Une histoire de fous de John Katzenbach

Une histoire de fous Francis Petrel a tout juste vingt ans quand sa famille décide de le faire interner au Western State, un hôpital psychiatrique surpeuplé. Les raisons : violence, instabilité. Là, on lui donne le surnom de C-Bird et il devient proche du Pompier, autre interné pyromane et responsable de la mort d’un prêtre. De cachets en réunions, de couloirs en dortoirs, C-Bird vit au jour le jour jusqu’à la découverte du corps d’une élève infirmière assassinée à laquelle on a coupé quatre phalange.

Un coupable est tout de suite désigné, qu’on surnomme l’Efflanqué et qui a été retrouvé avec une chemise pleine de sang. Mais C-Bird et le Pompier ne croient pas à la culpabilité de leur camarade, pas plus que Lucy Jones, assistante du procureur et chef de l’unité des crimes sexuels. Depuis des années, elle suit un assassin qui a pour rituel de couper les phalanges de ses victimes, uniquement féminines. Jadis victime d’un viol, la jeune femme s’est jurée de découvrir l’identité de ce tueur en série L’enquête commence donc, contre le gré des médecins du lieu qui préféreraient ne pas faire de vagues.

Comme nous l’indique le titre du premier chapitre « Un narrateur sujet à caution », Une histoire de fous nous est en partie conté par C-Bird, vingt ans après les événements, « ex-fou » donc, ou presque : « La vérité est un terrain glissant qui me met mal à l’aise. Comme tous les dingues. Alors, si j’écris des choses, elles sont peut-être fausses. Ou peut-être exagérées. » J’aime beaucoup ce genre de narrateur obscur, dont on peut mettre en cause la crédibilité pour mieux se laisser berner, au final, par un auteur machiavélique. J’ai lu mieux en la matière, mais Katzenbach s’en sort bien, même s’il a besoin d’un narrateur omniscient en plus de C-Bird. J’ai complètement marché dans ce suspense, prise dans l’ambiance glauque de cet hôpital qui laisse peu de chance à l’espoir. Je me suis demandée jusqu’au bout qui était ce mystérieux Ange qui hante C-Bird dans le passé comme dans le présent. Un autre lui-même ? Est-il le meurtrier ? On s’interroge, on cherche et finalement, on s’accroche jusqu’à la fin.

La seule chose qui m’ait semblé étrange, c’est que l’assistante du procureur fasse de C-Bird et du Pompier ses deux adjoints dans cette enquête, car s’ils ne sont pas fous à lier, ils déménagent quand même pas mal…

J’aime les histoires de fous, et là pour le coup, j’ai été servie…

 

Une histoire de fous

John Katzenbach traduit de l’anglais (américain) par Jean Charles Provost
Presses de la Cité, 2005 (existe en poche)
ISBN : 2-258-06622-0 – 547 pages – 21 €

The Madman’s Tale, parution au Etats-Unis : 2004