J’avais très envie de voir ce film et très peur de le rater vu que deux semaines après sa sortie, il n’était plus joué que dans onze salles en France. Mais il y a un dieu pour les Viggophiles et me voilà parcourant quatre-vingts kilomètres aller-retour pour rejoindre une salle Art & Essai diffusant en v.o. le film le plus cher de tout le cinéma espagnol.
Le plus cher, et peut-être bien le plus long… En tout cas, les producteurs auraient fait des économies en retirant trois bons quarts d’heure à cette histoire qui n’est pas un tout mais une suite d’épisodes. Car comme vous le savez, ce film est l’adaptation du cycle romanesque de Arturo Perez Reverte, très populaire en Espagne qui conte les aventures d’un mercenaire des guerres du roi Philippe IV. « Ce n’était pas l’homme le plus honnête ni le plus pieux, mais c’était un homme courageux. Il s’appelait Diego Alatriste. » Il assassine pour de l’argent, se bat comme un dieu, est noir de crasse du début à la fin et n’hésite pas à payer de sa personne (ne fantasmez pas mesdames, j’entends par là qu’il prend beaucoup de coups…). Utilisé par les Grands corrompus jusqu’à l’os pour faire le sale boulot, Diego a quand même une conscience (qui lui permet de ne pas tuer le prince de Galles), une seule parole (pour la tenir, il assassine ses complices de sang froid) et un coeur gros comme ça sous sa broigne de cuir. Le spectateur assiste donc à de superbes duels à l’épée, à la prise d’un bateau hollandais gorgé d’or, à des scènes de guerre criantes de réalisme. Exit les Jean Marais qui vous transperçaient dix pirates le sourire aux lèvres sans verser une goutte de sang. Ici, les cris, la souffrance, la violence sont présents à chaque image. Les scènes de guerre dans les Flandres sont aussi éprouvantes pour les personnages que pour le spectateur tant il pleut et que tout suinte la misère et la mort brutale. Très réussi.
De même, les acteurs sont irréprochables. Viggo Mortensen porte le chapeau à larges bords et l’épée à merveille (son espagnol est parfait en plus), Eduardo Noriega est toujours aussi beau et convaincant et les autres acteurs sont tous à leur place. Les costumes sont superbes, l’image et la lumière si soignées que certaines scènes évoquent, volontairement parfois, des tableaux célèbres.
Alors pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste qu’il le faudrait pour défendre ce film que je vous engage à voir cependant ? Eh bien parce qu’il est trop long, beaucoup trop long et que malgré toute mon admiration pour les deux acteurs déjà cités, j’ai fini par m’ennuyer un chouïa… Une mission suit l’autre avec pour fil conducteur les amours de Diego et d’une actrice et celles de son quasi fils adoptif Inigo et de la belle Angelica. Diego est fier, Diego se bat, Diego est sale, Diego est beau… Diego est mort… ah non, ce n’est pas encore pour cette fois ! En une heure quarante cinq, l’enthousiasme aurait été débordant, en deux heures vingt-cinq, il est…déclinant.
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Capitaine Alatriste, Agustin Diaz Yanes, 2008
Avec Viggo Mortensen, Eduardo Norriega, Elena Ayana, Ariadna Gil
Durée : 2h25 – Sortie nationale : 25 juin 2008