Avril 1917 : le Congrès américain décide de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne. Parmi les Américains qui s’engagent volontairement dans le corps expéditionnaire commandé par le général Pershing, un certain nombre de natives ou Redskins ou Amérindiens (ce dernier terme étant plus moderne). « Indiens » est un terme bien commode pour désigner ces peuples disparates dont la nationalité n’est pas le moindre problème. Américains ?
Jacques Rouzet choisit de raconter le curieux destin de ces Indiens débarqués un jour de novembre 1917 en Bretagne pour se battre aux côtés des Français. Pour Samuel Cœur-de-Loup, Sioux lakota de vingt-sept ans, il s’agit plutôt de tuer des Blancs et de faire preuve de courage. Il part avec son « cousin » Parker, un Miniconjou, qui connait l’Europe pour l’avoir parcourue avec le Wild West Show. Sam est d’abord nommé chauffeur, puis affecté à la construction de routes. Mais ce qu’il veut lui, c’est se battre, se battre à sa façon, avec ses mocassins et ses longs cheveux qu’il a réussi à conserver.
C’est sur le front qu’il rencontre Joseph Décorêt, un téléphoniste de dix-neuf ans. Ils sont blessés du côté de Châlon en septembre 1918, Joseph sauvant la vie de Sam. C’est à l’hôpital qu’ils font la connaissance d’Anna, infirmière d’origine russe et peu farouche. Tous deux tombent amoureux, d’un amour que le temps et l’éloignement ne tariront pas. Aucun des deux ne l’épousera, mais la belle dame en blanc restera entre eux, quand quarante ans plus tard, Sam reviendra en France à la faveur de commémorations.
Grand coeur sauvage aborde la Grande Guerre sous un angle pour le moins original, celui de l’engagement des Indiens américains. Autant dire que j’aurais aimé apprécier ce roman, mais malheureusement, la déception est au rendez-vous. Tout va vite, trop vite. Les personnages au riche potentiel ne sont pas assez creusés à mon goût, on reste en surface de leurs motivations. D’un Indien pris dans la tourmente de la Grande Guerre on ne saura au final pas grand-chose. Jacques Rouzet parsème çà et là son texte de mots indiens, qui font certes illusions mais ne convainquent pas.
Ce roman manque d’intensité et de profondeur. Et je me prends à penser à ce qu’un auteur américain pourrait faire d’une histoire comme celle-là…
Thématique Première Guerre mondiale sur Tête de lecture
Grand coeur sauvage
Jacques Rouzet
Pocket, 2012
ISBN : 978-2-266-19371-9 – 316 pages – 7.30 €
Joseph Boyden, dans « Le chemin des âmes » en parle très très bien, j’avais appris cette histoire à cette lecture
Ce livre m’avait un peu ennuyée…
Dommage… Savais tu qu’à cette époque les indiens n’avaient pas la nationalité américaine? (mais on les envoyait quand même!)
On leur avait fait tant de promesses… certains pensaient l’avoir cette nationalité, pour se rendre plus ou moins compte au moment de l’enrôlement que non…
Depuis « le chemin des âmes » de Boyden, on sait beaucoup de choses sur les indiens pendant la guerre et ce livre est si beau un vrai coup de coeur pour moi et tant d’autres lecteurs et lectrices.
Le charme de Boyden n’a pas fonctionné sur moi : je me suis ennuyée à la lecture de ce livre. Je suis donc toujours à la recherche du livre sur les Indiens pendant la Grande Guerre…
Dommage, le sujet était très intéressant.
Oui, c’est dommage…
Moi aussi, je pensais au Chemin des âmes que j’ai beaucoup aimé… mais il ne parle pas que de la guerre vue du côté des Indiens.
Je crois qu’il a en effet été beaucoup apprécié. Il faudrait probablement que je renouvelle cette lecture…