Achille Bonnefond, aristocrate détective, se remet doucement de sa précédente enquête. C’est qu’il termine La Vierge-Folle entre la vie et la mort. Moins cependant en raison des risques liés à l’enquête que de ceux concernant sa vie amoureuse quelque peu éparpillée. C’est que ce séduisant célibataire a plusieurs casseroles sur le feu, toutes bouillonnantes ! Et que de plus, rien ne lui sert de leçon puisqu’à nouveau, il tente de séduire… et séduit effectivement.
Il enquête aussi, qu’on ne s’y trompe pas. Voilà que Mimi Pattes-Maigres, actrice et amie de Marthe, la maîtresse d’Achille, est retrouvée morte, visiblement suicidée. Marthe n’y croit pas et Achille ne s’y intéresse pas vraiment. Jusqu’au jour où il reçoit une lettre lui donnant rendez-vous dans une église parisienne, s’il désire en savoir plus sur la mort de Mimi. Là, il découvre le cadavre d’un homme qui semble avoir été déchiqueté par une bête sauvage.
Il apprend que Mimi fréquentait un cercle de spirites. Achille, qui connaît Paris et son monde comme sa poche, sait qu’il en existe de nombreux car le spiritisme est à la mode. Il décide d’aller voir le plus sérieux d’entre eux, Allan Kardec, chez lui, 59 passage Sainte-Anne.
Grâce à Allan Kardec, les phénomènes étranges, jusque-là qualifiés de surnaturels, ne l’étaient plus. Il apportait la preuve de la vie après la mort. La pluralité des existences était un des fondements majeurs de cet enseignement spirite. Il n’y avait plus de place pour le hasard. L’homme pouvait enfin savoir d’où il venait, dans quel but il était là, pourquoi il devait traverser telle ou telle épreuve.
Comme nombre de ses contemporains, dont de très éminents, Achille Bonnefond va faire tourner les tables, invoquer les esprits, discuter avec des morts. Expérience saisissante s’il en est, d’autant plus quand c’est un esprit mauvais qui se manifeste. Et expérience qui peut devenir lucrative, se transformer même en escroquerie quand elle est pratiquée par de peu scrupuleux personnages tel un certain Blangoret de la Société des Esprits clairvoyants.
Absorbé par son enquête, Achille n’en oublie par pour autant l’amour, ou plutôt l’Amour puisque cette fois, il semblerait vraiment que la jeune femme ait frappé là où ça fait mal : au coeur. Et la jeune femme en question porte déjà son nom puisqu’il s’agit de sa cousine la téméraire Garance qui va elle aussi participer à l’enquête, courant de réels dangers.
Il y a dans ce roman de Frédérique Volot un parfum d’enquête à l’ancienne qui tient du vaudeville. Les situations sont paroxystiques et les personnages très campés. L’intrigue est symptomatique de ce XIXe siècle où le spiritisme était à la mode dans tous les cercles parisiens. Le contexte est celui de la rénovation du vieux Paris qui achève de disparaitre sous les travaux d’Haussmann. Agitation et innovation sont les maîtres mots de l’époque, le monde semble s’offrir à la découverte d’horizons nouveaux.
Je n’ai, par mégarde, pas lu le premier tome des aventures d’Achille Bonnefond. A la lecture de ce second tome, j’ai plus apprécié l’homme que le détective : il me manque ses premiers pas dans la carrière, ses motivations. Mais l’homme est intéressant car inattendu : parfois mufle avec les femmes, parfois séducteur, brillant dans les salons mais attentif à la misère des petites gens. Une sorte d’aristocrate humaniste comme peu d’enquêteurs le sont.
59 passage Sainte-Anne
Frédérique Volot
Presses de la Cité (Terres de France), 2014
ISBN : 978-2-258-11027-4 – 333 pages – 21,50€
une période polar? sagement j’attends que ça passe!
Une période « Imaginales » surtout qui a guidé mes choix durant quelques temps. Et qui m’a surtout fait découvrir des auteurs vers lesquels je ne serais pas forcément allée, comme Frédérique Volot qui est une agréable découverte.
Tu me fais bien envie 🙂
J’en suis ravie car j’ai passé un bon moment de lecture dans le Paris agité d’Achille Bonnefond.
J’attends donc ton avis sur le premier tome.
Je l’avais réservé en bibliothèque mais je n’ai pas eu le temps d’aller le chercher et de le lire avant celui-ci et surtout avant les Imaginales. Mais ce n’est que partie remise…
Très bien cette série, j’ai lu les deux, ça détend et ça instruit sur la vie à l’époque. Je lirai très volontiers la suite si suite il y a
Je ne sais pas s’il y en aura d’autres mais c’est en effet une série qui peut se grignoter avec plaisir sur la longueur.