Six Feet Under : bienvenue dans la famille Fisher, croque-morts de père en fils. Le père mourant dans l’épisode pilote, ce sont les fils qui vont devoir se débrouiller avec l’entreprise familiale.
Pour Dave (Michael C. Hall – « Dexter« ) qui n’a jamais rien fait d’autre, c’est simple, mais pour Nate (Peter Krause – « The Lost Room« ), le beau gosse qui profite de la vie loin du nid étouffant, c’est autre chose. Il rentre en Californie et va devoir se mettre au boulot, pas simple. Mais de toute façon, rien n’est simple chez les Fisher. La cadette, Claire (Lauren Ambrose), est une jeune fille à part que le métier de ses parents met en marge de ses camarades. Elle est secrète, renfermée, limite asociale. Son premier amour, Gabe (Eric Balfour), est plutôt mal choisi : petit dealer, tête de con, il se joue d’elle et de son attachement. Ruth (Frances Conroy), la mère, a l’air tout ce qu’il y a de plus respectable : la messe le dimanche, ballerines-chaussettes et chemisiers top ringards boutonnées jusqu’au kiki. Oui mais voilà, elle apprend à ses enfants qu’un an avant la mort de son mari, elle avait déjà un amant, son coiffeur (Ed Begley Jr.). Et pour bien faire, elle veut travailler, voir si l’air est meilleur loin des cercueils. Moins fier, Dave ne parvient pas à avouer aux autres qu’il est homosexuel. Malgré une relation épanouissante avec Keith (Matthew St Patrick), le superbe flic noir taillé comme une armoire et aussi apaisant que bienveillant, il n’arrive pas à s’accepter et ne tarde pas à péter les plombs en multipliant les relations d’un jour. On pourrait croire que pour Nate, beau comme un dieu, tout est plus simple. Erreur car le malheureux est tombé sur la fille la plus compliquée qui soit, Brenda (Rachel Griffiths). Fille ultra brillante de parents psychanalystes, elle ne se sort pas de la relation très fusionnelle avec son frère Billy (Jeremy Sisto), une gueule d’ange mais un taré puissance dix.
Les thèmes principaux de Six Feet Under : le sexe et la mort. Comment, quand on est dans la mort depuis des générations, peut-on envisager la vie comme les autres ? Ils ont tous vécu dans une ambiance feutrée, austère, toujours en retenue car les expositions de défunts se font dans leur propre maison. Toujours à respecter, à ne pas froisser les familles… frustrations et refoulements assurés, crises prévisibles en cas de difficultés. A ne pas vivre sa vie mais la mort des autres, on en vient à ne plus être au monde, à se mettre en marge. La sexualité est aussi au coeur des épisodes avec Dave l’homosexuel, Ruth, la mère, la soixantaine bien tassée qui multiplie les conquêtes après la mort de son mari, Claire qui ne se livre pas aux relations d’une nuit comme son amie Parker.
Tout ce beau monde a des hallucinations : les morts leur parlent, Nathanael Fisher Sr au début très souvent, mais aussi ceux dont ils s’occupent qui les poussent à s’interroger et à se remettre en cause.
Alors attention : humour très noir en perspective. L’épisode pilote donne bien le ton, avec des flashs publicitaires pour pompes funèbres vraiment hilarants, qui malheureusement ne continuent pas ensuite. Chaque épisode de Six Feet Under commence pas le décès d’une personne dont les Fisher vont devoir s’occuper ensuite. C’est parfois très drôle (comme avec la star de films pornos), cocasse (cf. le boulanger broyé par les pales de son pétrin mécanique) et parfois absolument tragique (notamment l’épisode qui débute par la mort subite d’un nourrisson). Chaque décès amène les protagonistes à s’interroger sur eux-mêmes, parfois beaucoup plus personnellement qu’ils ne le souhaiteraient (cf. l’épisode où le mort est un jeune homosexuel tabassé dans la rue).
Mais il n’y a pas que ça. Notamment à travers les personnages de Dave, Claire et les parents de Brenda, Six Feet Under interroge la société américaine, son système éducatif, son intolérance, sa religion. Quelle terrible scène que celle où, lors des funérailles du jeune homosexuel tabassé, des manifestants brandissent des pancartes « Gods Wrath on Fags » (la colère de Dieu sur les pédés) ! Ils vont tous à l’église, même si, pour certains, il s’agit plus de sauver les apparences.
Quelques mots sur les acteurs qui sont absolument excellents. Au début, c’était incontestablement Nate mon préféré, le beau Nate, cool, simple, sympa. Il arrive, il est là, il est beau. C’est bien. Mais Dave a un rôle beaucoup plus riche et complexe et a pris peu à peu l’ascendant sur Nate. Il est torturé Dave, il en fait trop. Il voudrait trouver sa place dans la société mais il veut aussi assumer son homosexualité. Peu à peu, Dave n’est plus le personnage bien poli et cravaté du début, il prend énormément d’ampleur grâce à un Michael C. Hall tout à fait remarquable.
J’aime aussi beaucoup le personnage de Ruth, la mère qui commence par être une coincée de première puis se libère et se dévoile peu à peu. Elle est drôle parce qu’elle reste prisonnière de ses principes alors que ses désirs la poussent vers la transgression. Alors qu’elle a toujours été mère avant tout, elle se revendique femme, et la voilà assaillie par les faveurs de deux hommes, au demeurant très différents. Brenda m’énerve passablement mais son frère me plaît bien, complètement allumé, beau et dangereux, beaucoup de potentiel ! Quant à Claire, c’est une très jolie rousse au visage
très expressif, souvent dubitatif et ses mimiques sont craquantes. Et j’aime bien Rico aussi, l’employé des Fisher : pas de prise de tête, s’il y en a un qui a l’air sain dans cette série, c’est bien lui !
Bon allez, vous en prenez pour 5 saisons, 63 épisodes diffusés entre 2001 et 2005 aux Etats-Unis.