout pas à te jeter sur la suite !
C’est fait ! Et je me suis contenue pour ne pas verser une larme ! Je n’ai pas voulu faire un billet pour les deux tomes. Je voulais un billet pour chaque !
Parmi les nouvelles séries BD jeunesse (mais pas que) sur la Première Guerre mondiale, je te conseille Les Godillots. Ça ne joue pas autant sur la fibre émotionnelle, mais c’est très bien aussi, plein d’humour.
Je note ! Merci Ys