Blizzard de Marie Vingtras

Vous aimez la littérature américaine ? Lisez Marie Vingtras, née à Rennes mais vous n’y verrez que du feu. Car avec Blizzard, son premier roman, elle nous transporte en quelques phrases en Alaska, en pleine tempête comme le titre l’indique. Mais ce roman n’est pas américain uniquement par ses thèmes. L’écriture aussi correspond à celle des Grands Romans Américains.

Blizzard est un roman choral qui donne la parole à quatre personnages qui s’expriment alternativement : Bess, Benedict, Freeman et Cole. Ce n’est que petit à petit que l’on comprend ce qui les lie. Les trois premiers sont habités par un besoin de rédemption qu’ils sont venus chercher dans ce bout du monde extrêmement hostile. Quant à Cole, c’est un salaud raciste et misogyne, qui traîne avec lui une odeur de tragédie.

Tout commence par la voix de Besse qui vient de lâcher la main d’un petit garçon, Thomas, en pleine tempête. Elle part le chercher. On ne saura que bien plus tard, révélation après révélation, où elle allait avec cet enfant dans la tempête. Cette disparition met Benedict en mouvement, dont on comprend bientôt qu’il est le père de l’enfant, peut-être… Il demande l’aide de Cole qui l’accompagne de très mauvaise grâce. Freeman quant à lui raconte sa vie sans que l’on sache d’abord le lien avec les trois autres : noir américain, très croyant, il a fait le Vietnam pour se trouver une place dans la société et devenir un homme avant de rentrer psychologiquement cassé et d’intégrer les rangs de la police. Avant de devenir père aussi, d’un petit Leslie, la perle de ses yeux.

Une voix après l’autre apportent des précisions sur le passé, sur ce qui les lie tous, à savoir l’histoire de ce petit Thomas. On comprend vite que Bess a perdu une sœur, Benedict un frère et Freeman son fils. Et tous portent leur culpabilité comme un joug. Leurs vies brisées les ont conduit en ce bout du monde où personne ne pose de question à personne. Où si on peut supporter le froid, on peut rester.

Avançant dans le brouillard d’une intrigue aussi dense que celui de ce coin perdu du monde, le lecteur reconstitue le drame primordial et ses conséquences essentiellement dues au silence. Il est beaucoup question d’enfance et de paternité dans Blizzard, de famille aussi, de ces tribus qui se pensent indestructibles alors que les secrets et les silences les rongent.

Quatre acteurs donnent voix aux quatre personnages : Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille et Sébastien Pouderoux. Le suspens allant crescendo, je suis ravie d’avoir pu savourer ce roman d’une seule traite. Merci à Sylire de m’avoir permis de l’audiolire.

 

Blizzard

Marie Vingtras

L’Olivier, 2021
ISBN : 978-2-8236-1705-4 – 181 pages – 17 €

 

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21 Comments

  1. Un roman que j’ai trouvé sympa et agréable à lire mais pas marquant. Il ne m’en reste que très peu de souvenirs. J’ai eu le sentiment d’un livre «  surcoté »( ça n’engage que moi bien entendu)

  2. « Blizzard » est un roman à la fois bref et dense où il est question de rédemption et de résilience. Le rudesse des personnages fait écho à celle du climat.

  3. Et bien tu n’as pas trainé à l’écouter !
    Ravie qu’il t’ait plu.
    C’est vrai que l’on se croirait dans un roman américain (je l’imagine publié chez Gallmeister).

  4. J’avais été scotchée par cette lecture, drôlement bien fichue. J’avais juste regretté une trop grande avalanche de secrets sur la fin, la barque est chargée. Ce n’est pas très grave.

  5. J’ai beaucoup aimé la mécanique narrative, très habile et prenante. J’ai en revanche été un peu moins convaincue par le contenu : l’accumulation de malheurs a fait qu’à un moment, je n’y croyais plus…

  6. Je l’ai beaucoup vu passer sur les blogs sans être tentée vraiment pour l’instant, question de thèmes justement, mais à voir si ses prochains romans restent dans le même esprit.

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