Jonas a eu un frère, il y a longtemps, avant même qu’il naisse. Ce frère s’appelait Paul et il est mort 502 jours avant la naissance de Jonas. Il avait à peine dix-huit ans au moment de sa mort et maintenant que Jonas est adolescent lui aussi, il s’interroge sur ce frère dont la photo trône sur la télévision.
Jonas part donc à la recherche de Paul, si beau, si souriant. Il s’est fait renverser par un train, dit maman, il était rêveur, il ne l’a certainement ni vu ni entendu venir. Mais ça ne suffit pas, il faut en savoir plus, interroger d’autres personnes. Comme Daniel par exemple, l’ami d’enfance de maman. Il s’avère que Daniel, célibataire et jadis alcoolique, a bien connu Paul. Qu’il parle de lui comme un être solaire, en des termes bien différents de ceux de ses parents.
Bientôt Jonas comprend qu’au moment de sa disparition, Paul était amoureux. Amoureux d’un garçon qui était comme un frère pour lui. Jonas trouve d’autres photos et bientôt, le journal intime de Paul. Son premier amour, son seul amour s’appelait Petr, il était tchèque…
Jamais l’homosexualité de Paul n’est un problème pour Jonas, jamais il ne condamne ni ne juge. C’est une des raisons pour lesquelles Mon frère et son frère, malgré sa gravité, n’est pas un livre triste. La personnalité de Paul, son énergie et sa vitalité dominent tout. C’est un adolescent heureux et épanoui. Jonas devient son ombre, de plus en plus nette et sombre au fur et à mesure de son « enquête ». Le dénouement est un véritable drame, mais il permet à Jonas de comprendre et de s’apaiser.
L’écriture de Hakan Lindquist est à la fois sobre et émouvante. C’est ce mélange qui confère à la scène centrale, la première fois où Paul et Petr font l’amour, son naturel. Idem pour les « conversations » entre Paul et Jonas, nées de la seule imagination de ce dernier. Plus qu’un livre triste sur le deuil, c’est un livre dense et original, sans fausse pudeur ni exhibitionnisme. Et un beau livre sur l’adolescence.
Mon frère et son frère
Hakan Lindquist traduit du suédois par Anne Ruchaud
Gaïa, 2001 (au temps des pages roses)
ISBN : 2-910030-96-2 – 218pages – 18 €
Min bror och hans bror, parution en Suède : 1993
Intéressant…le titre est intriguant…
Présent à la bibli de ma ville 🙂
Bon dimanche
A partir, on imagine une histoire de faille bien complexe… l’histoire est plus simple, mais belle.
La thématique ne me parle pas trop, histoire d’amour d’ado, secret de famille, c’est trop intimiste, mais je me trompe peut-être. Jolie couverture colorée en tout cas pour un Gaïa.
C’était l’époque des pages roses chez Gaïa (au sens propre…).
Oui, les pages roses… Déjà vu à la bibli!
Je me souviens qu’à l’époque ils disaient que noir sur rose procurait le meilleur confort de lecture… bien meilleur que blanc sur noir en tout cas !
Ah ça le blanc sur très foncé, je n’ai plus qu’un blog de ce genre dans mes préférés, et hélas, j’adore ce blog! (mais je m’use les yeux, à mon âge, faut plus ça, ma brave dame)
je vais regarder sa disponibilité chez moi
Lisible par un ado qui a un bon niveau de lecture ?
Un ado de 15 ans plutôt que 12 : oui tout à fait.
Ca a l’air assez triste, en effet.
Pas tant que ça : Jonas n’a jamais connu son frère, il est comme un ami imaginaire qui se concrétise…
Un livre dont tu parles très bien et que tu donnes envie de découvrir
C’est Laurent (ex In Cold Blog) qui m’a donné envie, si je transmets à mon tour je suis ravie !
Lu il y a longtemps, plutôt apprécié mais j’avoue que c’est assez loin.
Quand on lit beaucoup, on oublie aussi beaucoup. Et puis parfois on se surprend à se souvenir de livres pas forcément marquants à la base mais qui font leur chemin…
Ton avis m’a totalement conquise. Malheureusement, ce roman n’est plus édité et il ne fait pas parti des références de ma bibliothèque.
Quel dommage… J’habite une ville de province de 17 000 habitants, autant dire un village au vu des endroits où j’ai vécu avant. La bibliothèque municipale est loin de répondre à mes envies, surtout quand elles sortent un peu des sentiers battus (comme beaucoup de mes lectures « Lire le monde »). Alors je vais plus loin, « à la grande ville », c’est-à-dire la préfecture du département qui elle ne fait que 50 000 habitants : j’y trouve un peu plus de choses, mais vraiment pas tout… Dure vie de dévoreuses de livres 🙂
Mais il a pu atterrir à la médiathèque de S. (sans doute grâce au fond départemental). Tout comme le puits de solitude (et figure toi qu’ à S il y a trois, oui, trois, ouvrages de Philippe Lejeune! ^_^
Lu il y a assez longtemps, il m’avait laissé un beau souvenir de lecture
Je crois que ce sera le cas pour moi aussi.
Encore un qui me tente, un suédois pas polar, voilà une bonne idée 🙂
C’est vrai qu’aujourd’hui, le polar suédois est l’arbre qui cache la forêt, et il y a tant à lire !