Seul sur la mer immense de Michael Morpurgo

morpurgo-2J’ai jadis lu plusieurs livres de Michael Morpurgo, dans le cadre de mon travail en section jeunesse, et je n’ai jamais été déçue. Une fois encore, cet auteur britannique a su m’emporter, me dépayser et m’étonner aussi, car ils sont finalement rares ces auteurs jeunesse susceptibles de capter l’attention des adultes.

A la fin d’une vie bien remplie, Arthur Hobhouse décide d’écrire ses mémoires : lui, l’orphelin déraciné voudrait laisser à sa famille une petite trace, un souvenir. Né à Londres vers 1940, il est exilé à l’âge de six ans avec des dizaines d’autres orphelins vers l’Australie, « mais cela aurait aussi bien pu être la lune ». Mais la terre de l’espoir pour tous ces misérables enfants s’avère être infernale. Placé dans un ranch, il ne devient rien moins que l’esclave d’un fermier illuminé, surnommé Piggy Bacon, qui frappe les enfants et les exploite. Quand il parvient à s’enfuir avec son ami Marty, c’est pour trouver la paix dans l’Arche, maison de la très fantasque Megs Molloy : « cet endroit grouillait d’animaux de toutes les espèces imaginables : chèvres, moutons, deux cochons, un âne à l’air mélancolique appelé Barnaby, trois vaches laitières et leurs veaux, et, bien sûr, toute sa famille d’animaux sauvages. » Mais le bonheur ne dure qu’un temps, et à vingt ans passés, Arthur devra quitter l’Arche pour les chantiers navals, la mer et une vie bien plus difficile.

Quand Arthur, à l’article de la mort, met un point final à son récit, c’est celui d’Allie, sa fille, qui prend le relais. Parce qu’elle est un marin expérimenté, elle décide de partir en Angleterre à la recherche de Kitty, la sœur d’Arhur qui, sur le quai du port de Liverpool lui a donné une clé porte-bonheur qui ne l’a jamais quitté. Fantasme ou véritable souvenir cette sœur ? Allie va traverser à bord du Kitty IV la moitié du globe pour s’en assurer et raconter elle aussi son histoire.

Aucun misérabilisme dans ce livre, aucune facilité de narration, juste la vie d’un homme qui va mourir et souhaite raconter simplement ce que fut sa vie. Originale bien sûr, car l’Australie est une terre mystérieuse, souvent hostile, mais aussi sincère en amitié et débordante d’amour.

L’écriture est très simple et pourtant émouvante car Michael Morpurgo a su donner à l’histoire de cet homme une grande densité historique et émotionnelle. Le calvaire des enfants du ranch Cooper est particulièrement saisissant et n’est pas sans évoquer une certaine veine dickensienne.

Je vous colle ci-dessous une interview du bonhomme qui parle bigrement bien français et conseille à tous les jeunes et moins jeunes de lire Michael Morpurgo : quel que soit le titre, c’est toujours bien !

Michael Morpurgo sur Tête de lecture

Seul sur la mer immense

Michael Murpurgo traduit de l’anglais par Diane Ménard
Gallimard Jeunesse, 2008
ISBN : 978-2-07-061075-4 – 294 pages – 14.90 €

Alone on a Wide Wide Sea, parution en Grande Bretagne : 2006