Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson

les hommes qui n'aimaient pas les femmesAprès tous ces éloges, qu’ajouter sur Les hommes qui n’aimaient pas les femmes ? Rien si ce n’est que je me joins volontiers au concert avec deux trois réserves, histoire de chipoter et quelques infos.

Mikael Blomkvist, journaliste économique qui sait encore ce que signifie la déontologie est contacté par le très vieux Henrik Vanger pour enquêter sur la disparition de sa petite-nièce Harriet trente-sept ans auparavant. Elle a disparu du jour au lendemain et depuis toutes ces années, il est persuadé qu’elle a été assassinée. Il faut dire que la famille Vanger est un clan à l’intérieur duquel les dissensions ne manquent pas. Mais Mikael Blomkvist vient d’être condamné pour diffamation lors d’un procès qui ne lui simplifie pas la vie au sein de son journal, Millénium. Pour enquêter sur la disparition d’Harriet Vanger, il décide de s’installer dans le nord de la Suède, au cœur de la famille Vanger. Il sera amené à travailler avec la jeune Lisbeth Salanger enquêteuse hors pair légèrement décalée et asociale. Portrait physique :

Une fille pâle, d’une maigreur anorexique, avec des cheveux coupés archicourt et des piercings dans le nez et les sourcils […]. Un tatouage d’une guêpe de deux centimètres sur le cou et un cordon tatoué autour du biceps gauche […]. Elle avait toujours l’air d’émerger d’une semaine de bringue en compagnie d’une bande de hard-rockers.

Et aussi violente, rancunière et vulgaire. Une héroïne originale, hackeuse sans scrupules, qui plaît instantanément. Lisbeth et Mikael vont devoir faire équipe (pas avant la page 300) pour résoudre cette histoire hyper glauque où se mêlent haines familiales, tueurs en série et scandales financiers.

Comme la plupart, j’ai été happée (après un début un peu laborieux) par cette histoire qui nous fait découvrir petit à petit l’ampleur des crimes commis. La densité des héros, la tension dramatique, les intrigues imbriquées : rien à dire, c’est formidable. Mais bon, Larsson ne réinvente pas l’eau chaude : c’est un très bon polar sans qu’il soit révolutionnaire ; après tout ce tapage, je m’attendais à quelque chose d’encore plus bluffant.  Á mon avis, l’intérêt tient moins dans l’intrigue policière, cependant très réussie, que dans le traitement des personnages, leurs interactions, leur passé.

Là où par contre j’ai vraiment envie de chipoter, c’est que j’aurais bien pris quelques notes de bas de page pour, par exemple, m’expliquer en trois lignes ce que fut la guerre de Finlande, importante dans le passé d’un personnage. Ou pour me permettre du premier coup de comprendre ce qui se cache derrière le surnom de « Super Blomkvist » dont Mikael est affublé à ses dépends. Ça n’aurait pas été le bout du monde d’écrire en note qu’il s’agit d’un héros d’Astrid Lindgren, Métailié fait ça très bien pour les romans de l’Islandais Indridason. D’autres précisions auraient été les bienvenues sur l’histoire et la culture suédoises : pas de remerciements à l’éditeur, ça n’est pas du bon boulot.

Info parallèle tirée de Lire n°364, avril 2008 : « Destinée au cinéma et à la télévision, l’adaptation suédoise du premier volet de la trilogie de Stieg Larsson est tournée par Niels Arden Oplev […]. En tête d’affiche, les grands noms du cinéma suédois : Michael Nyqvist jouera le journaliste, Noomi Rapace, la pirate informatique, et Lena Endre, Erika Berger. » Ça devrait donner quelque chose de bien.

Autre info, tirée cette fois du magazine Livres Hebdo (pour les professionnels du livre) n°723, 29 février 2008 qui publie la seule interview réalisée de Stieg Larsson qui mourut fin 2004 quelques jours après avoir remis le troisième volume de Millénium à son éditeur, sans avoir vu le premier imprimé. Évidemment, je ne peux pas la reproduire, mais votre libraire ou votre bibliothécaire l’ont certainement, ça vaut le coup de leur faire un gentil sourire et de leur demander un prêt exceptionnel ou des photocopies… En tout cas, sachez que Lisbeth Salander est le portrait de Fifi Brindacier à vingt-cinq ans selon Larsson et que la compagne de l’écrivain assure qu’il n’y aura pas de quatrième tome alors que le manuscrit était pratiquement terminé à la mort de Larsson. Mais moi je m’en fiche : il me reste deux tomes à lire…

Le tome 2 sur ce blog

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Millénium – 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Stieg Larsson traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain
Actes Sud, 2006
ISBN : 978-2-7427-6157-8 – 574 pages – 22,80 €

Män som hatar kvinnor, parution en Suède : 2005