Une vieille maison en plein coeur de Londres. Mrs Duck l’a divisée en appartements : elle au rez-de-chaussée, Larry Mann au second, petit vieux correct sous tout rapport, et au premier, une succession de jeunes filles, toutes Indiennes depuis que Larry habite la maison. Mais voilà que la nouvelle locataire est tout ce qu’il y a de plus Anglaise, étudiante de surcroît. La jeune Mandy ne sait pas où elle est tombée, ah ça non !
Elle devient aussitôt l’unique objet des pensées du vieux Larry, narrateur de cette histoire. Il est sûr de savoir qui elle est, ce qu’elle aime, ce qui la soucie ou lui manque. Il lui fait des petits cadeaux, lui rend des petites visites et lui range même son appartement que Mrs Duck visite aussi, histoire que tout reste bien dans l’ordre qui lui convient. Et il est exigeant Larry, il boude si la jeune fille ne vient pas le voir, il la culpabilise. C’est qu’il sait lui ce qui est bon pour Mandy, qui est son vrai et seul ami : lui. « Alors elle est peut-être ma récompense, mais moi je suis son salut. Ensemble, nous sommes absolument complémentaires. Et voilà pourquoi nous ne devrions jamais être séparés. Parce que c’est entièrement contre nature. » Alors quand un jour, Mandy reçoit un ami, un homme de plus du double de son âge, Larry s’inquiète, Larry voudrait lui faire comprendre qu’elle n’a pas besoin d’un tel homme dans sa vie puisqu’elle l’a, lui.
Ce « bon vieux Larry » devient rapidement terrifiant. Il voit et écoute tout ce qui se passe et interprète tout à sa façon. Il croit tout comprendre de la jeune fille, agence son monde tel qu’il le conçoit et cherche à l’encercler. Il est gluant de gentillesse et d’attention, sournois, d’une absolue mauvaise foi. Et plus la pauvre Mandy, compatissante et naïve, lui porte gentiment attention, plus son obsession augmente. Déçu par sa femme et sa fille qui toutes deux l’ont quitté depuis belle lurette, il reporte son affection maladive sur la jeune fille dont il fait un parangon de pureté.
Le personnage de Larry est vraiment très bien campé. Il est à lui tout seul l’intrigue de ce roman qui ne tient qu’en un long développement psychologique sous forme de monologues très angoissants. Ce type est dingue, cette pauvre fille ne s’en rend pas compte et le lecteur se demande comment tout ça va finir.
Si vous aimez les suspens psychologiques, ce roman est pour vous !
La locataire
Penelope Evans traduite de l’anglais par François Rosso
Pocket, 1997
ISBN : 2-266-07345-1 – 300 pages – 7 €
The Last Girl, première publication en Grande Bretagne : 1995