Toxic Planet de David Ratte

toxic-planet-couv« On vous l’avait bien dit ! A force de faire tourner les usines à fond et de polluer sans réfléchir, tout le monde est obligé de porter des masques à gaz. Et c’est pas prêt de s’arranger… Bienvenue sur Toxic Planet ! »

Eh oui, on y est arrivé, la Terre est fichue, mais il reste des hommes dessus, obligés de vivre en permanence avec un masque à gaz (les chiens aussi d’ailleurs). Sam et sa copine Daphné forment un petit couple sympa, genre « Un gars, une fille » et hébergent leur vieille mamie, qu’ils perdent à l’occasion dans l’appartement enfumé ou enferment dans le frigo les jours de canicule. C’est que Sam a été élevé par sa grand-mère, ses parents s’étant vu retirer sa garde suite à leur militantisme écologique.

Sam travaille dans une usine, forcément, où son collègue Tran essaie de sensibiliser le personnel aux dangers de la pollution et du bouleversement climatique (serait-il membre de l’infâme mouvement activiste « Flower Power » qui dégrade les bâtiments publics en y taguant des fleurs ?). Pluies acides, fonte de la banquise, restriction d’eau,  rien n’est épargné aux humains. Daphné, la sexy, voudrait réveiller la conscience écologique de Sam, mais il est pragmatique et préfère ne pas se poser de questions, c’est bien plus simple… Il est frustré aussi le pauvre, il aimerait bien draguer de temps en temps, mais comment faire avec un masque à gaz…

Mais le pire qui leur soit arrivé est sûrement le président des états mondiaux unifiés. Petit, prétentieux, mégalomane, il me fait penser à quelqu’un, c’est drôle…

Et sa visite dégustation au salon de l’agriculture transgénique ne lui vaut que vingt-cinq jours de coma, les plus méchants sont les plus résistants, c’est bien connu…

Trois tomes sortis, toujours meilleurs. Des gags d’une page ou une demi page, absolument drôles et pessimistes, toujours hilarants. Parfois cyniques aussi, comme la découverte d’un virus efficace qui permet aux malades de mourir en une semaine au lieu de trois, « je vous dis pas les économies ». C’est que tout devient difficile dans ce monde surpollué : planter son parasol à la plage sans percer un pipeline ou se griser d’odeurs de baleines en décomposition, aller à la piscine sans être rongé par le chlore et les antibactériens, jouer au foot (à cause de la fumée sur les stades), ou bien s’embrasser, tout simplement s’embrasser…

Au lieu de nous faire pleurer sur l’état de la planète, David Ratte a décidé de nous faire rire. La construction en sketches forme quand même un tout, avec des protagonistes récurrents qui font comme ils peuvent dans cette atmosphère de fin du monde. Dans le troisième opus, c’est Orchidéa, la petite sœur de Sam qui tient la vedette, elle a du caractère la gamine ! Et l’éternel président qui décide de déclencher une guerre contre le Kakaweit, à coups d’attentats fictifs à mourir de rire.

Sur le mode humoristique, tout le monde en prend pour son grade : dirigeants, écologistes radicaux, agriculteurs, industriels pollueurs et indifférents de tout poil. C’est drôle, intelligent et en plus, c’est beau. A dominante verdâtres et brunes, forcement, les couleurs sont lumineuses, le trait précis et la fumée, omniprésente…

Lisez Toxic Planet c’est drôle, très drôle, et ça n’empêche pas de réfléchir à la responsabilité de chacun dans le marasme ambiant.

Tome 1 : Milieu naturel, 2006, Paquet
Tome 2 : Espèce menacée, 2007, Paquet
Tome 3 : Retour de flamme, 2008, Paquet