Augustin Trapenard en questions

Augustin TrapenardAugustin Trapenard : voilà un nom qui semble incontournable quand on s’intéresse aujourd’hui à la création littéraire en France. Producteur à France Culture, il est aussi de Canal Plus et du magazine Elle. Il est surtout une voix, discrète, et un regard intelligent porté sur la littérature et les écrivains. Il vient de refermer son Carnet d’or, avant d’ouvrir une nouvelle page culturelle sur France Inter à la rentrée. Le bon moment pour lui poser quelques questions…

Vous avez définitivement tourné la dernière page du Carnet d’or samedi 5 juillet : quel est le bilan de ces années et de ces échanges avec plusieurs centaines d’auteurs ?

Heureusement, Le Carnet d’or va renaître de ses cendres dès la rentrée prochaine, avec la patte et la passion d’un journaliste et romancier de talent : Christophe Ono dit Biot. Celui qui incarne cette émission n’est qu’un passeur, en vérité, dans une case que j’ai imaginée il y a trois ans pour qu’elle soit et qu’elle reste dédiée aux écrivains. Ce sont eux qui la font et qui l’animent, somme toute. De mon côté, je garde en mémoire près de quatre cents voix, tantôt vibrantes, haletantes ou hésitantes, souvent diverses et pourtant semblables en ce qu’elles portaient toutes un discours sur la création. C’est cette parole de l’écrivain que j’ai aimé écouter – cette parole qu’on a tendance aujourd’hui à ignorer ou à faire taire en dépit de sa force et de sa beauté. Jamais je ne remercierai assez Olivier Poivre d’Arvor et Sandrine Treiner (qui dirigent les programmes de France Culture) de leur avoir offert cette tribune sur un plateau… d’or !

Pouvez-vous aujourd’hui « tracer une carte du paysage littéraire » ?

Ce qui me frappe souvent, quand j’entends parler de littérature française, c’est ce cliché qui veut qu’elle soit intimiste ou autocentrée. Le Carnet d’or s’est attaché à prouver, ces trois saisons, que le paysage littéraire francophone était au contraire d’un éclectisme et d’une créativité sans nom. S’il devait se cartographier, ce serait sans doute un immense archipel où nombre d’îles sont reliées entre elles, par des ponts de papier !

Le Carnet du Libraire se termine également. Les libraires vous regretteront sans doute car on ne leur donne pas souvent la parole…

En réalité, Le Carnet du Libraire se poursuit également – il sera même plus long, et la parole du libraire n’en sera que plus présente, tous les jours sur France Culture, juste après Les Nouveaux Chemins de la Connaissance. Là encore, je suis heureux que Christophe Ono dit Biot poursuive ce pari qui était le mien – celui de redonner aux libraires voix au chapitre. Non en leur demandant un coup de cœur au petit bonheur la chance, mais en leur confiant une semaine de prescriptions littéraires, sur France Culture, à l’image de la sélection riche et variée qu’ils passent tous les jours dans leur librairie.

Votre actualité estivale, c’est Les Bonnes feuilles, émission quotidiennement animée avec Sandrine Treiner : ça vous plaît d’être le tout premier à interroger les auteurs sur les romans dont tout le monde parlera à la rentrée ?

Ce qui nous plaît, avec Sandrine Treiner, c’est surtout d’écouter en exclusivité et en avant-première la voix de ces romanciers qui feront la rentrée. La voix, souvent émue, parfois trébuchante, de l’écrivain qui vient de mettre un point final à son dernier roman. La voix hésitante d’un romancier qui ne sait pas encore quelles questions on va lui poser mais qu’on risque fort de lui poser plus tard… La voix d’un artiste, enfin, qui décrypte pour nous l’art de commencer un roman, le quotidien de l’écriture et la place que l’on devrait toujours, à mon sens, faire à la littérature.

Votre rentrée à vous, c’est France Inter. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’émission que vous animerez ?

Du lundi au vendredi, de 9h10 à 9h40, j’interrogerai un acteur du monde de la culture ou des idées, lors d’un entretien que j’espère piquant et cultivé. Il s’agira là aussi d’entendre le point de vue de l’artiste sur le monde, de recueillir sa parole sur le livre, le disque, le spectacle ou le film qu’il vient défendre, d’écouter ses confidences sur l’expérience de la création… Bref, vous ne serez pas dépaysés !

Il y avait quelque chose d’intime, une certaine proximité avec les auteurs dans une émission d’une heure le samedi après-midi. C’est ce qui donnait un ton si particulier au Carnet d’or. Ne serez-vous pas tenu par l’heure de grande écoute à plus de généralités ?

Le défi que je me lance, c’est celui d’un entretien singulier qui laisse la place au sens et à la confidence. Depuis que je fais ce métier,  je crois sincèrement que la parole de l’artiste doit être écoutée, comprise et entendue. La directrice de France Inter, Laurence Bloch, qui m’a fait commencer la radio il y a 15 ans, me donne aujourd’hui la chance de porter cette parole à une heure de grande écoute – et je ne peux que la remercier !

Officierez-vous encore sur Canal Plus à la rentrée ? Toujours au même poste ?

Je serai toujours au Grand Journal de Canal Plus l’année prochaine – avec encore plus de livres, de coups de cœur… et de bonne humeur !

Vous faites très peu état de vos goûts personnels dans vos émissions. Ça me ferait plaisir de savoir quels sont pour vous les trois (ou plus !) écrivains français vivants que vous appréciez le plus…

C’est une question déchirante, mais je vais trancher pour vous faire plaisir ! J’ai une folle admiration pour Jean Védrines, qui publie Morteparole (Fayard) à la rentrée, et dont j’ai dévoré tous les romans. Je citerais aussi pêle-mêle Céline Minard, Emmanuel Carrère, Annie Ernaux ou Pierre Bergounioux.

Et votre roman favori pour la rentrée littéraire 2014 ?

Dans ma réponse précédente, je vous donne un ou deux indices !

23 commentaires sur “Augustin Trapenard en questions

  1. Merci pour cet entretien ! Je n’ai pas raté Le carnet d’or lors des deux derniers Quais du Polar et j’ai beaucoup apprécié en direct comme à la radio le ton d’Augustin Trapenard, son sourire et sa façon de mettre en confiance les auteurs. Je lui souhaite de réussir aussi bien dans sa future nouvelle « case ».

  2. Ahhhh, Augustin ! J’ai hâte d’écouter sa future émission, et je suis heureuse d’apprendre par ton article que Christophe Ono dit Biot reprenne le Carnet d’or ! ça va en faire des trucs à podcaster !

    1. Oui : quel plaisir toutes ces émissions culturelles à écouter ! J’ai hâte de découvrir le ton que Christophe Ono dit Biot donnera au Carnet d’Or, c’est qu’on a ses habitudes 🙂

  3. Je l’écouterai sur France-Inter. On sait qui le remplace pour le Carnet d’Or ? Ça valse sur Radio-France cette année, il va falloir éplucher les programmes début septembre pour retrouver ceux qui auront survécu.

  4. J’écoute peu la radio mais il va falloir que je me mette aux Podcasts. Par contre, je suis régulierement Augustin sur Canal.
    J’aime beaucoup cette façon rapide, et surtout passionnée de parler des livres.
    Merci pour cet interview et les conseils de rentrée tant pour les livres que pour les émissions.

  5. Je savais qu’il serait sur FI à la rentrée, ça me va.
    Merci aussi, tiens, pour ton info sur les videos du Rouquin bouquine, j’en ai juste suivi une (sur Et j’ai comme une grande idée) et vraiment c’est du bon.

    1. Il est très bon n’est-ce pas ce Rouquin ? Je ne regarde pas les vlog dont il était question sur FB (je ne connaissais même pas ce mot), parce qu’il faut quand même conserver du temps pour lire… je suis tombée par hasard sur ce libraire convaincu et franchement, si les vidéos de lecteurs étaient toutes aussi bien présentées, j’y passerais ma vie !

  6. Hier soir, j’avais survolé ton article, je vois la réponse aujourd’hui en y revenant, c’est donc Christophe Ono Dit Biot qui prend sa place au Carnet d’Or … à suivre.

    1. Ça ne va pas forcément être facile pour lui, on va forcément le comparer : il va falloir qu’il fasse sa voix. S’il est passionnée, pertinent et n’envahit pas le temps de parole des invités (comme d’autres que j’ai souvent cités…) alors pour moi ça sera gagné.

  7. Je l’ai découvert sur Canal mais brièvement, parce que je regarde peu le Grand Journal qui m’agace, mais je l’écouterai volontiers sur France Inter qui gagnera au changement à cette heure-ci, les invités étaient toujours les mêmes, interrogés de la même façon. Ce que j’ai vu d’A. Trappenard me plaît bien sa douceur et son enthousiasme lorsqu’un livre lui plaît.

    1. J’espère aussi que les invités seront variés et que les propositions ne seront pas parisiano centrées : les pièces de théâtre évoquées dans les émissions culturelles sont certainement très bien mais moi dans ma province, je ne les verrai jamais et je pense que c’est le cas de beaucoup de gens. Quasi pareil pour le cinéma : ici, que des blockbusters ou des films en v.f….

  8. Non seulement je trouve le jeune homme fort plaisant à regarder mais en plus, il sait de quoi il parle ! Bon, en tout cas, il a du coup pris la place de Pascale Clark sur Inter.En tout cas, tu dois être une personne renommée pour avoir accès à de telles confidences. Bravo en tout cas d’avoir menée cet entretien avec brio. Bises
    PS: je vois surtout comme indices énormes, Védrines et Morteparole

    1. Ça n’est pas ma renommée qui a permis cette interview mais bien la très grande amabilité d’Augustin Trapenard qui reste disponible malgré sa réputation. Sa tête n’est pas qu’agréable à regarder, elle est aussi bien pleine 😉

  9. Chouette interview. Je suis déçue d’arrêter mes déplacements à la rentrée : je n’appréciais guère Pascale Clark, et maintenant qu’elle est remplacée par Augustin Trapenard, c’en est fini pour moi !

    1. Pascale Clark a ses admirateurs mais aussi de très fervents contradicteurs enchantés de la voir partir… je ne l’ai pour ma part que de rares fois : elle a effectivement un style bien à elle qui peut agacer.

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