En traduisant Perseguido par L’Etrange cas du Dr Nesse, le traducteur français a choisi de mettre l’accent sur les liens qui rapprochent le héros du Brésilien Luiz Alfredo Garcia-Roza de celui de Robert Louis Stevenson. Car qui est vraiment le docteur Artur Nesse, psychiatre de son état ?
Ce roman, cinquième enquête du commissaire Espinosa, se divise en trois histoires, qu’il est bien sûr impossible de résumer sous peine de déflorer le suspens entretenu jusqu’au bout. C’est d’abord au docteur Nesse que le lecteur s’intéresse, à travers sa rencontre avec un nouveau patient. Celui-ci se fait appeler Jonas, alors que son nom est Isidoro. C’est le seul trouble que présente le jeune homme, par ailleurs calme et cohérent, qui aime se promener dans le parc de l’hôpital. C’est de son plein gré qu’il est venu consulter le docteur Nesse, qui ne se sent pas très à l’aise en sa présence. Bientôt, le psychiatre est même persuadé que son patient le surveille, se trouve volontairement sur son chemin et fait connaissance avec sa fille Letícia.
C’est d’ailleurs pour signaler la disparition de Letícia que le médecin prend contact avec le commissaire Espinosa : a-t-elle été kidnappée par Jonas ? L’a-t-elle suivi de son plein gré ? En tout cas elle reste introuvable.
Comme le commissaire Espinosa qui peu à peu se met à douter des dires du docteur Nesse, le lecteur ne sait pas s’il peut se fier à lui. Il en sait pourtant plus que l’enquêteur puisque certains passages se focalisent sur Jonas, sur Jonas et Letícia, ou sur le docteur lui-même. Mais pas assez pour déterminer avec certitude si ce dernier ment pour tendre un piège au séducteur, ou s’il a raison de se sentir persécuté. Et c’est bien entendu tout ce qui fait le suspens de L’Etrange cas du Dr Ness qui ne manque pas d’intérêt.
Le rythme n’est pas endiablé, il suit celui d’un flic, quadragénaire solitaire. On sillonne Copacabana et Ipanema, quartiers de Rio de Janeiro en bord de mer. La tension, toute psychologique, va crescendo en épaississant le mystère et brouillant les cartes autour de personnages troubles. Luiz Alfredo Garcia-Roza est tout à son affaire puisqu’il a enseigné la psychanalyse pendant trente-cinq ans avant de se mettre à écrire.
Conclusion sans hésitation : le roman policier brésilien est à découvrir !
L’Etrange cas du Dr Nesse
Luiz Alfredo Garcia-Roza traduit du portugais (brésilien) par Sébastien Roy
Actes Sud (Babel n°110), 2014
ISBN : 978-2-330-02866-4 – 269 pages – 7.80 €
Perseguido, parution au Brésil : 2003
Du polar brésilien, c’est original. Mais je vais commencer par m’attaquer au cubain qui traîne dans ma pal depuis trop longtemps.
Je vais peut-être dire une horreur (j’espère qu’il n’y a pas de Brésiliens dans la salle…) mais ce roman policier aurait pu se dérouler ailleurs qu’au Brésil. Moins que l’atmosphère ou l’ambiance d’un pays, ce sont l’intrigue et le suspens qui priment.
Un roman brésilien à lire en ce moment.
Oui, au où certains penseraient qu’il n’y en a que pour le foot au Brésil…
Tentant, mais j’essaie de moins noter.
Je connais ce genre de résolutions intenables 😉
Un poil trop de Brésil dans l’air actuellement, mais j’y reviendrai plus tard…
Crois-tu ? J’essayais justement de prendre le contre-courant… pas le moindre ballon dans ce roman…
Il suffit de ne pas regarder la télé ni les pubs 🙂 Si c’est l’overdose maintenant, alors que direz-vous au prochain salon du livre de Paris en mars, qui met le Brésil à l’honneur ? 😛
En fait, à part mes enfants et mon mari qui parlent foot, je n’en vois pas grand-chose : je n’ai pas la télé, il n’y a pas de pub sur France Culture et sur le net, Adblock me bloque les pubs. Et puis il y a peu j’ai pris un coup de sang et supprimé de ma timeline Twitter tous les gens qui parlaient foot. Donc voilà, très loin de l’overdose pour moi !
Tout pareil : je filtre depuis longtemps la pub de tous les côtés, donc je ne suis pas agressée 🙂
hum! le Brésil en ce moment ! c’est un peu l’over dose non?
Luocine
Mais il n’est pas beaucoup question de littérature dans cette overdose…
ça me plaît que tu t’attaques à la littérature brésilienne je n’y connais rien ! A part La cité de Dieu de Paulo Lins que je n’ai pas réussi à lire… et il y a plus longtemps quelques romans de Jorge Amado…
Le roman de Paulo Lins m’intéresse bien, il ne doit pas être facile à lire c’est vrai, je crois que je vais le tenter quand même. Ma découverte de cette littérature commence bien en tout cas.
J’ai La Cité de DIeu de Paulo Lins dans ma PàL justement, c’est ce qui m’a donné envie de créer le groupe facebook sur la littérature brésilienne 😉 Il a pas l’air facile à lire c’est vrai, mais j’ai vraiment envie de connaître ce quotidien des favelas (entraperçu dans Fils d’Heliopolis).
Oui, je suis d’accord, il m’a beaucoup plu aussi !
As-tu essayé d’autres titres ? Je suis tentée car s’il sont tous dans cette veine au niveau de la complexité psychologique des personnages, c’est vraiment très intéressant…
Bonjour Sandrine, je confirme que cet écrivain vaut la peine d’être lu: j’ai lu « Ness », « Le silence de la pluie » et « Objets trouvés ». C’est en effet des romans où la psychologie prime l’action. Vraiment bien. Bonne journée.
Merci pour cet avis Dasola, je vais évidemment poursuivre avec lui donc.
Je ne connais pas du tout le roman policier brésilien. Un auteur à découvrir.
Avec ce roman, c’est une très agréable découverte.