A l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de John Fitzgerald Kennedy, de nombreux livres ont été publiés, qui sont venus s’ajouter à des tonnes de papier déjà noirci sur le sujet. JFK le dernier jour de François Forestier a la particularité de se concentrer pour l’essentiel sur la journée du 22 novembre 1963 et de se lire quasi comme un roman.
Après un prologue qui raconte l’histoire d’un fragment de crâne, tout commence dans la suite 850 de l’hôtel Texas à Fort Worth. Le président en campagne pour sa réélection n’est pas confiant : le Texas lui est hostile et Dallas est « aux mains des enragés d’extrême droite ».
On dit que le business de Dallas, c’est le business. Faux : le business de Dallas, c’est la haine. En 1963, la ville est au top du hit-parade du sang. Il y a plus de meurtres commis au Texas que dans n’importe quel autre Etat américain. Et il y a plus de meurtres commis à Dallas que n’importe où au Texas.
Il souffre du dos, sa femme n’est pas heureuse d’être là, il est en conflit avec Lyndon Johnson son vice-président qui lui est sur ses terres. Il pleut. Il va devoir pourtant faire son boulot de président. On le plaindrait presque. Sauf que le portrait que François Forestier trace de JFK n’a rien d’attendrissant. Ce type est un arriviste, un Irlandais parvenu au pouvoir grâce aux crimes de son père, incluant divers trafics jusqu’au meurtre.
Il n’a personnellement rien de sympathique, surtout dans sa relation avec les femmes qu’il traite comme des choses à sa disposition.
Pendant les réceptions, il lui arrive de disparaître dans une pièce adjacente avec une starlette en visite, l’épouse d’un ambassadeur ou la compagne d’un invité. Brutal, rapide, égoïste, il se contente de prendre, mais ne donne rien. Angie Dickinson, la belle interprète de Rio Bravo, confiera plus tard que son aventure avec le président a duré quarante secondes, présentation et politesses comprises.
François Forestier dresse également le portrait des proches du président, notamment le presque dingue Lyndon Johnson qui lui succèdera à la tête du pays le plus puissant du monde, on en tremble. Il décrit également la ville de Dallas, où les armes et les marchands de pétrole font la loi, et quelques membres du clan Kennedy. Ce sont surtout les relations avec la mafia qui sont explicitées assez clairement et simplement pour que le lecteur ne soit pas assommé. Le fric, les magouilles en cours, la volonté de vengeance sont racontés comme dans un roman noir. De même les différents personnages sont plus évoqués qu’approfondis, ce qui permet une mise en contexte rapide.
Et la reconstitution est à la fois brillante et nerveuse. Elle se construit à coups de portraits, sur un rythme qui ne faiblit jamais, grâce aussi à une construction qui emprunte aux codes du roman noir (la description des mafieux, les flash back, et malgré tout un certain suspens). Aussi l’auteur déborde-t-il du cadre temporel suggéré par le titre pour mettre en place protagonistes et conflits.
De fait, JFK le dernier jour ne conviendra pas à qui souhaite tout savoir des moindres relations et personnages relatifs à l’assassinat de Kennedy. En se concentrant sur cette ultime journée, François Forestier s’adresse à un lecteur qui souhaite une approche un peu plus pointue qu’un reportage sans entrer dans l’analyse de toutes les thèses et meurtriers possibles. Il a la sienne, il l’expose tout en reconstituant ces derniers instants jusqu’à l’enterrement. Ceux qui désirent en savoir plus ne manquent pas d’ouvrages à se mettre sous la dent, parfois fastidieux.
Il ne conviendra pas non plus aux inconditionnels de JFK, de l’Amérique des années 60, ni même de l’élégante Jackie. François Forestier fait dans le réalisme le plus cru, abandonnant la légende et le consensuel. Limite s’il ne déteste pas tous les crabes de ce panier qu’il secoue pour en extraire l’essentiel : un univers impitoyable…
François Forestier sur Tête de lecture
JFK le dernier jour
François Forestier
Albin Michel, 2013
ISBN : 978-2-226-24861-9 – 285 pages 6 19.50 €
Connaitra-t-on jamais la vérité ?
C’est peu probable. les protagonistes de cette histoire sont quasi tous morts et personne n’a rien révélé… A moins d’ouvrir les archives du FBI, de trouver les pièces subitement disparues…
Bonté encore un autre!!!!
On s,acharne ou quoi?!
J’ai vraiment tout lu ou presque sur »le sujet » mais j’avoue que des écrits démystifiant le personnage m’attirent plus que les éternelles lectures »bonbons » sur Kennedy.
Dans 50 ans, on en publiera encore !
Et dire que l’on ne saura jamais…..
Probablement…
Le sujet m’intéresse mais ce livre me fait un peu peur, je crois que je vais passer.
Il est facile à lire pourtant, abordable. Ce que je trouve particulièrement plaisant, c’est qu’il n’assomme pas le lecteur sous de multiples thèses et complots. C’est un livre efficace.
j’aime bien lire sur ces faits , je note celui-ci.
Si tu cherches quelque chose de complet sur la journée plutôt qu’une liste de toutes les pistes possibles, alors tu seras satisfaite avec ce livre.