Bellano, un petit village au bord du lac de Côme pendant les années 30. Le fascisme en toile de fond, mais surtout son curé, son médecin et ses carabiniers, dont le capitaine Ernest Maccádo, plutôt débonnaire, a beaucoup à faire avec ses adolescents toujours prêts à battre la campagne et à troubler l’ordre public.
La vie de ce village tranquille est mise en émoi par la mort subite, quoique prévisible (elle a quatre-vingt-treize ans) de la veuve Fioravanti. Aurait-elle été empoisonnée par le pigeon apporté par la bonne du curé qui le tient d’Anselmo Crociati, piètre chasseur depuis qu’il a perdu l’œil droit, mais qui a fait mouche cette fois parce que quatre têtes brûlées ont empoisonné les pigeons qui gênaient madame Luigina dans son travail quotidien de prostituée ? Est-ce Eufrasia Sofistrá, elle qui lit dans les lignes de la main, qui va pouvoir démêler tout ça ? Est-elle vraiment la sœur ressuscitée de Dilenia Settembrelli, épouse du podestat Ermete Bonaccorsi dont le mariage a été pourri par cette réincarnation ?
Les destins de tous ces villageois et de bien d’autres se croisent, les épisodes souvent comiques, parfois tragiques de leur vie se racontent avec une légèreté qui fait sourire du début à la fin. Andrea Vitali est originaire de ce petit village typique, entre lac et montagnes et le moins qu’on puisse dire est qu’il insuffle à ses personnages une vitalité et une truculence tout à fait italiennes. Les anecdotes se succèdent et le lecteur est là, sur la place Tomasso Grossi, dans ses cafés, derrière ses persiennes. Et il se rend compte qu’il peut faire très froid sur les rives du lac de Côme en hiver et qu’aujourd’hui, ce village et ses semblables ont bien changé en raison du tourisme de masse. Boutiques de souvenirs, restaurants plus ou moins typiques et courses de catamarans sont désormais omniprésents, pour nous autres vacanciers.
Il reste cependant encore quelques endroits plus typiques au bord du lac, notamment ceux inaccessibles en voiture. Le petit village de Trezzone qui fut mon refuge pendant une semaine est encore préservé des dernières exigences du confort moderne : imaginez donc, des journées entières sans entendre le bruit d’un moteur ! Et c’est vrai aussi, pas d’internet, des ravitaillements qui se transforment en expéditions et des conversations de rues qui tiennent lieu d’animation quand justement, ça serait pile poil l’heure de la sieste !
Mais ce petit village niché tout en haut de la montagne a gardé quelque chose de médiéval avec ses rues alambiquées et ses toits de pierres. C’est réjouissant et authentique, même si je n’y passerais pas ma vie !
Avec les olives (qui ne sont pas celles auxquelles on pense en premier !), best seller en Italie, est un roman qui n’a d’autres prétentions que de faire revivre un petit village et ses habitants. Pas vraiment sur le mode burlesque de Don Camillo, mais plutôt comme une douce comédie au fil du temps, qui laisse entr’apercevoir les exigences du fascisme qui faisait partie de la vie quotidienne sans pour autant faire l’unanimité.
Avec les olives !
Andrea Vitali traduit de l’italien par Anaïs Bokobza
Buchet Chastel, 2009
ISBN : 978-2-283-02383-9 – 490 pages – 24,50 €
Olive comprese ! parution en Italie : 2006