La fureur de la langouste se déroule à Buenos Aires de nos jours. Tino a onze ans mais ne mène pas la vie de tous les enfants de son âge. Sa famille est riche, très riche, grâce aux activités de papa. Il est homme d’affaires lui répond-il un jour alors qu’il l’interroge sur son métier. Mais Maia, camarade de classe de Tino, prétend que son père, Razzani, est un escroc, un de ceux qui blanchissent de l’argent, même si ni elle ni Tino ne comprennent vraiment de quoi il s’agit. Elle prétend en savoir beaucoup sur Razzani car son père à elle, le Chasseur, est journaliste à la télé et qu’il surveille les bandits. Au point même que ce fameux Chasseur parvient à piéger Razzani et à dévoiler son visage au grand jour. C’est alors que commencent inquiétudes, disparitions, déménagements qui vont désormais ponctuer la vie de Tino qui voue une totale admiration à son père.
Avec La fureur de la langouste, Lucía Puenzo propose un point de vue tout à fait original sur le monde du grand banditisme sud-américain. Loin de la violence, des crimes et de la souffrance, c’est l’envers du décor qu’elle évoque ici, portant une attention toute particulière aux enfants. Tino est comme beaucoup de garçons de son âge : il admire son père qu’il sent puissant mais qui lui apporte une tendre attention. Il ignore tout de ses activités, n’en connait que les fruits qui se traduisent d’innombrables biens et un confort matériels. Cloîtré chez lui, toujours accompagné d’un garde du corps, il ne connait du monde que sa bulle dorée et quelques camarades de classe tout aussi bien lotis.
Mais cette enfance choyée se construit sur le mensonge. Dès lors, que pourra devenir Tino ? Sa sœur aînée se marie vierge à un puceau tiraillé par ses pulsions homosexuelles. Tino n’a du monde qu’une vision tronquée qui l’inscrit dans un bon droit que l’innocence ne saurait préserver longtemps. Quand Razzani disparaît, enlevé, tué peut-être, Tino refuse d’écouter les adultes et continue à croire au retour de son père.
Derrière le récit sensible d’une vie familiale hors-norme, c’est aussi une société qui se dessine dans La fureur de la langouste. Une société où l’intimidation, la violence et surtout l’argent font loi. Seuls les médias semblent pouvoir s’y opposer sans pour autant être plus vertueux et désintéressés. Les personnages sont fortement caractérisés (le puissant magna imperturbable, sa femme dépressive, son garde du corps dévoué, le journaliste prêt à tout pour un scoop) et la chute de la maison Razzani ne réserverait pas de surprises particulières si ce n’était l’angle de l’enfance grâce auquel il est abordé.
Lucía Puenzo sur Tête de lecture
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La fureur de la langouste
Lucía Puenzo traduite de l’espagnol par Anne Plantagenet
Stock, 2012
ISBN : 978-2-234-07035-6 – 211 pages – 19 €
La furia de la langosta, parution originale : 2010
Pas si facile cette lecture, première rencontre avec Lucia Puenzo pour moi. Comme tu me l’avais écrit en commentaire de mon billet, le suivant m’attend aussi ( je crains un peu le sujet )
Les écrivains latinos écrivent tant sur la violence (et souvent bien) que j’ai trouvé l’angle d’approche de l’auteur tout à fait original. L’écriture elle-même est peut-être un peu plate mais je la relirai certainement à nouveau.
j’ai du mal avec la littérature sud américaine, et ça ne date pas d’hier.
Je suis d’accord que cet ange pour décrire la mafia violente est intéressante mais je ne suis pas certaine que ça suffise à me faire aimer ce roman .
Luocine
Je te sais réfractaire, mais il y aura bien un titre pour toi tant la diversité est de mise parmi la littérature hispano-américaine.
Il a l’air pas mal.
Oui, et d’autres titres ont été traduits que j’ai envie de découvrir.
Marilyne m’avait déjà donné envie, tu enfonces le clou.
A plusieurs, on est plus forts 😉
je le note, l’originalité de l’angle d’attaque me plaît bien
La violence est un des grands thèmes de la littérature hispano-américaine, elle a beaucoup été traitée et il me semble en effet ici que l’angle d’approche est original.
J’aime beaucoup le titre mais l’histoire est-elle aussi attrayante ?
le Papou
On attend peut-être de l’humour ou quelque chose de vraiment excentrique derrière ce titre, ce n’est pas tout à fait le cas…